Chapitre 33 : Insurrection

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A U R O R E

— Tu repars demain ?

Je termine ma cigarette et enfonce le mégot dans le sable du cendrier sur pied à ma droite.

— Je n'ai que trois jours, informais-je en me penchant par-dessus le garde-fou pour mieux observer la soixantaine d'individus en dessous de nous.

Le hangar est immense et pourrait stocker facilement 12 avions. Le boss l'a fait construire au début pour créer le principal lieu de production de notre poudre mais le bâtiment est trop grand. Donc plus difficile à surveiller et plus facile à attaquer. Nous nous en servons désormais comme lieu de convocation lors des recrutements annuels et parfois de stockage pour nos cargaisons en surplus ou en attente d'expédition.

De ce fait, sur un tiers du hangar il y a des camions remplis à ras bord de cocaïne, quelques fourgonnettes chargées d'armes et une poignée de caisses de liasses de billets qui n'ont pas encore étés blanchis. Les deux autres tiers de cet espace sont occupés par les participants de l'épreuve de ce soir.

— Moi qui pensais prendre des vacances cette semaine en te rendant ton répertoire, souffle Luke en expirant sa fumée devant lui.

Nous étions tous les deux perchés à l'étage ouvert qui a été aménagé il y a deux ans. C'est généralement d'ici que les originaux et invités de marque du gang se placent pour regarder les différents évènements qui ont lieu dans ce hangar. On a une vue d'ensemble qui nous permet de voir la totalité des coins et recoins du bâtiment d'un simple balaiement du regard.

— Puisqu'on en parle, je peux savoir ce qui s'est passé avec Reese ?

— Qu'est ce qui te fait dire qu'il s'est passé quelque chose ?

J'avale les dernières gorgées de mon gobelet de tequila et me tourne vers Luke, son bras gauche dans un plâtre et un bel oeil au beurre noir.

— Cet enculé m'a bombardé de messages t'insultant, toi, ta mère et ta grand-mère réunis, fis-je en dressant trois de mes doigts devant moi.

Et encore, je lui épargne les mots que mon marchand a utilisé pour blasphémer les membres de sa famille, un à un, personnellement.

— Il refusait de m'accepter dans son club et de répondre à mes appels. Le seul moyen de le faire réagir c'était de faire intervenir le boss.

Je ne peux m'empêcher de grimacer. Parce que de toute ma carrière de cavalière je n'ai jamais fait intervenir Dyon entre moi et mes marchands parce que je suis leur intermédiaire, que le boss a d'autres conneries à gérer, et la plus évidente de toute :

— Reese craint Dyon.

— Tout le monde dans cette ville craint Dyon, qu'est ce que j'en ai à branler.

Exactement. Les marchands ne sont que rarement mis en contact avec le roi parce qu'ils le craignent non comme la peste, mais comme la mort. Et quand une personne croise la mort, elle a tendance à reculer et faire demi-tour. La chaîne alimentaire nous compte tous dans sa boucle, et tout comme une souris craint le serpent, les marchands craignent Dyon Fox.

— Je t'ai pourtant expliqué qu'il fallait y aller différemment avec lui.

— Ce n'est qu'un putain de branleur aigri. Tant qu'il me paye ma cam, je le laisse tranquille.

Je ricane parce que bien qu'il soit l'un des marchands moyennement rentables de mon répertoire, Reese est aussi celui qui demande sans cesse à repousser ses paiements. Luke n'étant pas mondialement connu pour sa patience a dû facilement céder et menacer d'une manière qui ne lui correspond qu'à lui.

ATTRACTION GAME | Tome 1 : Black & WhiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant