- Je laisserai ma vie pour préserver la sienne.
L'ange est trop beau pour retourner en Enfer -« Alors arrête de me traiter comme tel... »
Merde, qu'est-ce que j'ai fait encore ?
-Est-ce que je peux m'asseoir ? Je relève la tête de mon assiette, tirée de mes pensées par cette voix rauque masculine à l'accent français prononcé. Un vieil homme se tient debout derrière la chaise où se tenait Devon avant que tout parte en couille par ma faute.
-Y'a marqué EHPAD sur ma gueule ? La place est prise, je crache en le dévisageant. Ce n'est pas parce que Devon n'est pas là que l'on peut prendre sa place ; elle va revenir.
-Pourtant je crois que votre ravissante compagne vous a faussée compagnie. Je souffle, l'homme plisse les yeux avec un petit air malicieux. Ma femme est probablement en ce moment même avec elle au toilettes.
-Qu'est-ce que vous me voulez ?
-Je peux m'asseoir ? Je tente de rester le plus impassible possible lorsque je regarde la chaise puis lui, avant de balayer l'air de la main. On choisit ses combats et me battre avec un retraité n'en fait pas partie. Alors il s'assoit en souriant, ajustant son espèce de casquette-béret sur sa tête. Que lui avez-vous dit pour qu'elle parte en furie comme ça ?
-Rien.
-Voyons, mon garçon... J'ai 80 ans, ne pense pas que je suis né de la dernière pluie.
Je ne dis rien, gardant tout mon agacement et ma frustration au fond de moi. Je suis supposé ne rien ressentir. Sans aucune exception. Et cette ravissante gamine me perturbe déjà assez pour ne pas avoir à supporter l'interrogatoire d'un vieux crouton.
Mais lorsque je sens un regard insistant sur moi, je soupire et croise celui du grand-père.-Dites-le moi.
-Je l'ai traité de gamine, je marmonne.
-C'est tout ?
En vue de la moue peu convaincu de l'homme en face de moi, je continue malgré moi :
-Et puis disons que je l'ai remis à sa place. Je ne peux pas dire que je suis son ravisseur et que j'ai atrocement envie de baiser cette otage. Qu'elle n'avait pas à se mêler de mes affaires.
-Vous avez été un abruti. Je hausse un sourcil devant cette agression vis-à-vis de mon égo. Mais le vieux sourit, je tente de me détendre et puis, lui casser la gueule serait très petit de ma part. Je ne suis pas tombé si bas. Vous voulez que je vous raconte une histoire ?
-Non merci, père castor.
-J'ai été amoureux d'une jeune femme pendant 10 ans. Je croyais avoir dit non ? Je roule des yeux en réajustant ma position, croisant les bras contre mon torse. Elle était mon tout, j'étais persuadé que vivre sans elle m'était impossible. Ça a été le coup de foudre, quelque chose de brutal, foudroyant, ça m'est simplement tombé dessus. Mais l'aimer m'était formellement interdit et vous savez pourquoi ?
-Non mais je suis sûr que vous allez me le dire, je réponds sarcastiquement.
Je n'aime pas que l'on vienne me déranger et puis merde, je n'ai plus 5 ans. Les histoires d'amour, très peu pour moi.
-Parce que mon travail me l'en empêchait. Pardon ? Je ne pouvais pas aimer cette femme et elle non plus. Alors j'ai tout fait pour renier mes sentiments, j'ai prétendu la haïr pour simplement que l'amour se fasse plus petit, plus discret. Je bois les paroles de cet homme, soudainement intrigué par la tournure de l'histoire. Je me sentais si bien dans la méchanceté que j'oubliais peu à peu qu'elle m'aimait et que je la blessais plus que tout. 10 ans de torture à être un monstre avec cette femme, cette ange tombée du ciel. Je l'ai détruite, réduite en cendre simplement pour qu'elle me déteste comme je la détestais de m'avoir fait tombé amoureux d'elle.
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RIVIERA
RomanceDevon Riviera Seule héritière du nom qui fait trembler l'Italie. Un empire de sang et de secrets, bâti par Giovanni Riviera, l'inégalé chef de la mafia. « Sans rancune, salope. » Aaron Devilers Mercenaire, insaisissable et redouté. Son nom est syno...