Chapitre 33 - La bibliothèque universelle

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Une odeur de vieux livres et de pin frais se dégage des lieux. Nous entrons par la lourde porte principale pour nous retrouver dans un salon d'accueil, aux teintes carmins et orangées.

Des sofas sont disposés de part et d'autre de la pièce, des tapis brodés par des milliards de fils à leurs pieds. La moquette moelleuse rougeâtre rappelle celle du théâtre. Un des pans de mur est recouvert de briques et donne un ton chaleureux à la pièce.

Plus loin un petit foyer crépite, il sert plus de décoration qu'à réchauffer la pièce.

Outre les senteurs, c'est le silence qui m'interpelle. J'ai l'impression que chaque respiration va déranger les visiteurs. Certains sont installés dans des divans confortables et feuillettent des livres.

Morgan me fait signe de le suivre dans un couloir, ici la tapisserie est verte comme une étendue d'herbe, et des branches d'arbres grimpent le long du mur. Les multiples boutures s'élèvent vers le plafond et le léger craquement que j'entends me fait penser qu'il est vivant.

Je lève la main pour effleurer l'écorce quand Morgan se plante dans mon dos.

— J'éviterais à ta place, me murmure-t-il.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Le plus vieux chêne de Celos, il est en sécurité ici.

Est-ce qu'il a élu domicile dans la bibliothèque ou a-t-elle été construite autour de lui ? Un gazouillement d'oiseau m'interrompt, il provient d'une des grandes salles sur notre droite. Je m'y aventure la première, ébahie de découvrir une volière au-dessus de ma tête. Les chants des petits mammifères résonnent dans la cage de verre. On aperçoit le ciel clair au loin, masqué par les divers branchages, feuilles et balançoires en bois.

Je distingue un rouge-gorge, il gonfle le torse et fredonne une douce mélodie. Je suis tellement obnubilée par ce qui se passe au niveau du plafond que je ne prends pas garde où je pose mes pieds et manque de me prendre une table en vieux bois massif dans la hanche.

Morgan me rattrape de justesse, en soupirant.

Je m'excuse en une grimace enfantine face aux personnes qui étaient en train d'étudier tranquillement, bercées par le chant des oiseaux. Nous regagnons le couloir, les lèvres pincées, un fou rire nous chatouillant la gorge.

— Fais attention, me conseille le Capitaine.

— C'est tellement beau !

Cette fois-ci il plaque un doigt contre ma bouche, le regard froncé. Après avoir parcouru des contrées sombres et terrifiantes, je suis heureuse de me retrouver dans un tel havre de paix.

— Pardonne-moi, juste c'est...

— Magnifique, je sais.

Il noue ses doigts avec les miens pour m'entraîner vers une autre salle. Nous gravissons des escaliers en bois brillants, mes yeux s'attardent sur tout ce qu'ils peuvent voir : lustres, tableaux, répliques du Renard de Feu, vases, plantes, arbres, animaux.

Mon cœur bat à mille à l'heure alors que nous avançons dans ces dédales de couloirs. Lorsque nous pénétrons une pièce si haute et si large que je crois ne pas en deviner la fin. Des pans de murs entiers sont décorés d'étagères allant du sol au plafond.

Des tranches de livres de multiples couleurs symbolisent des formes, un sapin, une noisette, le Renard de Feu.

Au-dessus de nos têtes, une immense fresque peinte à la main représente les aurores boréales, cette nuance de vert semble s'animer comme celles que nous avons croisées sur la traversée des Glaces Éternelles.

Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant