Chapitre 42 - La caisse de robes

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Nous parcourons les rues de Thera au pas de course, j'ai rapidement un point qui tiraille mon abdomen. Ils peuvent être partout, ici comme sous nos pieds et de ce que m'explique Morgan, il y a de nombreuses Lagunes comme celle que nous avons visitée hier soir.

Toutes les avenues se rejoignent par des ponts au-dessus du canal, nous les franchissons dans un sens, puis dans l'autre. Notre course est, par moment, ralentie par des troupes de gardes royaux. Ils font des rondes, toquant aux portes des chaumières comme ils l'ont fait sur le Lac.

— Ils sont quatre, désormais, note Morgan en nous faisant bifurquer de l'autre côté de la passerelle.

— Ce qui veut dire ?

— Qu'ils commencent à avoir des doutes, à la prochaine garde, il faudra prendre une décision, les attendre ou partir.

Je m'arrête, mes cheveux s'envolant sous la brise printanière. L'air est toujours si doux et agréable ici, dommage que l'ambiance, elle, soit pesante.

— Laquelle ? osé-je demander.

— Nous devrons partir sans Elliott et Nika. Je n'ai pas pu laisser de cocotte dans la cahute, s'ils ne nous rejoignent pas sur le navire marchand de seize heures, ils devront se débrouiller.

— On ne peut pas les attendre au port ?

Morgan secoue la tête, comprimant sa main dans la mienne.

— C'est trop dangereux, et Médusa pourrait changer de position. Nous avons déjà passé trop de temps sur Findar et Celos.

— Tu étais blessé, rétorqué-je.

J'observe sa démarche, bien qu'il se soit rétabli très rapidement, il n'en reste pas moins fragile, et nos différentes courses le fatiguent. Nous passons à travers la foule, nous nous aventurons dans des avenues marchandes. Toujours aucune trace d'Elliott, ni de Nika. Je commence à avoir un point de côté et dois ralentir le rythme.

Je détaille les fleurs du marché, les jardiniers les embellissent en les vaporisant d'un liquide brillant. Les pétales en ressortent plus beaux, plus éclatants de couleurs. Ils s'ouvrent pour accueillir le moindre rayon de lumière. Les insectes viennent butiner allégrement, les passantes hument leurs parfums.

Des herboristes font sécher leurs plantations sur des étales, le soleil brunit les tiges. Des fragrances plus fortes s'en dégagent. Ils promettent toutes sortes de guérison miracle, remplissant leur sac en papier de leur mélange aux couleurs ternes.

Des pots en terre cuite sont disposés sur une table. Un vendeur entièrement vêtu d'un habit vert pomme criard remonte un masque sur son nez avant de s'approcher de fleurs rouge vif.

— Ce sont des langues de feu, noté-je.

Morgan hoche la tête, il me répond d'un ton ferme.

— Ne respire pas, cette plante est hautement toxique.

Je retiens mon souffle, bloquant ma cage thoracique dans un mouvement peu naturel. L'homme en vert continue d'étaler ses différents pots et une intuition me murmure qu'aucun ne présente des vertus pour la santé.

L'odeur sucrée des tulipes vacillantes près de mon visage m'arrache une grimace. Nous continuons de progresser dans ce paysage haut en couleurs. Nous passons sous une arche d'acier recouverte d'une part de roses roses et d'autre part de roses rouges.

Celles au-dessus de mon crâne et celle ancrée dans ma main sont semblables, fournies, denses en pétales.

— Tout le monde ici adore les fleurs, commente Morgan en les scrutant à son tour.

Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant