Chapitre 31 : Amants

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A U R O R E

— Quand est-ce que ça s'est passé ?

Je m'écarte complètement de lui et croise mes bras sur ma poitrine.

— Pourquoi crois-tu que je te dois des explications, Blake ?

Il fait un pas en avant et son odeur vient m'hypnotiser. Je peine à m'avouer que j'ai aimé l'embrasser, même si c'est moi qui ai décidé de faire cesser notre liaison. J'ai adoré ses lèvres sur les miennes et c'est d'autant plus difficile à admettre qu'elles m'ont plus manqués que j'ai désirés celles de Drake.

— Parce que, si je n'ai aucune réponse, je sortirai de cette pièce, je t'enfermerai à clé. Et j'irai moi-même descendre cet enculé de mes deux.

Il y a quelque chose que je veux bien reconnaître chez lui. Contrairement aux autres, il a la capacité de pouvoir me faire changer d'humeur d'un instant à l'autre, rien qu'en prononçant une seule phrase. Souvent lorsque celle-ci prend pour sujet la mort de mon âme.

— Tu te surestimes énormément, persiflais-je.

— C'est toi qui sous-estime l'importance que je te portes, rétorque-t-il aussitôt.

Je cligne des yeux, déglutit et cesse de respirer une seconde. Juste une seconde. Ses yeux gris sont clairs, plus que d'habitude et me fixent sereinement. Il est tranquille, un peu enragé de connaître ma réponse mais j'ai comme la sensation qu'il essaie de faire l'effort de m'écouter. Qu'il essaie de me faire comprendre, ce que je vaux, à ses yeux.

— C'était avant que l'on ne se rencontre, soufflais-je, en détournant le regard.

Je ne sais pas pourquoi je me sens obligée de le dire. J'essaie de faire honneur à cette importance que je représente pour lui, en, disons, le rassurant ? sur ce qui s'est produit entre Drake et moi.

— Et depuis ?

— Quoi et depuis ?

Il approche encore et sa main passe naturellement sur ma hanche, et enlace ma taille, comme un serpent serrant sa proie entre ses écailles. Je dois consulter mon psy. Je dois mettre des mots sur la sensation de plaisir que je ressens rien que de me retrouver dans la même pièce que le fils de mon obsession vengeresse. Je ne peux pas aimer sa compagnie. Je ne peux pas aller contre nature.

— Depuis que tu es mienne, est-ce que tu as couché avec d'autres hommes ?

Sa voix est grave et ses pupilles dilatées. Je peux presque sentir la chaleur de ses doigts par-dessus mes vêtements. Sa barbe de trois jours le rend diablement séduisant et le revoir dans ce pénitencier, libérer Haley et l'imaginer lui faire ce qu'il me fait, me contrarie étrangement. Je serre les poings, me retenant de lui accorder autant de contact physique qu'il m'en donne et inspire.

— Je suis dans ta ville, tu sais très bien que personne n'aurait osé m'approcher. Pas après ta petite scène au club en tout cas, reprochais-je, amèrement.

Je me souviens de l'odeur âcre qui m'a pénétré les narines. De la chaleur de l'hémoglobine éclaboussant une partie de mon visage. Je me rappelle avoir vu le corps d'Owen chuter au sol mortellement et les gémissements et regards apeurés des clients ce soir-là. Si je n'avais jamais vu la mort de mes yeux, j'en aurai été traumatisé.

— Je n'aimes pas ça.

— Tu aimes peu de choses, de toute façon, Blake.

Il glisse sa tête dans mon cou, embrasse encore mon épaule, à l'endroit où il m'a mordu et referme ses bras autour de moi.

— Je n'aimes pas qu'il te touche, murmure-t-il.

Il embrasse ma mâchoire, et ma joue. Je plisse des lèvres pour m'empêcher de sourire car de toute évidence, son intérêt envers moi commence à peser lourd. Et à me plaire.

ATTRACTION GAME | Tome 1 : Black & WhiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant