DAY BY DAY

Chapitre 20

Alisha

Je sors de mon lit trempé de sueur et essoufflé pour rejoindre la cuisine et boire de l'eau. Quelques heures de sommeil et tout ce que j'y gagne, c'est ce satané cauchemar qui habite la majorité de mes nuits.

De l'eau. Toujours plus d'eau. Elle inonde chaque pièce de la maison jusqu'à me submerger moi aussi.

Toujours la même chose.

Je remonte dans ma chambre sans traîner et fait de mon mieux pour ne pas me concentrer sur mes mauvais souvenirs en ouvrant mon livre en cours pour poursuivre ma lecture.

Quelques heures, plus tard, je troque mon livre contre ma paire de basket et me laisse aller à courir en suivant mon chemin habituel en passant par la plage.

Quand j'y arrive, je suis habité par un sentiment nouveau, c'est la première fois que l'envie de me concentrer sur les vagues n'est pas présente, je ne veux pas me concentrer dessus simplement pour souffrir. Chaque fois que je me suis perdue à les regarder je n'ai fait que souffrir un peu plus, aujourd'hui, je n'en ai pas envie.

Je continue de courir en longeant la mer en me répétant que je ne suis pas obligée de m'arrêter, j'ai le droit de ne pas m'arrêter.

Depuis que Kelsy s'est noyée ici, je ne me suis jamais permis de passer ici sans m'arrêter là où ça s'est passé et de revivre la scène. Après tout, c'est de ma faute si elle n'est plus avec nous, je ne suis pas morte, mais je lui dois bien de ne rien oublier des quelques souvenir qu'il me reste de cette nuit-là.

Chaque jour que Dieu fait, je revis partiellement ce moment en me flagellant dans l'espoir de retrouver les petits morceaux qu'il me manque pour assembler toutes les pièces de mon puzzle, mais rien y fait, je ne m'en rappelle pas.

Je termine ma course en arrivant devant chez moi et ne traine pas pour aller prendre ma douche et me préparer pour les cours. Hier soir, Kendra m'a prévenu qu'elle viendrait me chercher ce matin alors je ne suis pas surprise quand elle fait irruption dans la cuisine pendant que je termine ma barre de céréales.

— Il t'en reste une pour moi ?

J'en prends une que je lui lance et me dépêche de mettre mes chaussures.

— Quoi de neuf dans ton beau monde, je demande quand nous nous installons dans sa voiture.

— La routine : le travail, les cours, rien de bien nouveau.

— Même pas super un basketteur qui égaye tes journées ?

Elle reste concentrée sur la route, mais je ne rate pas son sourire timide à la mention de ce blond dont elle m'a déjà parlé et que j'ai d'ailleurs vue chez Wyatt l'autre jour, Bryan, je crois.

— Parle pour toi, s'il y en a bien une de nous qui a droit à un basketteur rayon de soleil, c'est toi.

— N'abusons rien, c'est un emmerdeur franchement mignon et drôle de temps en temps, mais pas un rayon de soleil...

— Je t'assure qu'il mérite amplement son titre de rayon de soleil ! Moi, je le vois en tout cas.

Elle n'en dit pas plus, hochant la tête comme si elle avait une discussion en pensée et qu'elle était d'accord avec chacune de ses affirmations.

— Quand bien même, je reprends en laissant traîner ma phrase, Wyatt n'était pas le sujet de la conversation. Arrêtons de parler de moi et intéressons-nous plutôt à ton dossier Bryan.

— Il n'y a pas de dossier, on s'est vu deux trois fois depuis le match et puis voilà.

— Et puis voilà ? Rien de plus ? Juste une soirée et deux croisades ? Si j'avais su que c'était un idiot, tu serais rentré avec moi ce soir-là.