Chapitre 32 : Sentence

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E L Y A S


— Tu le savais, Blake ?

Ce qui reste des derniers rayons de soleil de la journée s'éteint derrière la nuit tombée et nous plonge dans cette obscurité uniquement éclairée par les lumières des néons de la grande salle de réunion de la résidence des Reyes. La table rectangulaire, longue d'une quinzaine de mètres, est entourée des membres actifs de la famille royale des Noir.

Au bout, l'actuel empereur et ses enfants. Izel, Bayram et Okan. Suivis par la seconde branche, la troisième et cinq sièges vides pour la dernière branche, absente et isolée des activités du gang. De l'autre côté de la table, seul et reclu en face de Berkan, Blake, le fils héritier de celui qu'il fait face. Sa mère est levée derrière son père, à sa gauche. Mon père, en dévoué fou de l'empereur, est à sa droite. À mon image, à la droite de Blake. Nous n'avions pas le droit de nous asseoir sur les sièges. Seul ceux et celles ayant le sang pur des Noir ont leur place. Malgré ça, nous avions le privilège d'assister à leur réunion de famille, en récompense de notre éternel loyauté à leur généalogie.

— Tu le savais, rugit Mikail en bondissant de son siège.

Il s'approche de nous, fusille Blake du regard, qui l'ignore aussi nonchalamment qu'une moustique qui vient de lui sucer le sang. Il ne fixe que Berkan, parce qu'il ne s'adresse silencieusement qu'à celui capable de renverser la situation.

— Sa putain de possession est une Blanc ! tempête le fils de Mayra, le bout de son bras gauche couvert de bandages.

Il s'est rapidement habitué à sa vie de manchot. Enfin bon, dans cette famille, il faut s'adapter pour survivre, donc rien de très impressionnant. La tension est palpable, parce qu'après le départ des Blanc, et de ma frangine avec, Berkan a ordonné une rencontre et dévoilé par la même occasion l'identité de la blonde. Et depuis, tout ce qui se trouve dans cette pièce, sont des regards de haine et d'amertume envers Blake et moi, jugeant et nous imaginant crever dans la pire des douleurs.

— J'aurais dû la crever quand j'en avais l'occasion ! hurle Mikail en tapant du poing sur la table, devant Blake.

Je saisis en poigne la dague dans ma manche et l'éclate contre le dos de sa main droite, la plantant sur la table en céramique. J'ai relevé la tête et défié la fureur du fils de Mayra de face. J'ai regretté ne voir qu'une grimace de douleur sur son visage, parce que je voulais plus. Parce que je voulais lui faire lécher le sol. Je voulais qu'il cesse de parler d'elle. Parce que je suis son frère, et je me considère comme la seule personne en droit de lui faire mal. Personne d'autre n'aura le culot de toucher un seul de ses cheveux.

Je retire la dague, fusillant toujours Mikail du regard, quand Tahan, son grand frère, s'avance, aussi furax que lui, ou que tous les autres. Il me provoque, approche et nous nous retrouvons presque front contre front. Dans cette pièce il n'y a aucun camp, on roule tous pour la même couleur. Il n'y a qu'une seule et même haine, une loi, un sujet de conversation. Aurore est une Blanc.

— Cette foutue suceuse blonde. La prochaine fois qu'elle met les pieds ici, elle est mort-

Tahan ne termine pas sa phrase, parce que Blake a détourné le regard de Berkan pour le fixer lui. Il a ressenti le poids des pupilles de l'héritier et s'est tu soudainement. Il a ressenti la lourdeur de son silence et la puissance de ses gestes. Blake s'est levé de son siège et a fait un pas entre Tahan et moi.

— Blake.. commence Tahan en faisant un autre pas en arrière.

Je me suis replié, parce que lorsqu'il a cette expression, même moi je refuse de me retrouver près de lui. Je me suis reculé, et Blake a saisi Tahan par la nuque. Le sang dans cette famille c'est ce qu'il y a de plus présent. On roule pour ce sang, on vit pour sa présence. On est puni par le sang, la violence et la démence.

ATTRACTION GAME | Tome 1 : Black & WhiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant