Broken Sisters

Chapitre 5

Nathan

Que je l'emmène voir Mill' ? Je dois dire que je ne m'attendais pas à cette décision après ce que je viens de lui révéler. C'est vrai quoi, perso si on me dit que mon frère, si j'en avais un, ne veut pas me revoir, je ne serais pas si impatient de le retrouver. Pourtant, Kaylee a l'air déterminée. Et c'est encore une chose qui me surprend. On ne s'est pas beaucoup fréquenté, je n'ai jamais voulu trahir ma meilleure amie, mais j'ai le souvenir d'une fille effacée. L'opposé de sa sœur. Discrète, calme avec un petit air effrayé. Comme si elle avait constamment peur d'être jugée, qu'elle avait besoin d'être ... protégée. Pas du tout la Kaylee que j'ai face à moi... Et qui, je m'en rends compte maintenant, attends que je fasse ce qu'elle m'a demandé. Ou au minimum que je lui réponde.

— Je sais pas K. Elle va m'en vouloir à mort si je te mets face à elle comme ça sans la prévenir.

Il faut absolument que je trouve un moyen de me sortir de cette panade. J'en viens même à espérer que le coach m'appelle, là, de suite pour avoir une bonne excuse pour fuir. Mais rien ne se passe. Et la frangine de Millie me regarde toujours avec ses yeux de biche. En amande, de la couleur du miel. Pendant une seconde, on se fixe et j'ai l'impression de déceler le même éclat que je voyais autrefois. Elle me paraît fébrile, triste et effrayée. Cette vision me ramène un an en arrière. À l'instant où je l'ai croisée, à travers la fenêtre passager de la voiture de Peter, alors qu'elle quittait la ville, laissant Mill dans un état de rage indescriptible. Putain, c'est le bordel dans ma tête, mais sans savoir pourquoi, en la regardant une seconde de plus, je cède.

— Ok , on y va, lâché-je.

— Merci merci merci !!

Wahou, j'ai encore jamais vu quelqu'un aussi pressé de se faire lyncher. Et je ne me gêne pas pour le lui faire savoir.

— Te réjouit pas trop vite. Faut encore que je trouve un moyen pour lui annoncer que je vais la confronter à la personne qu'elle déteste le plus au....

J'interromps ma phrase en voyant que Kaylee se crispe et détourne le regard. Du bout des doigts, elle frotte légèrement ses yeux et je me rends compte que j'ai trop parlé. Sans réfléchir et sans peser mes mots.

— Non, non petite K s'il te plait, l'imploré-je. Ne pleure pas. On va trouver une solution. Au pire, je ne préviens pas ta sœur et on avise.

C'est le bordel. Je ne sais pas pourquoi voir Kaylee dans cet état me fait paniquer comme ça. Mais une chose est sûre, je viens de me foutre dans une sacrée merde. Millie ne va jamais me pardonner cette connerie.

Par chance, un éclair de génie me traverse le cerveau.

— Bon, j'ai une idée petite K, mais je te promets rien.

Kaylee se contente de hocher la tête, mais son sourire et ses yeux brillants suffisent à me faire comprendre qu'elle est d'accord. Après lui avoir expliqué mon idée, nous nous mettons en marche. En parallèle, j'envoie un SMS à Millie afin de lancer la phase une du plan.

"T'as même pas repondu a mon dernier message. Oublis on parle pas de ta soeur. Rejoins-moi juste au gymnase stp. Je fais quelques paniers et je t'emmène boire un verre."

Après avoir reçu une réponse positive, je trouve le trajet bien trop silencieux et décide de rompre le silence.

— On va au terrain de basket, normalement le coach sera pas là à cette heure-ci. Ta sœur va nous rejoindre,

— Comment ça ?

L'inquiétude se fait sentir dans sa voix cassée.

— Je lui ai pas dit que tu serais là.

— Ah... ça ne va pas me faciliter la tâche

— Sérieux ? Tu pouvais pas te contenter de dire merci. Tu te rends vraiment pas compte de la situation dans laquelle tu me mets.

— J'en suis consciente, détrompe-toi.

Son attitude a changé. Je remarque qu'elle est tout à coup plus froide, plus raide. Mais alors que je m'apprête à répondre, elle lève une main pour me faire signe de me taire et poursuit.

— J'en suis consciente, mais je m'en fous. Je dois voir ma sœur, je dois lui parler. Cette fois, je ne la laisserai pas m'ignorer comme vous l'avez toujours fait.

— Kaylee, la stoppé-je en l'attrapant par le poignet. On ne t'ignorait pas.

— Non, vous ne me remarquiez même pas, souffle-t-elle en se dégageant.

Sa remarque, comme le ton qu'elle a employé, me font me sentir mal. Je reprends donc la marche sans dire un mot, luttant contre l'étrange envie de la rassurer. Mais juste avant de pousser la porte du gymnase, n'y tenant plus, je me tourne vers petite K et lui souffle.

— Moi, je te remarquais.

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