Je me réveille naturellement, la bouche pâteuse et les membres engourdis. Ce lit était beaucoup trop petit pour nous deux. Je me souviens avoir donné un coup à Morgan dans la nuit - journée, puisque nous sommes arrivés au petit matin.
Baillant à m'en décrocher la mâchoire, j'examine la pièce étriquée et le plafond qui va me dévorer tant il est proche.
Je suis seule. Le lit est froid et je n'ose pas imaginer la température de la pièce, je refuse de sortir le moindre centimètre de peau de la couverture. Le feu continue de crépiter et une douce odeur mentholée chatouille mes narines.
Je distingue un tas de vêtements que je n'avais pas aperçu en arrivant, posé sur le minuscule bureau. De toutes mes forces, je me redresse et frotte mes mains contre mon visage. Les derniers jours ont été intenses.
Un frisson me parcourt l'échine lorsque je remarque la baignoire pleine, des plantes de multiples couleurs flottant à la surface. Je reconnais sans mal la fameuse potion dans laquelle je dois m'immerger une dernière fois pour me défaire du sort de Cysara.
Son souvenir me file une soudaine nausée qui me tord l'estomac. Prise d'un élan de courage, je quitte mes draps pour aller lire le mot posé sur les habits. C'est écrit à la plume avec de belles lettres arrondies, je n'ai aucun doute sur celui qui a rédigé cette note.
Mes joues picotent quand je repense à notre échange, sur le pas de la porte, avant d'entrer dans le lit. J'ai frisé le ridicule, il peut bien faire ce qu'il désire avec Nerra, et toutes les femmes de ce Monde.
Je m'efforce de ne pas me souvenir de la chaleur de son corps, de l'empreinte de ses bras autour de ma taille et notamment de son odeur qui enivre encore mes narines.
Je plonge rapidement dans le bain, espérant que personne ne viendra me déranger pendant ma toilette et je laisse l'eau glisser sur ma peau. Depuis deux jours, c'est mon seul havre de paix. Mes pensées divaguent, je me remémore ce qui s'est produit depuis que nous sommes arrivés à Findar.
Mes yeux tombent sur la Marque d'Elmor incrustée dans ma paume, je jurerais qu'elle a encore grossi et je ne m'étonne finalement pas de voir apparaître un nouveau pétale. Mon cœur bondit dans ma poitrine, je ne devrais pas m'en réjouir.
Normalement, je devrais être en train d'échafauder un plan pour sortir d'ici. Je ne suis plus sur La Chimère, sa marque ne me fait plus autant souffrir.
J'ai, désormais, récupéré ma perle. Plus aucun obstacle n'est planté devant moi pour retrouver ma maison. L'idée que mon père puisse encore être ici se glisse néanmoins dans mon esprit. Comment faire pour démêler le vrai du faux ?
Peut-être aurais-je dû demander à la Hag de me guider vers un chemin pour le retrouver ? L'eau refroidit et me glace les sangs. Je quitte mon bain pour enfiler mes nouveaux vêtements, disposés contre le feu, ils sont juste tièdes et réchauffent ma peau. Je porte une longue robe doublée de duvet de canard, un chemisier en lin et par-dessus un épais chandail en laine.
Pendant que je m'attache les cheveux sur le sommet du crâne grâce à une belle pince en argent disposée avec les habits et brosse de mes doigts ma frange, je songe à ce que je devrais réellement faire.
J'aurais besoin d'en savoir plus sur les dons de voyance, peut-être qu'un être comme Ridma ou une sorcière de ce genre pourrait m'aider à trouver des réponses. Alors que j'enfile mon manteau, je sens la perle nacrée sous mes doigts.
Elle ne me brûle plus la peau, est-ce que j'aurais retrouvé toute ma pureté ? J'en doute, on finit toujours par s'assombrir, même un peu au cours des événements. Je l'enfile autour du cou, avant de rejoindre le charmant salon d'accueil.
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Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacrée
FantasyOh hey Moussaillon ! Etes-vous prêts à braver les dangers aux côtés de notre héroïne ? N'ayez pas peur, saisissez l'ancre ! Je vais vous conter l'histoire de Cameron, orpheline de père, enlevée un soir de pleine lune par la chimère, un navire maudit...