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Hier, Pascal a consenti à faire une entorse à son programme si bien défini et dont normalement il ne se départit pas. À moins d'un cas de force majeure, il déteste dévier de l'emploi du temps qu'il s'est fixé. Cela le perturbe au point que, cette nuit, il n'en a pas trouvé le sommeil. Pourtant, c'était bien une force majeure, ou plutôt une nécessité impérieuse. La personne ou le groupe de personnes lui ayant demandé de s'intéresser particulièrement au site vitrine du café Cat's Eye ne plaisantent pas. Il sait ce qu'ils ont réussi à faire pour lui, pour le sortir d'une situation apparemment inextricable. Ils sont capables de tout ! Aujourd'hui, il va une nouvelle fois modifier son emploi du temps, alors que normalement chaque journée doit ressembler à la précédente. C'est différent, l'événement est prévu, intégré, il a pu se préparer psychologiquement. Et puis, c'est pour un projet personnel.

– Bonjour, David, entre.

L'ex-prisonnier découvre l'antre de cet homme qu'il connaît à peine.

– Eh bien, on se croirait chez Microsoft !

– Loin de là, mais vu que l'informatique est au cœur de mon métier, il faut que je sois bien équipé.

David s'approche des ordinateurs, impressionné par les tours et la taille des écrans.

– Ce sont des machines de guerre.

– Je les conçois moi-même. Ce qu'on trouve sur le marché c'est pour les ménagères de plus de cinquante ans accros à Vinted ou pour les adolescents boutonneux accros, eux, aux pornos. Moi, il me faut de la puissance.

David observe mieux les écrans, fasciné par les informations qui défilent.

– On dirait le générique de Matrix.

– Bon, tu es venu pour enquêter ou pour ranimer ton MacBook ?

– Désolé, je ne voulais pas être intrusif.

Pascal se saisit de l'ordinateur portable de son invité et s'installe sur son fauteuil. David, lui, reste debout. Rien dans cet appartement n'est vraiment prévu pour accueillir du monde.

– Je peux t'aider ?

L'informaticien ne se donne même pas la peine de répondre. Grâce à des outils spécifiques, il ouvre délicatement l'ordinateur pour accéder au disque dur.

– Waouh, je n'avais jamais vu l'intérieur d'un MacBook. Il est crade !

– Je ne sais pas où tu l'as laissé traîner, une cave ?

– Oui, tout à fait.

David ne précisera pas quelle cave et Pascal n'en demandera pas plus. Tel un chirurgien de la technologie, ce dernier extrait en douceur le disque dur.

– Suis-moi.

Ensemble, ils vont dans la chambre de Pascal. C'est là, que, sur une table, trône un iMac.

– Il te faut vraiment tous les équipements du monde.

– J'utilise très peu les logiciels Apple, mais la preuve est faite que cela peut être utile.

– J'ai le droit de m'asseoir ?

Pascal se retourne, affichant sur son visage une expression difficile à décrypter pour qui n'a jamais rencontré une personne psychorigide.

– Je ne préfèrerais pas.

Pendant que l'informaticien poursuit son œuvre, David observe la pièce. En réalité, il n'y a pas grand-chose à observer. Un lit, un bureau, une armoire. Pas de bibliothèque, aucun bibelot et surtout, apparemment, aucune trace de poussière. Le lit, lui, est parfaitement fait, d'une façon militaire. C'est impeccable au point qu'on peut se demander si son propriétaire y dort vraiment.

Près de minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant