Chapitre 1 : Manhattan

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A U R O R E

J'esquive de justesse les bouteilles de bières qui volent près de mon visage, et attrape le crâne du videur avant de faire un mouvement brusque vers l'avant pour cogner mon front contre son nez. La douleur me lance aussitôt. Je ferme un œil pour me retenir de crier, glisse mes mains sur ses hanches pour le stabiliser devant moi et envoie un coup de genou en plein dans ses organes génitaux.

— Sale garce ! jure t-il en se tenant l'entrejambe, le nez déformé et ensanglanté.

Je lui lève mon majeur et attrape l'une des bières que j'éclate contre un poteau. Je brandis le côté brisé et donc coupant vers lui pour me protéger de toute approche qu'il oserait tenter.

— Il n'est pas là, rugit-il de nouveau.

Je soupire, penche la tête sur le côté et sort mon Beretta noir du holster accroché à ma cuisse. Immédiatement, le videur se plie en levant une main devant lui, montrant qu'il est prêt et surtout consentant -évidemment-, à coopérer.

— Allez, comme d'hab Tony, rappelais-je en montrant la porte du bout du flingue. Avec le sourire, hein ?

— Espèce de psychopa-

— Hm ? le coupais-je en retirant la sécurité de l'arme.

Il grimace, se racle la gorge, lutte pour se redresser correctement et m'ouvre la porte, sourire aux lèvres, en m'accueillant chaleureusement :

— Je suis comblé de joie de te revoir, Aurore. Bienvenue.

Je ris, lui fais un clin d'œil et une sorte de petite révérence pour le remercier de son hospitalité. En entrant dans le club, je ne m'étonne pas du peu de clients qu'il y a ce soir. Il n'y a en pas plus de dix à vue d'œil, ce qui est parfaitement normal pour un mardi soir. Les led rouges éclairent sombrement la piste de danse où juste trois stripteaseuses se déhanchent, sous les yeux d'une paire d'hommes bien trop âgés pour ce genre d'endroits si vous voulez mon avis.

En passant devant le comptoir, j'attrape de peu la bouteille de whisky presque vide dans la main du barman et le lui arrache avec un sourire innocent. Je range mon Beretta et ouvre la bouteille que je vide d'une traite. J'ai besoin d'être détendue pour la conversation qui va suivre et je n'ai que ça sous la main.

— Eh ça faisait longtemps, Reese ! T'as changé les rideaux, non ?

Mon arrivée interrompt instantanément la petite séance de pipe du patron du club. Et quand je dis petite, c'est petite. On se comprend ?

— Putain, c'est quoi cette merde, comment t'es rentrée, Swan ? grogne t-il en ramenant son penis dans son pantalon.

Je m'installe face à lui, balaie la dernière ligne de poudre sur la table d'un souffle, provoquant son énervement et ramène mes jambes sur le meuble, paresseusement.

— Tony était tellement heureux de me revoir qu'il m'a ouvert la porte lui-même, je te jure, expliquai-je en posant la bouteille sur la table, et une main sur mon cœur.

Les joues encore en feu et le regard rougis par la coke et la bouteille vide de bourbon sur la table, Reese, réarrange ses cheveux et remets correctement sa chemise, tandis qu'à ses pieds, la jeune femme remonte son soutien-gorge, et se glisse sur ses jambes discrètement.

— Tu en a blessé combien ? soupire-t-il en avalant le reste du liquide dans son verre.

— Avec Tony, trois, répondis-je sans trop réfléchir.

L'un des vigiles du club, que je reconnais grâce aux bleus sur sa mâchoire que j'ai gracieusement offert la semaine d'avant, s'approche à grands pas. Il se fige lorsque Reese lève sa main pour le stopper.

ATTRACTION GAME | Tome 1 : Black & WhiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant