Alisha
Il m'a vraiment appelé. Il l'a réellement fait.
Ça fait un moment maintenant que personne ne se soucie réellement de moi. Peut-être avait-il simplement peur de la responsabilité qu'il aurait eu si il m'était vraiment arrivé quelque chose, mais la seule chose que mon cerveau retient est qu'il m'a vraiment appelé.
Je suis debout dans la cuisine depuis un bon quart d'heure et réfléchis à ce que je pourrais bien me cuisiner ce soir. Ma mère n'est pas là ce soir, elle ne me l'a pas dit, mais elle est rarement à la maison quand mon père ne l'est pas et ça ne me dérange pas. Je me sens moins mal à l'aise de ne pas lui parler quand elle n'est pas là que lorsque nous sommes sous le même toit.
C'est beaucoup plus facile avec mon père, on ne parle pas beaucoup c'est un fait, mais au moins il essaie, il n'arrête pas d'essayer et j'aimerais tellement réussir a lui rendre tout ce qu'il me donne. Mais je n'y arrive pas, je suis comme prisonnière de mon propre corps, il ne m'obéit pas. Mes bras ne l'enlacent pas comme j'aimerais qu'ils le fassent et ma bouche ne dit pas ce que j'aimerais qu'il entende.
J'ai vraiment faim.
Si il y a bien une chose que la mort ne m'a pas pris c'est mon appétit, elle l'a même amplifié, vraiment.
Au début je n'y voyais pas d'inconvénient, j'étais triste, j'avais conscience d'être triste mais j'avais conscience mais je n'arrive pas a me retenir d'y jeter un coup d'œil pour en être bien sûr.également conscience que le fait de manger plus n'amoindrirait pas cette peine. Et pourtant je l'ai fait, je me suis mise a manger dans l'espoir d'avaler ma peine au passage.
Je n'ai pas tout de suite vu l'impact que cela avait sur moi. Mais quand je l'ai remarqué je me suis privé de cela, cette nourriture qui me donnait l'impression que je finirais par ne faire qu'une bouchée de la peine qui ne cesse de me bouffer. J'ai essayé d'arrêter de manger, mais ça ne marche jamais très longtemps...
C'est un peu comme le sommeil, Je peux m'en passer pendant un certain temps, mais lorsque ça me rattrape je m'y perd, tout est multiplié fois mille, ma faim est énorme, et c'est le cas actuellement. Je meurs de faim.
Je me décide à abandonner mes idées culinaires et d'enfiler mes chaussures avant de grimper dans ma voiture pour me rendre sur la plage, il est bientôt dix-neuf heures, il ne doit pas y faire grand monde au Rooster. Je sais que Kendra n'y travaille pas ce soir alors je suis sur de ne pas tomber sur elle et la probabilité que quelqu'un d'autre que Kendra tente de me parler est très faible pour ne pas dire inexistante.
La brise présente en ce début de soirée me caresse le visage alors que je conduis en apportant une attention nouvelle au paysage que je connais pourtant comme ma poche. Mais ce soir, alors que je roule en direction de mon endroit préféré, le bruit des vagues que je peux entendre en fond me paraît différent de celui que j'ai pourtant souvent entendu. Je les entends ce soir malgré le bruit qui règne dans les maisons environnent mon quartier, on est vendredi, tout le monde organise des soirées. Mais ce soir les vagues semblent me parler, elles m'appellent.
Sans m'en rendre compte, j'arrive au Rooster et décide de commander à l'intérieur lorsque je vois la file assez conséquente pour les commandes au drive. Le Rooster est une sorte de bistrot avec une carte assez diversifiée. En règle générale je m'y serais installée et aurait commandé à manger à foison, mais ce n'est pas ce que je fais ce soir. Non, lorsque mon tour est venu de commander, je prends deux burgers à emporter, je les accompagne de frites et d'eau, et une fois ma commande réceptionnée je traverse la terrasse du restaurant qui s'étend sur la plage pour m'enfoncer dans celle-ci.
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DAY BY DAY
RomanceNous ne savons renoncer à rien, nous ne savons qu'échanger une chose contre une autre. C'est quelque chose qu'Alisha n'avait pas comprit avant qu'une autre âme ne vienne lui apprendre. Mais est-ce plus facile d'avancer une fois ce constat fait? Ne...