Chapitre 46 : Ma fille

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— Qu'est ce que t'as foutu aux fauteuils, Reese ? m'étranglais-je en entrant dans le club. Je préférais les anciens.

Je marche par-dessus une traînée de sous-vêtements féminins, en direction de la table où nous avions l'habitude de nous rencontrer. Je termine ma cigarette et jette le mégot dans le cendrier sur la table devant moi. Le patron du club relève son pantalon lorsqu'il m'aperçoit et claque les fesses de la femme nue abaissé sur le ventre, au dossier d'un de ces étranges fauteuils vert vomi.

— T'as vraiment des goûts de merde.

— Swan ? T'es revenue, putain ?

— Non, je suis morte et mon fantôme a décidé de venir voir ta sale gueule avant de passer le tunnel, connard, à ton avis ?

Il a ricané à ma réponse, bien plus heureux de me revoir, sentiment non réciproque. Si cet enfoiré n'avait pas autant cherché Luke, je serais en train d'aider mes cousines à préparer les cadeaux des enfants de l'hôpital pour Noel. Mais je suis ici, à devoir le remettre sur le foutu bon chemin. Quelle grosse plaie.

— Parlons en justement, de mes putains de fauteuils. Le mal baisé qui te sers de remplaçant est venu foutre la merde dans mon salon sans raison et ses hommes ont mis le carnage. J'ai dû racheter tous les meubles en vitesse !

— Sans raison ? Pourtant, dans sa version t'aurais essayé de lui piquer un sac.

Reese s'est figé, et s'est raclé la gorge, le temps de s'en allumer une. Il a massé sa mâchoire innocemment et haussé les épaules, coupable. C'est ce qui rendait les échanges très compliqués avec cet homme. Il pensait avoir le droit de faire des choses que d'autres n'en sont permis simplement parce que nous travaillons ensemble depuis des années. S'il est encore en vie aujourd'hui, après tout le bordel qu'il a causé, c'est simplement parce qu'il fait partie de nos meilleurs vendeurs.

Il le sait et il croit davantage que Dyon lui accorde un traitement de faveur contrairement aux autres alors que s'il respire encore aujourd'hui c'est uniquement parce que je me tanne à régler ses merdes, pour le bien être personnel de mes commissions de vente. Si j'obéissais au boss, il serait mort et son club enterré.

— Argh. Tu sais comment sont les affaires. Je dois-

— Je sais surtout comment ça se passera si tu continues à emmerder les affaires de Dyon.

Il a vite fermé sa gueule, parce que le roi n'est pas connu pour sa grande patience. Y'a juste à me voir pour comprendre que son éducation n'implique pas de prendre de grandes inspirations pour se calmer, mais à frapper et frapper fort. C'est justement ce que je me retiens de faire en ce moment même. J'ai passé une semaine de merde, et il a fallut que je la termines avec ce chien de merde !

— Je ne suis que de passage en ville, je reprend les échanges pendant un mois, et je veux que lorsque Luke me remplacera de nouveau, tu le regardes, et lui parles comme s'il était ton putain de meilleur ami. Limpide ?

Il a grimacé et secoué sa main nerveuse dans ses cheveux. Reese déteste lorsque je lui donne des ordres. Parce que je suis plus jeune que lui, et surtout, suit une femme. Ça, pour les hommes, c'est une attaque à leur égo. Mais il sait comment se terminera le réveillon s'il ne me fournit aucune forme de coopération.

— Toujours la même garce, Swan, souffle-t-il en acquiesçant tout de même.

— Joyeux réveillon, enflure, pestais-je en faisant demi-tour.

J'ai quitté le club, jetant un dernier regard noir aux videurs, qui pensaient pouvoir m'intimider en bombant le torse fièrement. À peine ai-je mis le pied dehors que la brise hivernale m'a fouetté le visage. J'ai enfoncé mes mains dans les poches de mon blouson et j'ai rejoint le parking, où m'attendait patiemment mon cousin Alec.

ATTRACTION GAME | Tome 1 : Black & WhiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant