Je courrais frénétiquement. Je percutais l'accoudoir d'un fauteuil et la douleur me fit à peine grimacer. Mon sang rugissait dans mes oreilles, mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je pouvais sentir mon assaillant se rapprocher. Sa présence m'écraser de plus en plus. Un bruit étrange fusa de ma bouche. La panique était étouffante. Ma main se fracassa avec l'énergie du désespoir sur le battant de la porte. Je me jetai dessus. J'eus tout juste le temps de la claquer qu'il s'abattît dessus. Je basculai tout mon poids pour l'empêcher d'entrer. Mes doigts fébriles trouvèrent le verrou et le tournait. La porte semblait se plier tant qu'il frappait dessus. Je continuai à me plaquer le long en pleurant.
- Ouvre, cria t'il.
- Alors je te laisse une semaine et voilà ce que ça donne, fit soudain une voix derrière moi.
Je hurlai de frayeur et me retournai. Trop occupée à retenir la porte je n'avais bien sûr pas regardé ma chambre. Ni senti sa présence. Son corps envahit mon espace et je laissai échapper un sanglot étouffé.
- Tu m'as manqué, mon ange...
Trois semaine plus tôt...
Je gravis pour la énièmes fois les marches du réfectoire. Arrivée en haut, je me penchai, essoufflée, pour poser ce qui devait être mon centième sac de riz. Je jetai un coup d'œil à l'horloge murale. Elle indiquait 11h45. Plus que cinq minutes pour terminer ma tâche: décharger les camions de provisions de la semaine et entreposer tous ces sacs de graines dans un coin du garde manger.
J'aperçu du coin de l'œil, Camille et ses amies qui mangeaient non loin de là. Elles me regardèrent et pouffèrent en cœur. Mon nom se chuchota sur leurs lèvres. Oui, ah ah ! Héra était encore punie. J'étais en transpiration et je n'allais sûrement pas avoir le temps de manger. Très drôle. Je leur adressai un geste obscène et m'en allait en souriant devant leur mines scandalisées. Je redescendis les marches et m'adossait contre le mur.
À l'orphelinat tout les jours se ressemblaient. On se levai aux premières lueurs de l'aube, allai en cours, accomplissai nos tâches puis nous nous recouchions sans que notre journée sorte un tant soit peu de l'ordinaire.
Grandir dans un orphelinat guidé par une horde de bonnes sœurs n'a rien de drôle, vous pouvez me croire. S'il y a bien des souvenirs que je peux chérir, aucuns ne me vient d'ici. Non, seuls ceux de ma vie avant comptent. Mes parents par exemple. J'avais encore quelques de souvenirs d'eux malgré mon jeune âge. La voix de ma mère lorsqu'elle me souhaitait bonne nuit résonnai toujours dans mes oreilles le soir. Et la barbe piquante de mon père quand il m'embrassai, m'accompagnerai chaque matin en cours. J'avais un frère aussi, plus jeune que moi: Doriant. Je me demandai souvent à quoi aurai ressemblai ma vie sans ce camion qui nous avait percuté. J'irai à l'école normalement, j'aurai reçu de l'affection. Ici, les cours été dispensés par des bonnes sœurs directement dans l'enceinte du bâtiment. Cet établissement était un lieu de rédemption pour certaines femmes qui venait y passer le reste de leur vie, en dédiant cette dernière au tout puissant. Et il était également l'endroit ou par bonté d'âme, les sœurs recueillait des enfants sans nul part où aller. Une action charitable certes, mais la froideur de ses lieux, donnait des enfants tout aussi glacials, sans aucun contact avec le monde extérieur et la rigueur de l'endroit, détruisait le moindre lien social stable qui aurait put avoir entre nous, enfants orphelins.
Nous vivions tous dans le même bâtiment. Deux dortoirs distincts par sexe et des salles de bains séparées. Mais les mêmes taches harassantes, les mêmes cours épuisant et stricts. Le même rythme de vie. Mais aucune entraide, aucun amour, ni aucune fraternité.
