Broken Sisters

Chapitre 2

Kaylee

Enfin arrivée à destination, je frappe, comme convenu, à la porte dérobée dans la petite ruelle.

— C'est pour quoi ?! me répond une voix quelque peu agressive.

— La voiture, la Hyundai.

— Rentre la caisse dans le hangar et referme derrière toi avec le bouton rouge, j'arrive.

Beaucoup moins sereine que je ne l'étais il y a cinq minutes, je fais ce que l'homme m'ordonne et me plante à côté du bolide de mon ex en l'attendant. Autour de moi, une multitude de véhicules tous plus chers les uns que les autres donnent le ton. Il n'y a aucune fenêtre, aucune autre issue visible que celle par laquelle je viens d'entrer avec la voiture. Issue que je viens de fermer. Si je dois m'enfuir je suis foutue.

— Ok ma jolie, alors à ce que je vois t'a essayé de m'avoir et de jouer à la plus maligne. Tu m'avais dit que tu me ramenais une Hyundai Tuscani Coupé et tu te pointes avec une Coupé FX. Le prix sera pas le même et j'aime pas les menteuses.

D'accord, cette fois, j'ai carrément la trouille et la clef à je ne sais quoi qu'il pointe dans ma direction n'aide pas à me rassurer.

— Euh... Pardonnez, moi bégayè-je. Honnêtement monsieur, j'ai pas essayé de vous arnaquer, c'est juste que je n'y connais rien à... Tout ça. Les moteurs, les roues, moi, du moment que ça m'emmène quelque part c'est bon.

J'espère que mes plates excuses suffiront à ce que je puisse repartir d'ici avec des rotules intactes, mais à ce moment précis j'en doute.

— AHAHAH !

Le rire du repreneur, si on peut appeler cet atroce ricanement ainsi, me fait sursauter. Je manque de peu de tomber et me rattrape in extremis à la carrosserie de la fameuse voiture.

— Les femmelettes dans ton genre sont vraiment mes clientes préférées, reprend-il hilare. T'en veux combien de ta daube ?

J'aimerais l'envoyer chier, lui expliquer que ce n'est pas comme ça qu'on parle aux femmes, aux gens en général même, mais je n'en ai pas la force. J'ai bien trop peur. Tout ce que je veux, c'est partir d'ici, et ne plus côtoyer d'homme pour le reste de ma vie.

— Je m'en fou, ce qui m'arrangerait le plus ce serait même pas du cash mais un échange, je prendrais ce que vous voudrez. Je veux juste que celle-ci disparaisse et bien sûr, vous ne m'avez jamais vue.

— Prius.

Mais quelle langue parle ce bougre ? J'étais persuadée que la ville de Charlotte était encore aux États-Unis. Devant mon air confus le type m'attrape par le bras, je tente de me dégager mais sa prise se resserre. J'ai l'air minuscule à côté de ce type. Et surtout, je suis morte de trouille. Alors que je tire de plus en plus fort afin qu'il me libère, il continue d'avancer comme si de rien était, manquant de peu de me faire succomber d'une crise cardiaque et me traîne vers une autre voiture.

— Toyota Prius cocotte. Boite automatique, hybride. Ce sera parfait pour toi. Prends-la et tire-toi me dit-il en m'ouvrant la portière.

— Parfait. Merci beaucoup monsieur, ça vous embêterait beaucoup que je prenne mes bagages avant de partir ?

Supposant que son raclement de gorge gras veut dire qu'il accède à ma requête, je retourne à mon coffre et m'y penche pour saisir mes quelques sacs.

— Hmmm, traine pas trop mignonne, grogne l'autre fou dans mon dos, cette vision pourrait me donner envie de te garder ici.

C'est la phrase de trop. Ni une ni deux je balance mon butin sur mes épaules et cours jusqu'à la fameuse Prius alors que l'enfoiré se marre. Une fois derrière le volant , les jambes flageolantes et le trouillomètre à dix mille, je ne perds pas une seconde et quitte ce garage des enfers.