Chapitre 35 - Nibaël

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— Très bien, tu as compris les consignes ? demande Elliott en me tendant un tas de vêtements pliés.

Je hoche la tête et gonfle la poitrine. Basil arrive à ma droite et bien que je désire encore le gifler de toutes mes forces, nous échangeons une œillade entendue.

— J'aurais pû y aller avec l'un des miens, commente-t-il.

Et Elliott n'en pense pas moins, il a fallu des heures de négociations pour qu'il accepte de m'expliquer son plan et surtout que j'accompagne Basil.

— C'est ainsi, soupire le Timonier.

Il pose un dernier regard lourd de sous-entendus sur moi, il est encore contrarié que j'ai eu le dernier mot. Et je pense que la récente conversation sur l'envie de me battre lui trotte encore dans l'esprit.

"Tu ne toucheras à aucune arme" m'a-t-il rappelé à l'ordre en me fusillant du regard à l'image de mon père quand j'étais enfant. Sauf que personne ne pourra remplacer celui disparu et c'est de mon devoir d'apprendre à me défendre dans ce monde pour lui venir en aide.

— Dubh, Nika et Malo sont chacun situés à un point stratégique de la ville, ils surveillent vos arrières. N'attirez pas l'attention.

— Compte sur nous ! affirme Basil en plaquant sa main contre sa tempe tel un soldat entraîné.

Je roule des yeux en examinant la tenue que m'a donnée Elliott, j'espère que le plan fonctionnera. Nous n'avons pas énormément de cartes dans notre manche pour nous en sortir. Deux jours que nous restons sur le qui-vive, que les matelots - absents lors de l'attaque - font des rondes.

La garde royale fouillent les maisons, le théâtre a déjà été visité et j'ai cru que mon cœur allait lâcher si Basil n'avait pas insisté pour éviter le grenier infesté de rats et autres créatures dont j'ai oublié le nom.

Deux jours que nous mettons en place cet échappatoire et après avoir enfin mis la main sur notre complice, il ne nous reste plus qu'à prier pour qu'il accepte.

J'avale mes lèvres en détaillant le pantalon maculé de sang du Capitaine. Deux jours que Morgan récupère de sa blessure et dort profondément. À l'aube, ses cauchemars le hantent, sans pour autant l'extirper de son sommeil sans fin.

— On s'en va, Cameron ?

Je relève les yeux vers notre hôte, bien qu'une tension règne entre nous, il est mon seul espoir de nous en sortir.

— Oui, allons-y.

D'un pas que je veux sûr, je m'avance vers Elliott pour lui offrir un sourire.

— Nous serons rapidement de retour, le rassuré-je.

— Hum... Nibaël habite à l'autre bout de Celos, tout de même.

Je ne réponds rien à la remarque de Basil.

— Soyez prudents quand vous approcherez de la Mer de Cascades, le courant est rapide.

Je me demande à quoi ressemble ce lieu. S'agit-il de la jonction entre la terre de l'automne et du printemps ? Basil ouvre la marche, je place les vêtements de Morgan dans un sac en cuir qu'on m'a donné.

J'ai tenté d'éviter un maximum la besace de mon fiancé, l'Iris se veut insistant quand il le désire et sa voix me murmure toujours quelques mots à l'oreille, notamment la nuit.

Dehors, le soleil s'est couché depuis longtemps, il fait légèrement plus frais qu'en journée. Mais rien d'insupportable contrairement à la bise glaciale de Findar. Je tire sur les pans de ma cape, sentant ma perle rebondir sur mon grain de peau.

Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant