Chapitre 47 - Le Bal

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J'ouvre les volets en bois, un doux parfum de pain chaud vient aussitôt chatouiller mes narines. L'air du petit matin a gardé la fraîcheur de la nuit, le ciel encore rose embrasse la ligne de l'horizon. Le reflet des premiers rayons du soleil se dessinent sur l'eau, pour l'instant calme.

Elouan m'a confié que le peuple marin allait aussi célébrer les huit-cents ans de leur impératrice. Il n'y pas une seule mouette qui plonge à la surface, mais entre les coraux, au fond des abysses, on se prépare à la fête.

Une ambiance festive se dégage des rues qui s'éveillent, les gens chantent, des fleurs ont été disposées sur les balcons, les poignées de portes et les fenêtres durant la nuit. De multiples couleurs égayent le paysage, les plus pressés ont déjà enfilé leur tenue pour ce soir, arborant toutes sortes de fanfreluches : plumes roses, écailles étincelantes comme des arcs-en-ciel, queues de paon.

Penchée par-dessus la balustrade, au second étage, j'observe les Nixes parées d'une tenue semblable. Un soutien-gorge dont les bonnets sont deux énormes coquillages blanc nacré, et une longue jupe échancrée le long d'une jambe de la même teinte. Elles représentent la pureté de leur impératrice.

En détaillant ce beau monde, ces habitants qui échangent avec les Êtres aquatiques, j'ai du mal à les ranger du côté des méchants, elles ne m'aspirent pas la crainte. Au contraire, mon cœur se gonfle quand l'une d'elles se penche au-dessus d'une enfant pour récupérer sa couronne de marguerite fraîchement terminée.

— Tu sais que c'est mon perchoir préféré ?

Je pivote vers Elouan qui vient de pénétrer dans son appartement privé. Il nous a accueilli, Nika et moi, dès que nous avons quitté le quartier général. Il nous a cédé son grand lit à baldaquin et tout son confort.

Le soldat s'approche de moi, il apporte un plateau de petit-déjeuner copieux, jus de fruits, galettes sucrées et salées, viandes, fromages. Des chocolats en forme de cœur sont disposés contre une tasse de thé glacé.

— Tu as une super vue d'ici.

— J'aime tout ce que cette ville peut m'offrir, en plus d'un métier reconnaissant.

Elouan dépose sa planche à mes côtés, restant debout tandis que je m'assois plus confortablement sur la tablette de la fenêtre customisée en banquette. Je hoche la tête et me saisis d'un chocolat tout en buvant une gorgée de jus.

— Où est Nika ?

— Il avait envie de se baigner, déclaré-je.

Je pense qu'avec tout ce monde qui s'amène par dizaines de navires, barques ou même à la nage depuis hier soir, il espère peut-être retrouver sa mère. Tandis que je croque dans une galette, un morceau de pêche rôti s'échappe de mon plat.

Elouan amène délicatement ses doigts à mon visage et essuie le résidu de sucre. Je frisonne de la tête aux pieds.

— Tu es anxieuse pour ce soir ?

— Un peu, j'espère retrouver mon père.

Durant les quatre de la tête. J'ai patiemment attendu dans son logement, dormant, prenant des bains, lisant. Elouan était souvent absent pour ses rondes ou pour tenter de trouver une solution afin de rejoindre le carré d'or.

Il croise les mains dans son dos. Il m'offre un sourire rayonnant, le soleil fait pâle figure à côté de lui.

— J'ai trouvé quelque chose pour toi, pour retrouver ton père ce soir.

Mon cœur s'emballe, je me redresse la bouche ouverte alors que le reste de ma galette retombe dans l'assiette. Elouane ricane et dévoile, au creux de ses mains, une insigne. Une plaque en argent avec une couronne au centre de quatre continents. Elle est le liant entre chacun d'eux.

Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant