Chapitre 25

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Nathan

Je me doutais bien que Millie finirait par réfléchir, que se retrouver seule la pousserais à me recontacter. Mais je n'avais pas envisagé qu'elle puisse débarquer ici par le premier vol. Du coup, je peine à me positionner. En temps normal, être réuni dans la ville qui nous à vu grandir est une idée qui m'enchante. Aujourd'hui, je ne sais pas comment me positionner.
En face de moi, tenant sa tasse vide entre ses mains, Kaylee a l'air d'etre encore plus perplexe. Son regard est teinté à la fois de peur et de détermination. Qu'importe l'état dans lequel ma meilleure amie va arriver, sa sœur est prête à l'accueillir et à mettre le point final à leurs querelles.

— Tu veux que je parte ? demandé-je afin de savoir quoi faire.
Sur le terrain je n'ai jamais été arbitre, mon rôle c'est de mener, de guider de faire partie du jeu... Mais depuis que les filles se sont retrouvées, j'ai appris à compter les point en restant sur la touche.

— Non non, tu peux rester t'en fais pas. Ça va bien se passer, puis vous pourrez aussi vous expliquer à y être.

Je suis heureux qu'elle souhaite me garder à ses côtés. Surtout après avoir passé la nuit à repenser à repenser ses lèvres prêtes à se poser sur les miennes hier. Ce n'est pas le moment de revoir ces images, pas avec la tempête Millie qui s'apprête à frapper. Le problème, c'est que mon foutu cerveau n'a pas l'air d'accord. Mon corps non plus d'ailleurs. Mes yeux ne cessent de partir en chasse, cherchant désespérément à entrer en contact avec ceux de Kaylee. Mes mains ont tant envie d'aller la toucher, mes bras de la serrer que la lutte contre moi-même en presque douloureuse physiquement.

— Tu veux un calin ? m'entends-je proposer.

Il serait plus que temps que j'apprenne à réfléchir avant d'ouvrir ma bouche. Maintenant, je suis confronté à la tête choquée de Kaylee. On dirait que je lui ai demandé si elle voulait qu'on saute à l'élastique... sans élastique.

— Pourquoi faire ?

Ce ne n'est pas du tout la réaction à laquelle je m'attendais. Résultat, je suis con et me vois forcé de lui sortir la première explication plausible que je trouve.

— T'as l'air stressée. Et il parait que les câlins libèrent de l'endorphine qui aide à réduire le stress.

Si elle refuse, j'aurais au moins réussi à la faire rire. Mais par chance, elle saute de sa chaise et vient se loger dans mes bras.

Il ne m'en faut pas plus pour me sentir bien. L'histoire de l'endorphine ce n'est finalement pas si débile que ça. J'enfouis ma tête dans ses cheveux... Putain ce que cette fille sent bon. Son odeur a été faite sur mesure juste pour mes sens. Elle m'envoute, me transporte, me calme. Je suis sûr que si je pouvais prendre Kaylee contre moi avant un lancé franc, je le rentrerais même les yeux fermés.

— T'as raison... Je me sens mieux, murmurer-t-elle sans se détacher de moi.

— Oui... Moi aussi Petite K.

— Eh bien moi pas vraiment. Après une heure quarante de vol juste pour venir m'excuser, je me sentirais mieux si vous n'étiez pas en train de vous sauter dessus.

Bordel de... Je n'ai lu nulle part que l'endorphine rendait sourd.

Kaylee et moi nous séparons presque en se poussant. Perdus dans un monde qui n'appartenait qu'à nous, aucun de nous deux n'a entendu la porte s'ouvrir.

Millie lâche ses bagages, les yeux braqués sur sa jumelle et moi.

— Salut, merci pour l'accueil lance-t-elle.

Je me sens comme un ado pris en flagrant délit de connerie. J'ai l'impession de devoir rendre des comptes alors qu'à la base c'est elle qui nous devait des explications.

Kaylee se rassoit, je m'approche de ma meilleure amie.

— Salut Mil'.

Mon ton est plus froid que ce que je voulais.

— On n'étais pas en train de sauter dessus, poursuis-je. Je rassurais juste Kaylee sur ton arrivée et le fait que tu n'allais pas lui sauter à la gorge encore une fois.

