REINE DE CŒUR

8. 𝐌𝐎𝐑𝐄𝐍𝐎 𝐂𝐎𝐌𝐌𝐄 𝐉𝐀𝐌𝐄𝐒.

🂭

TW : Émétophobie.

ISAAC
Scotland – Glasgow

Je coince la tige tassée de drogue entre mes lèvres. Ça doit être le troisième joint que je fume en l'espace d'une heure et demi, environ. Je suis parti me réfugier le plus loin possible du séjour pour ne pas apercevoir le corps affaibli et blessé de mon frère entre les mains d'une médecin qui est arrivée à l'appartement en compagnie de l'oncle de April, dont deux de ses hommes, il me semble.

Assis sur le bord de mon lit, j'observe à travers la fenêtre la nuit sombre qui vient de tombée. La pluie a cessée de s'abattre dehors depuis une bonne heure mais le temps reste menaçant, un orage ne devrait pas tarder à s'abattre sur la ville dans les prochaines minutes.

Je tire une latte de mon joint. Normalement c'est lui qui fume la drogue et je me contente d'un peu de tabac mais ce soir, j'ai vraiment cru perdre l'une des seule personne qui me restait ici, auprès de moi et ce, juste sous mes yeux.

Un règlement de compte a éclaté entre la cité ou nous habitons et le haut du quartier entre deux bandes de dealers. Nous étions dehors à ce moment là avec Kurt, chacun à un spot différent en train de fumer. Les voitures sont arrivés de nul part et nous avons été mis à prix alors que nous ne faisions rien de plus que fumer à ce moment-là, les tirs ont fuser dans tous les sens entre les têtes du quartier et celle de l'autre bande. Kurt a été l'un des premiers à être touché, il s'est jeté vers moi pour m'éviter de me prendre une balle, il s'en est pris deux. Je l'ai rapidement emmené à l'appartement lorsque l'occasion de nous tirer s'est présenté.

Je devais rejoindre April au même moment.

Elle était dans ce café qui a été la cible des tirs des deux gang. Elle a réussi à s'en sortir indemne mais je n'ai pas pu évité les blessures de mon frère cette nuit.

Je tourne la tête lorsque j'entends quelqu'un toquer légèrement contre la porte de ma chambre. Le visage de la blonde apparaît dans l'encadrement de la porte. Ses cheveux blonds sont désordonnés et emmêlés. Ses vêtements sont tachés par du sang. Elle ne ressemble à rien de ce qu'elle est d'habitude, comme ça elle ressemble à un ange déchu.

– Sana a réussi à extraire toutes les balles. Elle est en train de finir les pansements mais il va s'en sortir, il va lui falloir beaucoup de repos, dit-elle en restant sur le pas de la porte.

Je hoche doucement la tête en reprenant une taffe de mon joint.

– J'arrive.

Elle recule puis referme la porte derrière elle.

Je pince le bout de mon joint et le dépose sur ma table de chevet. Je passe mes mains sur mon visage puis dans mes cheveux en expirant bruyamment. Je me relève ensuite, le corps chancelant à cause de la quantité de drogue inhalée, une grimace traverse le bas de mon visage et j'ouvre la porte de la chambre un peu trop brusquement.

L'ombre qui se trouve de l'autre côté de la porte est pris d'un sursaut. Elle se tourne vers moi, me regarde simplement. Je ferme la porte derrière moi.

– Tu vas bien ? Me demande-t-elle. Tu sais...

– Ça te va pas d'être comme ça, réponds-je alors qu'elle fronce les sourcils. De t'inquiéter pour moi, ça te va pas.

– Je m'inquiète pas pour toi, sombre idiot. Je te pose juste une question.

Un rictus grimpe faiblement sur la commissure d'une des mes lèvres. Ses yeux roulent sous ses paupières, l'air complètement saoulé.