Chapitre 13

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Nathan

Kaylee est assise sur mon canapé et je ne sais pas pourquoi, je n'arrive pas à me comporter normalement. Debout, je tourne en rond, passe de la cuisine au salon, m'installe sur une chaise, me relève... Je dois avoir l'air con.

— Tu veux boire quelque chose ? Je dois avoir de la pizza ou je peux te faire des pâtes.

Un rire étouffé se fait entendre, me faisant prendre conscience de la débilité de ma proposition.

— Je vais plutôt boire de l'eau si tu veux bien, réplique Kay en souriant.

J'attrape un verre dans le placard, une bouteille dans le frigo et lui sert. Merde, et si elle voulait boire à température ambiante ? C'est beaucoup plus simple quand il s'agit de Millie qui est affalée sur mon sofa. Ma meilleure amie fait comme chez elle ici. Elle rentre, se jette sous une montagne de plaids, prend les commandes de ma télé, de ma console et dévalise mon frigo elle-même.

— Nathan, tu me le donnes ce verre d'eau ?

Kaylee me regarde, un bras tendu. Je lui donne ce qu'elle m'a demandé et décide enfin de me poser à côté d'elle. Pas trop près, et droit comme un I. On dirait que j'ai un bâton dans le cul.

Ressaisis-toi mec, c'est juste Petite K.

Écoutant la petite voix dans ma tête, je prends mon courage à deux mains et me lance.

— Tu te sens mieux ?

— Un peu, mais Millie va être furax après toi, constate-t-elle.

— Je te l'ai dit, t'inquiète pas pour ça, je gère. Tu sais, j'ai l'habitude des crises de ta sœur.

Pourtant, je sais que pour cette fois, ça ne va pas être facile de me faire pardonner, mais je préfère taire cette information. Pas la peine de faire paniquer Kaylee plus que nécessaire.

— Bon, qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu te retrouves dans cet état ? osé-je demander.

Mon invitée attrape un coussin, le colle sur son ventre avant de le serrer fort contre elle.

— Comme je te disais tout à l'heure, le mec avait l'air sympa, il m'a fait rentrer et je me suis servi un verre... Peut-être deux ?

— Il avait mis un truc dedans ?

— Non non ! s'exclame-t-elle.

Bon, c'est déjà ça.

— Il m'a fait des avances, j'ai refusé, mais il est devenu insistant, vraiment insistant.

Son regard se perd vers la fenêtre. Je vois que c'est dur pour elle d'en parler. J'ai envie de mettre ma main sur sa cuisse, ou de lui caresser les cheveux, mais je repousse cette pulsion. Pourquoi son désarroi me touche autant ?

— Je me suis dérobée en m'excusant gentiment mais ce salop est revenu à la charge, poursuit-t-elle. Quand j'ai voulu m'éloigner, je suis passée dans un couloir et il m'a rattrapée et m'a collée contre un mur.

Les pires scénarios me passent dans la tête.

— Est-ce qu'il t'a...

— Violée ? me coupe-t-elle. Non. Mais j'ai eu peur qu'il le fasse. Quand je me suis retrouvée coincée sans que personne intervienne et que son corps s'est collé au mien, pleins de trucs me sont revenus, des souvenirs que j'aurais préféré oublier.

Pendant que Petite K m'explique comment elle s'est retrouvée, aux prises d'une crise d'angoisse, enfermée dans une buanderie, je réfléchis. Je devrais retrouver ce gars, au moins pour le signaler à la sécurité du campus. S'il s'en est pris à elle pour un simple refus, qui sait de quoi il serait capable avec une autre fille ? Une fille qui n'aurait pas le réflexe d'aller se cacher.

Broken SistersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant