— Putain, putain, putain, putain !
Je donne un coup de pied dans le buisson asséché devant moi et ramène mon regard vers le corps inerte gisant à moins de cinq mètres de là. Je ne voulais pas me retrouver seule avec ce groupe composé de Mikhail, Okan et Thalia, mené par Tuncay. J'avais raison de me méfier d'eux. De demander à ce que Bayram intègre notre groupe. De marcher lentement pour être la dernière de la file, afin de pouvoir garder un œil sur les ombres.
Tuncay a les cheveux noir, couleur propre de leur famille, et quelques mèches grisés, conséquences de sa longévité. Mais contrairement à Mayra, qui est plus autoritaire ou Berkan plus effrayant, Tuncay, donne l'impression de se foutre de tout ce qu'il y a autour de lui. Comme à cet instant, où tout ce qui le préoccupe est le lacet de sa chaussure, défait.
— Vous avez un putain de problème ! m'écriais-je en passant une main dans mes cheveux.
— Eh, blondie.
— Toi, ne me touche pas !
Je repousse la main qu'Okan a posé sur mon épaule et m'éloigne de lui. Et de tout ce qui se nomme Reyes dans un rayon de vingt mètres. Bayram, assis sur un rocher, n'est nullement préoccupé par la personne gisante, et son indifférence quant à la situation me choque, m'énerve. Pourquoi toute cette connerie ne les atteint pas ? Pourquoi leur est-il si facile d'ignorer que du sang ne cesse de s'écouler de son ventre ? Pourquoi ils se regardent comme si la mort de tous les autres rendrait leur vie bien meilleure ? Sur quelle catégorie de taré suis-je tombée ?
— Très bien, mais ferme là, tu me casses les oreilles, rétorque le frère de Bayram.
Il est plus jeune que moi d'un an, je le sais de par les débris de conversation que j'ai entendu dans le jet. Okan a vingt et un an, et le regard d'un homme qui veut priver les autres de souffler leur prochaine bougie. L'esprit d'un meurtrier.
— Quelle putain d'emmerde, craché-je en faisant les cent pas.
— Elle respire encore, détends-toi, ricane Mikail en essuyant le canif d'Okan qu'il avait volé quelques minutes plus tôt.
Canif qui a transpercé Thalia au flanc et l'a fait chuter dans une crevasse en contrebas, d'où son corps gît, inconscient, depuis plus de vingt minutes. Tuncay l'a rejoint en bas et a stoppé son saignement avec un t-shirt de rechange, avant de remonter et reprendre la carte comme si sa fille n'était pas inanimée, dans un trou.
— On doit continuer. Il est presque 19h, fit-il en regardant sa montre puis la carte.
Nous avons traversé des rivières, des canyons, grimper en haut des falaises, isolés des deux autres groupes. On a fait la randonnée comme indiqué par le guide, et sur chaque chemin que nous prenions il y avait toujours des altercations entre les enfants Reyes.
— Vos putains de neveu se font une purge, dont votre fille a finit inconsciente, et vous vous préoccupez de la putain d'heure ? grinçais-je en le fusillant du regard.
C'est totalement insensé. Sont-ils réellement famille ? Pourquoi j'ai l'impression d'être la seule à trouver tout ça anormal ? Pourquoi je sens que le bordel qu'il y a entre eux finira par m'achever ? Mikail a chouré la lame d'Okan pour la lui planter dans le dos, mais au dernier moment, il s'est décalé et Thalia, devant lui, se l'est prise violemment. Elle a aussitôt reculé et en voulant donner un coup de poing à Mikail, elle a glissé dans la crevasse.
— La purge c'est le bac à sable dans lequel on a grandi, beauté, articule Bayram dans son coin.
— Salopard, geint une voix enrouée.
Je pousse un soupire d'allégement quand Thalia se réveille, et reprend conscience petit à petit. Elle jure dans sa barbe, crache du sang et se relève difficilement en tenant sa blessure d'une main. Je ne peux pas la rejoindre en bas, je suis trop petite pour pouvoir remonter. Et je n'allais certainement pas demander de l'aide à ces dégénérés après ce qui vient de se passer. Quand elle essaie de remonter et sortir de la crevasse, je lui tend la main qu'elle refuse royalement en la balayant furieusement.
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ATTRACTION GAME | Tome 1 : Black & White
Action« On ne peut peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. Chacun a besoin de l'autre pour se révéler. » Aurore Swan, surnommé Or en référence à ses cheveux couleur blé, est une étudiante banale de 22 ans le jour. Et une délinquante casquée, r...