Treize heures. Maryline papillonne d'un stand à l'autre, toujours aussi heureuse de s'arrêter pour être prise en photo. Elle en profite pour donner sa carte de visite à chaque personne qui l'approche, son sac à dos en est plein. Elle a parfaitement conscience que la plupart des visiteurs sont des touristes, qui ne sont venus à Paris que pour le salon. Mais elle sait aussi qu'on ne peut pas prévoir la portée de la moindre publicité. Peut-être que l'une de ces personnes tient un blog influent. Il suffit de peu sur Internet, du moins il suffit de la bonne influenceuse pour réussir à toucher des millions de followers. Une centaine, ce ne serait déjà pas si mal. Entre deux selfies, elle regarde chaque stand et pourrait tout acheter, si son budget le lui permettait. Un problème se pose soudainement, elle se dirige vers les toilettes, une expédition en soi. Une combinaison moulante, c'est très élégant, mais c'est surtout fort peu pratique pour les urgences, que les personnages de fiction ne connaissent pas ! Une fois de plus, elle se dit que c'est bien un homme qui a imaginé ce genre de costume, il lui faut de longues minutes pour s'en défaire.
– Bonjour, Maryline.
La voix, féminine, émerge de l'autre côté de la cloison.
– Vous êtes ravissante, comme toujours. Tam fait pâle figure à côté de vous.
Elle ne dit rien.
– D'après votre silence, j'en conclus que vous avez reconnu ma voix. Il y a longtemps que nous n'avions pas discuté.
– Je, enfin, je suis navrée. Je sais que le café n'a pas autant de succès que prévu mais je travaille dur.
– J'en ai conscience, chère Maryline, ne vous inquiétez pas. Je ne suis pas ici pour demander des comptes, mais plutôt un petit service.
– Bien sûr, je vous écoute.
– Ah, je suis heureuse de vous voir si disposée à m'aider. Car je me trouve dans l'embarras, voyez-vous. Il est un homme que j'aimerais approcher.
– Vous voulez que je vous aide à trouver un petit copain ?
– Ne tentez pas l'humour, chère Maryline, vous savez que vous n'êtes pas douée dans ce domaine. Cet homme, je veux qu'il travaille au café Cat's Eye.
– Mais je ne cherche personne, j'ai déjà du mal...
– Vous n'avez pas à chercher, puisque vous avez déjà trouvé, grâce à moi. Il se prénomme David Desroches. Il ne devrait pas tarder à croiser votre chemin. Vous le reconnaîtrez aisément, ne vous inquiétez pas.
– Que dois-je faire exactement ?
– L'employer comme serveur, dans notre café. Il ne sera pas difficile à convaincre, bien qu'il ait assez mauvais caractère.
– Il cherche un emploi ?
– Il ne le sait pas encore, mais oui, il a besoin de travailler. Puis-je compter sur vous ?
– Bien entendu, madame.
– C'est fort agréable à entendre. Je vous laisse et vous souhaite une excellente journée.
Maryline voudrait sortir rapidement des toilettes pour enfin voir le visage de cette mystérieuse femme. Mais à moins d'apparaître à moitié nue au milieu des toilettes publiques... Il va lui falloir du temps pour remettre sa combinaison.
Treize heures. David a été obligé de faire une pause. Non pas à cause de la faim, mais parce que sa prochaine destination est fermée pendant l'heure de midi. Il s'est donc installé dans un café, pour prendre un sandwich hors de prix et un café imbuvable à cinq euros. Il se trouve aux abords des Champs-Élysées, là où les résidents ont les moyens et où les touristes ne regardent pas à la dépense puisqu'ils sont sur l'autoproclamée plus belle avenue du monde. Il regarde les piétons passer. Tous sont presque en train de courir. Ils se dirigent vers une destination inconnue comme si leur vie en dépendait. Le temps file vite, quand on observe le spectacle humain et déjà David peut se rendre dans l'agence immobilière auprès de laquelle il louait son appartement, avant de disparaître pour cinq ans.

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Près de minuit
FanfictionDavid se voyait archéologue, son enthousiasme l'a conduit à profaner le passé. Maryline a ouvert sa librairie-café thématique, une fiction devenue réalité. Pascal a une vie parfaitement réglée, que rien ne devait venir troubler. Ils ne se connaiss...