J'entendis au tournant du mur, le rire aiguë de Camille. Je grimaçais rien qu'à l'entendre. Autre chose qui aurait changé si ma vie n'avait pas basculé, peut être aurai je eus des amis. Si comptez qu'ici, nous pouvions avoir des amis, de petits groupes c'était tout de même formés. Et je ne faisais partir d'aucun d'entre eux. Camille s'en était assuré.
Voilà avant mon arrivé, Camille été la meilleure en tout. La plus belle, la plus intelligente et la plus aimée de notre directrice, en envisageant bien sûr que cette femme puisse avoir des sentiments. Elle aimait écraser les plus faibles et c était improvisée chef du dortoir où logeait les autres filles. Elle dirigeai tout. Elle c'était entourée des plus jolies filles, qui l'adulaient toutes et partait souvent en vadrouille tyranniser des petits. Lors de mon premier repas, elle c'était assise à mes côtés. Une fillette magnifique aux longs cheveux roux et aux immenses yeux verts. Ses paroles avaient été dures et méchantes. Elle avait jugé dès le premier regard que je serai une cible faible pour elle. A peine ses mots franchissaient sa bouche que je lui écrasais tout aussi amicalement mon gâteau sur la figure. Tous c'était arrêté de manger pour éclater de rire. Vous trouvez peut être ma réaction disproportionnée ? Mais le chagrin embrumait mon esprit et du haut de mes quatre ans je n'en avais que faire des formules et manières de politesse.
La sonnerie indiquant la fin de la pause me fit violemment sursauter. Et merde! Je n'avais pas fini de décharger ces foutus camions. J'allai devoir l'annoncer à ma directrice. Elle allait encore me hurlait dessus tout en me traitant d'incapable. Avec sûrement quelques punitions en prime.
M'occuper des camions été déjà une de ces sanctions car la veille une altercation avec Camille m'avais pousser à lui glisser une grenouille morte dans son lit. Mais qui aurai put prévoir qu'elle se mettrait à nous faire un opéra de hurlements? Dans mes calculs, personne n'aurai put prouver ma culpabilité, mais ses cris avaient attirés une sœur qui m'avait trouvée accroupie derrière mon lit en train de ricaner. Aussitôt conduite chez ma directrice, Mme Rivaze, je m'était retrouvée avec une punition de plus sur les bras. Comme si je n'en n'avais pas assez...Les sœurs qui nous faisait cours n'étaient pas particulièrement fan de moi. Mes notes et mes compétences étant au dessus de la moyenne, je jugeait depuis toute petite ces études inutiles. Je multipliai les retard, les absences, sans compter le nombre de fois où je m'endormai sur ma table.
Je croisai alors une des ces fameuses sœurs. Arrivée à mon niveau je pensais « tiens en parlant du loup... »
Elle ouvrit de grands yeux effarés avant de me regarder l'air dégoûtée et s'empressa de poursuivre son chemin. Je me rendis compte que je venais de parler à voix haute. Encore une de mes fâcheuses habitudes... Je ris alors que je la vis se signer en marmonnant des paroles. Sûrement chuchotait elle au bon Dieu de sauver mon âme de démon ou peut être le suppliai t'elle de me faire changer d'endroit.
Je poursuivis mon chemin, toujours hilare et arrivai devant le bureau de Mme Rivaze. Je frappai trois grands coups et poussai la porte. J'entrai sûre de moi. Mes premières visites dans ce bureau avaient peut être soulevé de la peur en moi, mais en quatorze ans ici, je n'avais plus que de l'indifférence. Mais mes trois premiers pas assurés dans son bureau furent ralentit et je me figeai aussitôt...
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Les fiancés des ténèbres
ParanormalÉtiquette de surdouée. Étiquette de folle dingue. Ça j'y étais habitué. Grandir dans un orphelinat perdu où les seules personnes que je côtoyais étaient des bonne sœurs et d'autre enfants qui m'ont toujours rejetés... La moindre occasion est bonne p...