— Oh je vois. La grande méchante jumelle est rentrée. Le preu basketteur se doit de protéger sa pauvre petite sœur de ses griffes.

Je voulais rester calme. Je voulais que les filles se rendent compte qu'elles ont besoin l'une de l'autre. Je voulais vraiment les aider, leur faire comprendre qu'il fallait laisser le passé au passé et qu'elles réalisent la chance qu'elles ont d'être deux pour faire face à la vie. Malheureusement, la rancune de Millie est tenace.

— Ca suffit Millie, s'exclame Petite K en s'approchant d'elle. C'est bon maintenant. J'ai tout fait pour que tu me pardonne, j'ai même tout fait pour te retrouver. Quand j'ai fui Peter, la seule chose à laquelle je pensais c'était te revoir. Je me disais que au moins t'étais en sécurité, à la fac, loin de la menace que ce sombre connard représente et qu'au moins, il ne t'avait pas touchée toi ! Je me suis excusée, je t'ai expliqué, je suis même venue ici pour dire aux parents que j'avais faits une connerie en partant. Tu veux quoi de plus ?

Kay s'effondre en larmes. Il me faut réunir toutes les forces dont je suis capable pour ne pas la prendre une fois de plus dans mes bras. Cela envenimerait les choses. Et le regard froid de Millie ne me dit rien qui vaille quant à la suite des événements.

— C'est notre faute les filles... Venez, on vas vous expliquer. Nate tu es le bienvenu, tu fais presque partie de la famille.

Dans la cohue, concentré sur les épaules tressautantes de K, je n'ai pas vu les parents entrer. Nous répondons tous les trois positivement à la demande de Goeffrey et partons nous installer dans le salon.

Je prends place dans un fauteuil près de la cheminée tandis que les jumelles et leurs parents s'installent sur le canapé.

— Je ne vois pas en quoi c'est de votre faute si Kaylee s'est tirée avec mon mec, crache Millie véhémente.

— Putain mais Mil, je t'adore ok ? mais laisse tes parents parler. Ce mec tu l'as oublié en un mois en plus. Ce qui te fais chier c'est juste que ta soeur te soit affirmée pour une fois alors maintenant ferme là et écoute pour une fois.

Je n'ai pas pu m'empêcher d'intervenir et je me sens soudain très gêné d'avoir parlé à Millie de cette manière devant Kathy et Goeffrey.

— Pardon bredouillé-je. Je vais me faire tout petit.

— Ce n'est pas grave Nathan, me rassure la mère de famille. La tension entre vous trois est palpable, puis on a bien compris que tu souhaitais protéger les filles et leur relation. Merci pour ça.

— Hier, après que Kaylee nous ait tout expliqué, nous avons longuement parlé, débute Goe. Nous en sommes venus à la conclusion que c'est nous qui avions créé la rivalité entre vous deux. Une défaillance parentale en quelque sorte.

Avec un regard empli d'amour et de bienveillance, Kathy prend la relève de son mari.

— On ne vous l'a jamais dit parce que finalement, tout s'est bien passés, on a presque fini par oublier. Mais à votre naissance, Millie était si faible que les médecins nous ont préparés au pire. Vous ne gardez aucun souvenir des hopitaux, des batteries de test et nuits d'angoisses parce que vous étiez trop petites, pourtant ça à marqué la famille.

Pendant que les parents continuent, à tour de rôle d'expliquer qu'ils ont porté toute leur attention sur Mil', que Kaylee avec son tempérament déjà calme ne réclamait rien, je commence à comprendre.
C'est eux qui, pour protéger un enfant de la mort, et l'autre des conséquences de la potentielle perte de sa jumelle, ont instauré cette distance entre elles. Naturellement petite K s'est effacé tandis que Millie prenait de plus en plus de place de par les rendez-vous, les crises et tout ce qui peut accompagner le quotidien d'une enfant malade. Personne ne pouvait prévoir qu'à l'adolescence, l'une d'elles se rebellerait en faisant du mal à l'autre, entrainant ainsi la chute de ce lien de sororité.

Chacune a leur manière, elles ont juste voulu exister. 

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 04, 2023 ⏰

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