Chapitre 26 - L'orphelinat de Lerabelle

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— Et voici ta chambre pour cette nuit.

J'ouvre la porte et tombe sur une petite pièce, une duveteuse moquette au sol de couleur bleu m'accueille ainsi qu'un grand lit à la couette moelleuse dans laquelle je rêve de m'enrouler entourée d'un cadre en bois massif.

Comme une enfant, j'ai envie de sauter dessus à pieds joints. Mais je m'abstiens en compagnie de sœur Liala qui m'a déjà beaucoup aidé depuis notre arrivée.

La gouvernante, Lerabelle, est accompagnée par une dizaine de saintes, elles ont voué leur éternité à la garde des enfants abandonnés de Mithphia. J'ignore leur âge, mais elles semblent avoir tout connu en plusieurs siècles, notamment l'insolence du jeune Capitaine Morgan Krug.

— Si tu as froid, n'hésite pas à nous demander une couverture en plus.

Je hoche la tête alors qu'elle se retire pour me laisser me changer, mes vêtements sont humides à cause du temps et cette chemise en lin ainsi que ce pantalon de velours posé sur mon lit paraissent bien plus confortables.

Ma chevelure me remercie de la libérer de la barrette et je prends le temps de la détailler. Je songe aux paroles de Nerra. Morgan n'offre rien à personne. Peut-être que c'était uniquement pour le jeu de rôle.

En tenue plus décontractée, les cheveux en bataille retombant sur ma poitrine, je quitte ma chambre pourtant si chaleureuse.

Depuis que nous sommes arrivés, l'esprit enfin reposé, je ne pense plus qu'à mes parents. Ce lieu est fort en émotion et beaucoup d'enfants pleurent lorsqu'il est temps d'aller se coucher, tout seul.

Mon père me racontait des histoires chaque soir, aucune ne ressemblait à celle de la veille. Il avait une imagination débordante, peut-être était-il déjà venu ici ? L'idée m'arrache un sourire, c'est grotesque.

Qu'importe les obstacles, je veux savoir coûte que coûte ce qui lui est arrivé et pour cela j'ai besoin de parler à Elliott, en tête à tête. Sans Morgan, il me protégerait, peut-être trop, il pourrait très bien m'empêcher de mener mon enquête.

Je croise une sœur, vêtue de leur robe blanche à capuche, elle m'informe que le Timonier est actuellement en train de conter des histoires aux enfants dans la bibliothèque. Je m'y rends le cœur battant, priant pour qu'il ait des informations sur mon père.

Après avoir traversé plusieurs couloirs, m'être perdue entre deux tableaux représentants des dessins d'enfants, je pénètre enfin dans la pièce. À peine ai-je mis un pied à l'intérieur que je suis subjuguée par la hauteur sous plafond.

Des bibliothèques chargées de livres de toutes tailles et couleurs s'étirent sur les murs, du sol au plafond. Je dois me tordre le cou pour apercevoir les collections du haut. Mes orteils se recroquevillent dans mes chaussettes en sentant la douceur de l'épaisse moquette.

Des fauteuils en tissu vert d'eau sont disposés un peu partout, deux d'entre eux trônent devant une cheminée. Elle est construite dans de la brique rougeâtre et les braises crépitent joyeusement. C'est la seule source de lumière. Au travers des fenêtres aussi grandes que la pièce, il fait nuit noire.

Je frissonne de plaisir d'être bien au chaud et pas dehors en train d'essayer de fuir comme la veille.

— Encore une s'il te plait ! pleurniche un petit garçon en tirant sur le bras d'Elliott.

Il le prend dans ses bras pour le consoler et l'effet est immédiat. L'enfant repart à contre-coeur plus loin, tandis qu'une sœur l'appelle pour rejoindre son lit.

Le Timonier m'aperçoit enfin et me fait signe de le rejoindre sur un des sofas. Je m'installe en tailleur en face de lui alors qu'il étire son bras le long du dossier.

Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant