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Prête ? Prête pour quoi ? Je fusillai du regard son dos alors qu'il s'éloignait. Il s'engagea dans les escaliers, sans plus prononcer une parole. L'énergie qui circulait dans mes veines courrait toujours. Je n'étais plus amorphe ni lasse. En une paire de secondes je cédai à ma curiosité et me précipitai derrière lui.

- Eh, lançai je en le rattrapant en bas des escaliers. Tu peux m'expli...

Les mots moururent dans ma bouche. Il se tenait face à un mur blanc et exempt de toute décoration. Ce que je comprenais mieux maintenant. Sous mes yeux, le mur se brouilla et une porte apparut. Ma gorge se noua et je me fis violence pour ne pas reculer. Cela me rappelait bien trop l'ascenseur. Je me forçais à respirer normalement. Si une pièce se trouvait ici, cela devait sûrement être l'endroit où Kallias avait disparu l'autre jour. Cela expliquait pourquoi je ne l'avais pas trouvé. Mais il me surpris à nouveau en s'avançant pour toquer à cette porte. Mes sourcils s'arrondirent de surprise. Il continua à me tourner le dos. Une nervosité commençait à fourmiller sous ma peau.

- Qu'est ce qu'on fait, soufflai je au jeune homme devant moi.

- On attend qu'elle nous ouvre, me dit il calmement en se tournant vers moi.

- Mais qu...

D'un mouvement rapide, il leva sa main et écrasa le vestige d'une larme sur ma joue. Surprise, je me laissai faire avant de faire un brusque pas sur le côté. Mais il ne s'en rendit pas compte car au même moment la porte s'ouvrît en grand. Une immense chambre se dessinait devant nous. Kallias marmonna quelque chose dans sa barbe et fit un pas en avant. J'en fis autant, méfiante. Il faisait sombre et je ne pouvais voir grand chose. Un lit, d'immenses rayonnages de livres, des bibelots, un bureau. Un grand fauteuil dans le coin de la pièce. Et une forme sombre dedans.

- Il y a quelqu'un, murmurai je sidérée en me rapprochant de lui.

Je m'avançai dans l'embrasure de la porte, timidement. Kallias marche sûrement en direction du fauteuil. La silhouette noire se clarifia un peu plus. Je fis un pas supplémentaire. Était ce...

- Ah, jeune pignouf te voilà enfin, s'écria alors une vieille femme, se redressant d'un coup et en agitant un index réprobateur. Tu crois pouvoir ignorer ta chère grand mère éternellement.

D'un coup de maître elle fit tournoyer sa canne d'une main et lui frappa le bras.

- J'étais occupé, grand mère, répondit Kallias en se frottant le bras mais ne protestant pas.

Grand mère ? Sous mes yeux ébahis il lui glissa un baiser sur la joue en baissant les yeux. Il se recula adoptant une posture déférente. Je restai la comme un poteau, les bras ballants sans même prononcé un mot.

- Hum, tu es venue accompagné hein, fit soudain la vieille dame.

Je me secouais.

- Euh oui, bonjour... grand mère... je veux dire Madame.

- Approche, m'ordonna t'elle ensuite.

Je m'exécutai.

- Mmh, fit elle d'un air songeur.

Elle marmonna des mots sans aucun sens dans sa barbe. Je me trémoussais mal à l'aise. Je cherchais Kallias des yeux. Il me sourit et se recula un peu plus. Éberluée, mon regard allait de l'un à l'autre. Était il vraiment possible que sa grand mère soit là ? Il m'avait dit qu'il n'attendait que son ami...Doriant. Mais non, nous étions bel et bien quatre dans cette maison. Elle ne devait pas souvent sortir de cet endroit. La chambre était si vaste qu'elle devait à elle seule contenir la chambre où je dormais et la bibliothèque compris. D'ailleurs, elle semblait être conçue pour être ces deux pièces à la fois. Bafouillant, je regardai alternativement le jeune homme et la vieille femme.

Les fiancés des ténèbres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant