CHAPITRE 10

1.1K 33 51
                                    

Devon n'a jamais su ce qu'Aaron lui avait donné ce jour-là.

Elle n'a jamais su non plus ce qui l'avait poussé à l'aider, elle qu'il avait enlevé sans aucune pitié.

Elle n'a jamais vu ce regard protecteur qui avait été posé sur elle durant tout le reste du trajet. Elle n'a jamais rien vu.

Même Aaron n'a jamais compris sa réaction, de vouloir l'aider alors qu'il aurait simplement pu la laisser se torturer, la regarder s'étrangler inconsciemment.

Il n'avait pas hésité à lui donner ces amphétamines, lui ôtant cette douleur insupportable et la calmant pour de bon.

Mais depuis trois jours, il venait la voir toutes les heures, veillant à ce qu'elle aille bien, menotté à cette poutre au plafond, condamné à rester debout et encore endormie.

Il ne lui réservait pas le meilleur sort mais néanmoins, il veillait sur elle, veillant à ce qu'elle ne soit pas reprise d'une brusque attaque de panique.

Devon était dans un profond sommeil, elle ne sentait pas les chaînes de métal a ses poignets qui écorchaient sa peau, elle ne sentait pas non plus ses jambes s'écrouler sous son poids, entaillant ses pieds nus.

Elle ne sentait rien, comme si elle n'était plus en vie, qu'elle avait quitté ce monde d'Enfer pour un meilleur.

Lui, par contre, ressentait sa douleur, appliquant de la pommade sur son épiderme entaillé. Elle ne pouvait pas se fracasser contre le bitume de cette cave plongée dans l'obscurité totale, d'où les menottes reliées aux chaînes, elles-mêmes reliées à cette poutre de métal abîmée.

Elle n'avait eu le droit qu'à un ou deux verres d'eau depuis 3 jours et quelques biscuits qu'on lui enfournaient de force dans la bouche. Elle n'avait pas eu le droit a une douche également, ni de changer ses vêtements.

Car elle était droguée.

Mais elle n'avait pas conscience de cela ; car elle était dans un profond sommeil artificiel où elle se battait avec ses démons.

Droguée pour une durée de trois jours et ce jour-là était celui de son réveil, celui où elle constaterait que sa vie ne redeviendrait plus jamais la même, qu'elle allait plonger la tête la première dans ce monde que son père lui évitait tant.

Il la voyait s'agiter dans son sommeil, gémir, comme si le diable lui rendait visite.

C'était horrible. C'était horrible car il savait que malgré tous les cauchemars qui étouffaient l'esprit de Devon, le vrai enfer commencerait lorsqu'elle se réveillerait.

Sa vie allait devenir un enfer.

Les pieds dans une flaque d'eau boueuse, elle faisait peine à voir, pendue à cette poutre, même au plus grand mercenaire d'Amérique. Et pourtant, elle avait gardé son teint bronzé, ses lèvres pulpeuses et ses grands yeux verts, désormais dissimulés sous ses paupières bleutées.

Ses vêtements étaient déchirés, sales et pourtant, pourtant elle débordait d'une beauté divine. Elle avait gardé son visage angélique, ses traits fins mais elle avait perdu du poids.

Beaucoup trop de poids.

Mais elle restait somptueuse.

Comme un ange au milieu des ténèbres, comme une étoile orpheline au milieu de la nuit.

Elle éclairait la pièce par sa prestance.

Elle était un ange, lui était le diable.

Et quand le diable tombe amoureux de l'ange, ça ne peut être que destructeur.

RIVIERAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant