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Je me réveillai au touché d'une douce caresse sur ma clavicule. Je fronçais les sourcils et chassai d'un geste cette gêne. Mais elle reprit juste sous mon nez. Douce et duveteuse. Un fourmillement me monta au nez. Je bougeai sous mes couvertures. Le fourmillement monta un peu plus. Un énorme éternuement m'échappa alors que j'ouvrais grands les yeux en me redressant. Un chat noir de la tête aux pieds, qui m'était monté sur la poitrine, feula et bondit en arrière. Je poussai un cri de surprise et rabattit les couvertures sur moi. Et presque simultanément, la douleur me tomba dessus. Mon cœur se serra. J'haletai devant sa virulence. Dormir m'avait fait oublier ma vie. Mais dès mon réveil, mon cerveau ne manquait pas de me le rappeler. Un jour. Cela faisait maintenant un peu plus d'un jour que mes trois amis étaient dans cette tour depuis que j'étais partie. Je pleurai doucement sans même m'en rendre compte. Mon regard brouillé se promena autour de moi. Dire que c'était ce décor là que j'avais vu pour la première fois juste avant d'aller me confier aux personnes que j'aimais. Le sol était toujours de marbre noir. Le lit à baldaquin dans les tons vers foncé. Les rideaux également. Ils cachaient deux grandes fenêtres, arrondies au bout. Un tapis était étalé devant le lit et je m'étonnai de ne pas avoir fait attention plus tôt à l'immense cheminée noire juste en face. Surprise, je battis des paupières. Non, je ne gagnerais pas le prix de la plus fine observatrice. Enfin, j'avais pourtant finement remarqué qu'était posé sur le bureau, le compas que je lui avais lancé au visage. J'injuriais mentalement ma tête de ne remarquer que des détails peu importants. Un miaulement attira mon attention. Je baissai les yeux sur mes mains. Le chat était revenu calmement et grimpait dans mes bras. Maladroite je le caressais, me sentant curieusement un peu plus apaisé. Son poil était si doux que je m'extasiais de ce toucher. Mais, ce moment ne dura guère longtemps. Très vite, je me rendis compte qu'il fallait que je me lève. Je ne pouvais pas rester dans ce lit jusqu'à la fin de mes jours. Non, je devais trouver la pierre me permettant de partir avant la prochaine lune de sang. Je n'avais aucune idée de comment Kallias allait me livrer à l'Alliance. Mais je ne prendrai pas le risque de ne rien faire, en partant du principe qu'ils ne pouvaient accéder à cette maison.

Je repoussai doucement le chat. Il sauta gracieusement du lit et miaula à mon intention comme pour m'indiquer de le suivre. Je me levai et tressaillit aussitôt de froid. J'hésitais a sortir à nouveau dans cette maison vêtu de mon pyjama. Puis je jetai un coup d'œil aux vêtement déposés par Kallias. Qu'est ce que cela me coûtait ? Je n'avais aucun but à attraper froid dans cette maison. Je sortit du bout des doigts, une chemise noire trois trop grande et un large pull de la même taille. Je les enfilais, ne me concentrant que sur la chaleur qu'ils me procurèrent immédiatement. Le chat miaula à nouveau avant de sauter sur la poignée. Sous mes yeux ébahis, il la fit tourner et s'engagea dans le couloir. Complètement dépassé, je suivis donc un chat que je n'avais jamais vu, qui m'ouvrait le chemin. Sûrement était ce le fameux colocataire dont avait parlé Kallias. Je me sentais presque mal à l'aise de voir combien tout avait l'air banal ici. Je croisai les bras et se faisant déclenchait un tout autre problème. Qu'est ce que cela me coûtait, m'étais je dit que de porter ces vêtements? Et bien maintenant je savais. Cela me coûtait de devoir me balader et vivre avec l'odeur de Kallias partout autour de moi. Je n'aurais put la décrire et je ne m'y aventurerais pas. Mais elle m'enveloppait et emplissait mes sens. Je m'ébrouais, suivant le chat alors qu'il miaula encore.

- Oui, oui, j'arrive, marmonnai je.

Alors qu'il me tournait a nouveau le dos, ses yeux me frappèrent. C'était exactement les mêmes que Kallias! Je m'arrêtai sur le pas de la porte de la bibliothèque. Était ce possible que ça soit lui ? Je plissai les yeux, détaillant le chat. Les mêmes yeux, la fourrure de la même couleur que ses cheveux... Je pénétrai à sa suite parmi les hautes étages de livres et les fenêtres imposantes. La lumière du matin inondait d'or tout ce qu'elle touchait. L'air qui y régnait était magique. L'espace d'une seconde, j'oubliais ma douleur et inspirai cette odeur de papier, d'ancien. Puis je reposais mes yeux sur le chat. De plus en plus méfiante, je le regardai de travers. Il s'approcha et se plaçant sur ses pattes arrière, vint poser ces pattes avant sur mes cuisses.

Les fiancés des ténèbres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant