Chapitre 14

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Kaylee

Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est et mon cerveau à besoin de quelques minutes pour me faire comprendre où je me trouve. Quand enfin tout s'aligne et que la soirée me revient en mémoire, je suis partagée entre plusieurs sentiments. Soulagement, inquiétude, honte... Je ne sais pas trop où me positionner.

— Salut Cendrillon ! Il est presque midi. Content de voir que t'es enfin réveillée, j'en pouvais plus de tourner en rond dans ma chambre.

Nathan débarque dans le salon tandis que je le regarde en essayant de connecter tous mes neurones entre eux.

— C'est la belle au bois dormant qui, comme son nom l'indique, dors. Cendrillon elle nettoie idiot.

—- Désolé, je connais pas mes classiques. Tu veux du thé ? propose mon hôte.

— Café si tu as s'il te plait.

Pendant qu'il allume la machine qui fera couler ma tasse d'énergie, je remets le canapé en ordre et vient m'assoir à table. Je l'observe, il semble si à l'aise alors que je ne sais pas quoi faire de mon corps. Est-ce que je dois poser mes mains sur mes genoux ? Me tenir droite ? Je devrais peut-être l'aider...

— Tiens, je t'ai pas mis de sucre.

— Je n'en prends pas, merci.

Munis d'une tasse assortie à la mienne, Nate vient d'installer en face de moi. Pour me donner contenance, j'avale une gorgée, et me brule.

— Bah oui bécasse, c'est chaud, se moque-t-il. Bon t'a réfléchi à ma proposition d'hier ?

Oui. Toute la nuit, à vrai dire. Et je me demande encore si j'en serai capable.

— J'y ai réfléchi.

Je vois bien que Nathan n'est pas satisfait par ma réponse. C'est logique. Mais après avoir passé la soirée à m'épancher sur son épaule, je n'ose pas lui dire que j'ai peur. Je n'ai pas envie qu'il pense que je suis une pleurnicharde, pas maintenant qu'il m'a dit qu'il me trouvait forte.

— Je sais pas Nate... Je vais rentrer, m'excusé-je. Si tu vois Millie tu promets de pas lui rencontrer ? Il faut que ça vienne de moi.

— Promis, mais toi, promets-moi de réfléchir à ma proposition d'accord ?

Tandis que j'acquiesce en approchant de la porte d'entrée, il se lève et me serre dans ses bras. Depuis que lui et ma sœur se connaissent, nous n'avions jamais eu d'autre contact physique qu'une main qui se frôle en se passant le ketchup à table, et voilà qu'en une nuit, je suis imprégnée de son odeur.

Je repousse le moment de rentrer chez moi le plus longtemps possible. Marchant lentement dans les allées du campus, flânant dans un parc encore inoccupé de si bonne heure. Pas envie de voir Eva, pas envie de m'enfermer seule et de ruminer. Un joggeur passe à côté de moi, je sursaute et mes mains se mettent en protection au-dessus de ma tête. Mince. Raconter l'enfer que j'ai vécu avec Peter a fait bien plus ressortir mes angoisses que ce que je pensais. C'est logique. Après tout j'ai passé un an sans presque jamais voir personne, un an dans la crainte. Je devrais déjà m'estimer heureuse de ne pas avoir craqué plus tôt. Les secouristes qui m'ont trouvée m'avaient prévenue, la psychologue de l'hôpital aussi. Les traumatismes vont me suivre toute ma vie. Il faut que j'avance.

Le temps que je reprenne mes esprits et que la peur me quitte, le coureur est déjà loin. Je me remets donc en route, et cette fois prends la direction de Laurel Hall. Je ne vais pas pouvoir retarder le moment, ni éviter Eva toute l'année.

Broken SistersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant