DAY BY DAY

Chapitre 2

Alisha

J'aime beaucoup mes cheveux, en prendre soin est une des choses que je préfère.

Mes cheveux sont long et crépus, au début je ne savais pas du tout comment les entretenir, il faut dire que ma mère ne m'a pas non plus apprit à le faire, elle non plus n'avait pas la méthode.Aujourd'hui j'ai ma petite routine qui ne leur fait que du bien et je suis heureuse de réussir à les entretenir.

En regardant mon reflet dans le miroir qui me fait face, je ne suis pas sûr d'apprécier ce que je vois. Les cernes noirs qui décorent mon visage ne me rendent pas grâce et mes yeux trahissent l'absence de sommeil dont est victime mon corps. Je m'applique donc à corriger tout cela en mettant une certaine quantité d'anti-cerne sur mon visage et en recourbant mes long cils avant d'y mettre mon combo de mascara. En vu de l'état de fatigue dans lequel je suis je m'applique a également mettre du mascara sur les cils du bas afin d'ouvrir mon regard.

Moins j'ai l'air fatiguée, moins elle me posera de question.

J'ai remarqué que Kendra passe un temps fou à observer mon visage lorsqu'elle vient me chercher le matin. Au début je n'y faisais pas vraiment attention puis j'ai fini par comprendre que lorsque je n'affichais pas de grand sourire elle était préoccupée toute la journée et n'avait de cesse de me demander comment j'allais a la moindre occasion.

Mais je ne mérite pas cet intérêt, ni même que l'on se préoccupe de savoir si je vais bien.

Je ne mérite pas d'aller bien.

Je ne mérite rien.

Je finis de me plaquer les cheveux en un chignon mi-soigné mi-désordonné et y laisse dépasser deux mèches bouclées sur les côtés de mon visage avant de rapidement préparer mon sac dans lequel je glisse mon ordinateur et une simple bouteille d'eau. Inutile de m'encombrer de manuels que je n'ouvrirais pas de la journée.

La fac ne m'apporte rien de bon, m'y rendre n'est qu'une angoisse de plus.

Je me force à y aller car c'est ce qu'elle aurait voulu, mais partout où je suis j'ai l'impression qu'elle y est également. Traverser les couloirs bondés me donne l'impression d'être épiée, je les entends chuchoter que c'est de ma faute, que tout est de ma faute. Et peut-être qu'ils disent vrai, non, ils disent vrai, et j'en ai conscience.

Serait-ce lâche de ma part de me contenter de ne plus y aller ? Ainsi peut-être que je me porterais mieux? Ou bien n'est-ce là qu'une excuse pour alléger ma conscience, si je ne les entends plus alors plus rien ne pourra me rappeler que je suis responsable de la peine de mes parents.

Mes parents. Le voilà mon rappel quotidien. Car eux, à travers leurs actes ne cesseront jamais de me rappeler que je suis responsable de leurs cœurs brisés.

Kendra ne va pas tarder à sonner à ma porte alors je me décide à descendre et passe par la cuisine pour mettre ma tasse dans le lave vaisselle. Lorsque j'arrive dans le corridor pour mettre mes chaussures, je me regarde dans le miroir et l'image qui se reflète dans le miroir me plaît. Je suis habillé et coiffé comme les jeunes femmes de mon âge, je n'ai pas l'air de quelqu'un qui ne dors plus. Mon short de sport gris s'arrête au milieu de mes cuisse laissant visible mes longues jambes et mon top blanc laisse lui apparaître la peau de mon ventre.

En me regardant vraiment, de façon plus profonde, je ne vois plus cette belle image que je renvoie, non, je ne vois que la menteuse que je suis. Je ne vois que la coupable, celle qui est pointée du doigt par ses parents et je ne sais qui d'autre parce qu'elle n'a rien fait pour l'aider.

Quand je me regarde comme ça, je prends conscience que peu importe les efforts que je ferai, ce sera toujours elle que je verrais, Alisha l'inconsciente, Alisha la coupable.