Près de minuit

22.

Après le service du soir, donc vers à peu près vingt-trois heures, les complices se retrouvent au calme à leur table du Café Cat's Eye.

– Alors, Pascal, qu'est-ce que tu as fait pendant qu'on bossait ?

– J'ai essayé de trouver une solution.

– Dis-nous que tu as réussi.

– Ce n'est pas à moi de tout faire, vous pouvez aussi avoir des idées !

– Mais tu as trouvé un angle d'attaque.

– Un peu biscornu, pourtant je ne vois rien d'autre. À moins que vous ayez des idées.

– Donne-nous la tienne et on te dira ce qu'on en pense.

Il prend un petit temps avant de se lancer.

– Un seul type de personne peut accéder aux issues de secours sans éveiller les soupçons. Les pompiers !

Maryline et David n'ont pas l'air surpris, Pascal est déçu que son petit effet ne suscite aucune réaction.

– Pas mal, c'est vrai qu'ils peuvent réaliser des contrôles mais...

– Je sais, il y a plusieurs problèmes. D'abord, le Louvre a sa propre équipe de pompiers, on ne peut pas s'y glisser facilement, tout le monde se connaît. Et il faut attendre une visite d'inspection officielle, la prochaine n'a lieu que dans deux mois.

– Tu as déjà pensé à la solution.

– Elle n'est pas très classe, mais... Voilà, je peux déclencher une alerte incendie. Ce qui provoquera l'évacuation du Louvre et surtout l'intervention des pompiers.

– L'un d'entre nous sera sur place, en sapeur-pompier, avec pour seul objectif de visiter ce fameux couloir. Ton plan est pas mal.

– J'ai pensé à David, dans le rôle du pompier.

– Pourquoi toujours moi ?

– Je dois rester derrière mon ordinateur, pour déclencher l'alerte et vérifier ce qu'il se passe.

– Maryline peut se glisser dans le rôle de pompier.

– Je... j'ai vérifié la liste des sapeurs-pompiers qui composent l'équipe du Louvre. Il n'y a que des hommes, Maryline serait, disons, suspecte.

– Ce n'est pas ce qu'on appelle la misogynie ?

– Désolé, Maryline.

– Si moi je dois y aller, il me faudra du lourd niveau déguisement.

– Pourquoi ?

– J'ai étudié à l'école du Louvre, je suis connu comme le loup blanc dans le musée. Certes j'ai disparu pendant cinq ans, mais si je croise un conservateur, un professeur, un ancien élève ou ne serait-ce qu'un gardien...

– Mince.

– On dirait que je vais enfin pouvoir jouer un rôle clé dans cette affaire.

– Tu es sûre de toi ?

– Je peux passer pour un faux pompier aussi bien que vous. Le but est juste de franchir cette porte de sécurité pour explorer le couloir, il n'y aura pas de véritable feu.

– Effectivement. Tu porteras les lunettes, pour qu'on enregistre tout ce que tu verras.

– Sur l'échelle des risques qu'on a pris jusqu'à aujourd'hui, on est à quel niveau ?

– Faible, je dirais. Voilà le plan détaillé...

Maryline arpente les allées du musée du Louvre telle une touriste un peu plus instruite que les autres. Puisqu'elle n'a pas pour seul objectif d'aller voir la Joconde pour prendre un selfie, elle regarde les multiples chefs-d'œuvre qui sont dans les salles alentour. Jusque-là, il n'y a rien de bien compliqué, la seule obligation est de masquer son stress, de ne pas trop penser à la suite, exercice difficile quand même.