CHAPITRE 22

1.3K 32 22
                                    

-Il n'avait pas toujours les mots mais il avait les regards-

-Qu'est-ce que t'as fait...

Je suis là, pétrifié et les yeux grands ouverts alors que lui ne semble pas ébranlé le moins du monde. J'ai déjà vu Aaron avec les mains en sang, blessé, comme lorsqu'il a piqué sa crise il y a quelques jours mais là... C'est immonde. Ses phalanges sont déchiquetées, sa peau est déchirée et du sang coagule au niveau de ses articulations sans parler de sa chemise qui a atrocement virée au rouge.

Une soudaine envie de vomir me pousse à plaquer ma main contre ma bouche et à ouvrir rapidement la fenêtre. Ses mains sont... En lambeaux.

-Bah je lui ai réglé son compte ?

-Tu lui as... réglé son compte ? Je répète abasourdie, imprégnant ses paroles avant de lui lâcher un regard meurtrier devant son indifférence. Tu l'as tué !

-C'est pareil. Un hoquet d'indignation m'échappe mais les mots restent en travers de ma gorge. Il est si détendu, si détaché. Le visage fermé comme à son habitude, il démarre la voiture et c'est sans un mot que nous quittons le parking, Ethan et Josh à notre suite. On rentre à la maison.

Mais je ne peux détacher mon regard de ses mains, de sa chemise et même de son visage dans lequel on ne décèle aucune émotion. Il semble vide. Je pensais que sa jambe tressauterait comme il a l'habitude de faire quand il angoisse mais non, ses muscles sont tendus sous sa chemise, comme une carapace. L'a-t-il vraiment tué ?
Puis il passe une main dans ses cheveux avant de sortir une cigarette de sa portière qu'il allume d'une main.

Ok, il va mal.

-Est-ce-que ça va ? Aucune réponse de sa part, seule la fumée de sa cigarette qu'il expire lentement. Il ne veut pas me parler... Ok. Mais je vois que ses pensées commencent à l'étouffer alors malgré les minutes qui passent lentement, j'ai terriblement envie d'entendre sa voix. Parler aide souvent à se libérer pour certaines personnes. Tu veux parler ?

-Non.

-Je vois... Machinalement, je frotte le bout de mon nez avec mon index en dirigeant mon regard droit devant nous. Il est 01h27 ce qui veut dire que la journée n'est pas finie pour le mercenaire ; j'ai remarqué ses habitudes et notamment celles des garçons et j'ai pu observer que chez eux, la nuit ne commençait que vers 3h00 du matin.

Mais le silence devient trop pesant alors hésitante, j'allume la radio qui diffuse Corps d'Yseult et ça ne semble pas déranger le brun qui continue de tirer sur sa clope. Il fume beaucoup quand il a besoin d'éloigner ses problèmes. C'est cool qu'il ai trouvé une sorte de thérapie. J'ai moi-même essayé des thérapies mais... Il faut croire que la méditation n'était pas faite pour moi et les douches glacées ont rapidement pris le dessus. Mais je crois me souvenir qu'il fait de la boxe.

-Tu aimes bien la boxe, non ?

-Tu dis ça parce que mes poings sont défoncés. Oui.

-Non. Je hausse les épaules, sentant le temps d'une demi-seconde son regard sur moi. C'était une question comme ça.

-Ouais.

-Et qu'as-tu pensé de ma droite, alors ? Je demande ironiquement en espérant détendre l'atmosphère même si cela à l'effet escompté. Je tourne le regard au moment où tout son corps se tend et qu'il passe lentement une main sur sa mâchoire.

Il n'est pas content du tout, là.

-C'est bon relax, je rigolais. Au moins mes poings ne sont pas défoncés, je roule des yeux.

RIVIERAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant