Chapitre 23 - Les catacombes

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Nous courons à pas de loup à travers le pont sous les yeux des autres marins. J'ignore s'ils sont au courant des règles à suivre, même Elliott semble perturbé par cette soudaine agitation. Il veut stopper Morgan, mais ce dernier cherche à tâtons la rambarde.

Mon Dieu, qu'est-ce qu'il a prévu ?

Ne pouvant pas élever la voix, le Capitaine balaie les éventuelles questions silencieuses de son second, il me tient toujours fermement par la main. Son regard passe de moi à un navire marchand en train d'être affrété au port. D'énormes cargaisons en bois sont collées les unes contre les autres.

D'ici, je peux voir qu'une d'elles est remplie d'édredons, de couvertures et autres linges luxueux. Morgan se tourne vers moi, il enroule son bras autour de ma taille et souffle contre mon visage :

— Ne hurle surtout pas.

Qu'est-ce que ?

— On se retrouve comme prévu, informe Morgan à Elliott.

Pourquoi j'ai l'impression que le Capitaine garde toujours une partie du plan uniquement pour lui pour prendre tous ses hommes, son second et moi-même au dépourvu ? Elliott gronde, en fronçant les sourcils. J'ai découvert qu'il avait une sainte horreur de me laisser seule avec Morgan. Surtout, après tout ce qui s'est déjà produit.

Il ressemble à un grand frère prévenant, je trouve ça touchant.

Mais l'émotion est de courte durée, je sens qu'on m'arrache du sol pour me jeter dans le vide. Un hoquet de surprise me bloque la gorge et par chance, mon cri ne résonne pas. Je tombe lourdement parmi un tas d'oreillers en plume, Morgan me tient fermement contre lui. Du duvet s'échappe des tissus et me chatouille les narines.

Je suis prête à pester contre cette folie qui ressemble bien au Capitaine quand il éclate de rire. Son nez fourré dans mon cou. Mon cœur fait un triple salto, je ne l'ai jamais entendu s'esclaffer ainsi.

— Tu aurais dû voir ta tête, se moque-t-il.

— Ce n'est pas drôle.

— J'adorais faire ça plus jeune.

De nouveau, je sens ma poitrine se serrer. J'ignorais que le Capitaine s'amusait à ce genre de chose. J'observe son profil, des plumes sont accrochées aux éternelles mèches sauvages qui tombent devant ses yeux. Ses traits sont fins, son teint hâlé fait ressortir ses grands yeux bleu roi. Il me paraît si jeune tout à coup.

À l'extérieur de la cargaison, j'entends des voix s'élever, des gens courir au pas de charge. Nous sommes faits comme des rats. Morgan tend l'oreille, il ne semble pas inquiet de cette soudaine urgence.

— Des pirates !

Je me fige, souhaitant me faire avaler par les édredons autour de nous. Nous restons immobiles un moment, c'est quand même grotesque d'avoir sacrifié tant de choses et de temps pour se faire prendre aux portes de Findar.

Les sifflements semblent s'éloigner, les hurlements aussi. Je distingue des bruits, mais personne ne s'arrête près de notre cargaison. Morgan se redresse, balayant une plume de son nez, il jette un coup d'œil dehors avant de me tendre la main.

Je me relève à mon tour. De l'autre côté de la rive, on voit distinctement La Chimère et leurs pirates se battre contre des gardes royaux.

— Qu'est-ce que ?

Morgan ne me répond pas, il profite de l'animation pour sauter hors de la cargaison, je suis le même chemin, rabattant la capuche de mon manteau sur mon visage.

Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant