Chapitre 3

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Nathan

Alors que je sors de la bibliothèque, le soleil s'attaque directement à mes rétines, il m'éblouit et m'empêche de voir à un mètre. Pour tenter de voir où je mets les pieds, je positionne ma main en casquette sur mon front... Et percute violemment quelqu'un. Étant déjà en retard pour le premier entraînement de la saison de basket, je m'apprête à continuer comme si de rien n'était quand je reconnais finalement la victime de mon empressement.

— Merde ! Mil', désolé ! Je t'appelle ce ...

Alors que je m'apprêtais à dire à ma meilleure amie que je l'appellerais après avoir vu le coach, elle me lance un regard paniqué et fuit dans l'autre direction.

Mais qu'est-ce qu'il vient de se passer là ? Pourquoi elle me fuit comme la peste ? Pendant que je me questionne, ma montre connectée me rappelle à l'ordre. Je règlerai ça plus tard. Le vieux coach Barey va encore m'assassiner pour mon retard et me faire un discours de vingt minutes sur l'importance des priorités, surtout à mon poste de meneur de jeu blablabla.

— Nathan ! me hèle-t-il alors que je tente de me faufiler discrètement derrière mes plus grands coéquipiers. N'essaye pas de te planquer ! Quand mon meneur est en retard, je le vois ! Je suis vieux mais pas aveugle.

Qu'est-ce que je disais ?

Pendant que l'entraîneur me fait son laïus sur l'importance de la ponctualité, sur le terrain comme dans la vie, mon esprit divague vers l'attitude étrange qu'a eue Millie. Si je n'étais pas au courant de la situation, je jurerais même avoir eu affaire à... Kaylee ?!
Soudain, comme si deux fils venaient de se connecter entre eux dans mon cerveau, je percute. Putain ! C'était pas Mil, enfin si, mais pas tout à fait. Plutôt la version qui commence par un K. Qu'est-ce que la jumelle de ma meilleure pote fout dans notre fac ? Ce n'est pas possible. Kaylee coule le parfait amour à l'autre bout du pays avec l'ex de sa frangine. Elle ne peut pas être ici. Il faut que je me débarrasse du vieux pour aller choper des infos aux admissions. Si la petite K est ici, je pense qu'il vaut mieux que je prévienne moi-même sa sœur si je ne veux pas qu'elle fasse la une des journaux du monde entier dans la rubrique faits divers.

— Nathan ! T'es avec moi mon grand ? Cette saison, va falloir qu'on se concentre un peu ! me réprimande Barey. Surtout sur nos contre-attaques. L'année dernière c'était notre gros points faible, je compte sur toi, les autres aussi. Tu connais ton rôle. Donne du rythme, accélère quand on contre, distribue le jeu...

— Oui oui chef, montre l'exemple, soit à l'heure et analyse. Je dois filer. Je vous décevrais pas, crié-je presque en courant vers les vestiaires.

En temps normal, je ne suis pas aussi pressé de partir, j'aime bien traîner avec les gars, faire des prévisions sur les équipes qu'on va rencontrer au cours de la saison ou encore les écouter se vanter du (faux) nombre de filles qu'ils se sont faits à la dernière soirée. Mais là, je n'ai pas le temps. Mon esprit est bien trop préoccupé par ce que je pense savoir. Kaylee est ici, il ne me reste qu'une once de doute, et je dois en avoir le cœur net, et si possible, avant que Millie ne tombe dessus. Par chance, Olga, la vieille dame des admissions a un petit faible pour moi, elle saura me renseigner. Sauf si elle apprend que je viens de la qualifier de vieille dame, là je perdrai toutes mes chances. La flatterie c'est son point faible, et mon meilleur atout.

J'aimerais arriver plus vite, que le bureau soit plus près, ne pas savoir est quelque chose que j'ai du mal à supporter. C'est donc presque au pas de course que je traverse le campus pour mettre fin à mon incertitude.

— Et Bonjour, vous êtes sacrément en beauté aujourd'hui, lancé-je, accompagné de mon plus beau sourire en passant la porte des bureaux.

— Monsieur Brown ! Toujours aussi charmeur... Surtout quand vous voulez quelque chose. Que puis-je faire pour vous ?

Merde, démasqué.

— Ooooh, Olga, vous me faites de la peine, surjoué-je. Je suis peut-être ici uniquement pour le plaisir d'une conversation en bonne compagnie.

— Eh bien jeune homme, même si vous me teniez la jambe pendant trois heures, je ne vous retirerais pas du cours du professeur Edgar.

— Heureusement que mon parfum parvient à masquer son odeur alors. Mais je ne suis pas là pour ça, l'algèbre n'est pas un problème.

Il faut dire que ce n'est un secret pour personne, ce pauvre Pr Edgar concurrence sérieusement les putois. C'est pour cette raison que ma petite réflexion sur le fumet, pas franchement délicat du professeur, tire un petit rire à la secrétaire. Signe que j'ai gagné, elle est dans ma poche.

— Ah ma douce Olga...

— N'en faites pas trop non plus, me réprimande-t-elle tout sourire.

Bon, pas tant que ça en fait, mais ça suffira.

Bien lancé, je m'apprête à demander les informations que je suis venu chercher quand une idée lumineuse me passe par la tête. Je vais y aller au bluff.

— Bon, venons-en aux faits, annoncé-je déterminé. Vous connaissez ma meilleure amie, Kaylee Smith ?

Hé oui... Y en a là-dedans, ce n'est pas pour rien que je suis le meneur de jeu. L'avantage des jumelles. Olga ne fera jamais la différence entre les filles, elle sait pourtant parfaitement que Millie et moi nous fréquentons depuis notre arrivée, on a souvent demandé à être affectés dans les mêmes classes. Mais si, comme je le pense, Kaylee a intégré l'université, mon tour de poker peut fonctionner.

— Oui bien sûr Nathan, vous souhaitez encore que je modifie vos emplois du temps pour profiter de sa présence ?

— Non, pas de modification à apporter, je voudrais seulement consulter le sien, histoire de lui faire une surprise pour la rentrée.

Pourvu que ça fonctionne, pourvu que ça fonctionne, pourvu que...

Le bruit caractéristique d'une imprimante interrompt mon mantra. Olga se lève, récupère une feuille qu'elle me tends avant de m'avertir.

— C'est bien parce que c'est vous, j'espère que vous ne me causerez pas d'ennuis, faites en sorte que votre surprise comme vous le dites soit discrète. Vous savez que je ne suis pas censé vous donner d'informations sur d'autres étudiants.

— Je pourrais vous embrasser !

— Je n'en demande pas tant, un merci suffira. Allez oust maintenant, j'ai du travail jeune homme.

Après avoir remercié ma complice malgré elle, je consulte le document sans perdre une seconde. En haut à gauche, ce que je redoutais est écrit noir sur blanc.

SMITH Kaylee 1ere Année Résidence Laurel Hall.

À la fois fier de mon coup, et un peu stressé à l'idée d'affronter la tempête Millie, je m'assois sur un banc et me pose le temps de trouver du courage. Cinq minutes passent avant que je me décide finalement à envoyer le texto redouté.

"Mil, faut qu'on se voit, je dois te parler de ta sœur"


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