Chapitre 10

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Alisha

Tes clés sont dans ta boîte aux lettres.

Et c'est vrai, elles y étaient vraiment. J'ai reçu son message un petit moment après que Jordan soit parti et j'ai trouvé ma voiture garée devant mon portail. J'ai cru qu'il n'allait jamais partir et, je regrette que Wyatt n'ai pas sonné, pour me les donner en mains propres. Mais l'absence de réponse dont il a fait les frais après ses quelques appels et messages me pousse à penser qu'il a simplement laissé tomber.

Je le comprends. Moi aussi je me serais laissé.

Mon téléphone affiche deux heures trente trois quand je le regarde, ça fait des heures que je suis couché dans ce lit, à regarder le plafond. Parfois je pense, parfois je pleure et d'autre fois rien ne se passe.

Je me lève et essuie mes larmes avant de rejoindre les escaliers pour descendre à la cuisine. Sans vraiment avoir conscience de ce que je fais, je me prépare un gros bol de pop corn avant de rejoindre la salle de séjour et d'y allumer la télé. Quelque instant plus tard, le film Annie y est projeté et toute mauvaise pensée s'est envolée.

Je ne pense qu'à ses sourires, aux blagues qu'elle aimait faire et aux dix neuf années passées à ses côtés. Je regarde ce film et je la revoie le regarder au petit matin, la première fois que nous l'avons regardé, car elle pensait que je dormais et que je ne remarquais pas qu'elle était entrain de tout rattraper.

Les images défilent sur l'écran plat, et le film de notre vie commune me passe en mémoire en même temps. Je n'entends pas son rire ni sa voix mais je garde une image intacte de ses dents sorties lorsqu'elle m'a parlé de sa première fois ou quand elle m'a emmené conduire alors que je n'avais pas encore le permis.

Ma sœur me manque.

Elle me manque terriblement.

Quand le générique de fin commence j'hésite un instant à me lever pour retourner dans ma chambre mais à quoi bon? Je sais pertinemment que je ne dormirais pas.

J'ai déjà dormi, j'ai dormi ces deux derniers jours. C'était un sommeil entrecoupé de mauvais rêves et de réveille en sursaut réprimant en moi toute envie de comater malgré l'intense fatigue que je ressentais. Mais malgré toute ma bonne volonté je ne suis pas parvenue a rester éveiller pour échapper à mes cauchemars, alors j'ai beaucoup dormi. C'était une multitude de petites siestes qui se sont étalées sur deux jours et qui n'ont pas été aussi reposantes que l'aurait été une bonne nuit de sommeil, mais je rends ce que l'on accepte de me donner.

Alors je reste assise dans le salon, dans un silence que personne, si ce n'est moi, ne viendra perturber car personne n'est ici avec moi. Personne ne se soucie de moi.

Les heures passent et rien ne se passe, je reste assise sur mon canapé jusqu'à ce que je me décide à me lever, aux alentours de sept heures du matin, c'est normalement le moment où je vais courir. Aujourd'hui je ne me sens pas de quitter ma maison, alors au lieu de ça je monte à l'étage et me rend dans ma salle de bain afin d'y prendre une douche.

Quand j'en sors un quart d'heure plus les vibrations de mon téléphone me font traîner les pieds vers ma commode où il est posé dans le simple but de voir qui m'appelle sans répondre. Néanmoins quand je vois qui est à l'origine de cette appelle je m'empresse d'y répondre.

— Salut papa, je réponds d'une voix enjouée en me mettant face à la caméra.

— Bonjour chérie! Tu ne devrais pas être entrain de te préparer à cette heure-ci?

Le fait que je m'installe dans mon lit a dû lui mettre la puce à l'oreille sur mes projets de la journée...

— Alisha tu vas aller en cours n'est-ce pas? me demande-t-il après que j'ai détourné le regard pour ne pas répondre à la question précédente.

DAY BY DAYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant