Chapitre 16

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Benoît avait été la source du scoop de l'année. Tous les journaux en parlaient, et la nouvelle repassait en boucle sur les chaînes d'information en continu. Ils avaient même annoncé un documentaire réexpliquant l'affaire !

Benoît sourit en zappant les différentes chaînes d'infos de sa télévision. Ça, c'était du bon rush d'adrénaline. Assez pour lui durer une ou deux bonnes semaines. De plus, l'argent était bien parvenu sur son compte bancaire dès que le quotidien de sa ville avait parlé de l'arrivée des notes aux bureaux de police. En ce qui concernait le montant, son client était... généreux.

— C'est pathétique de moi, d'être heureux d'avoir exaucé les vœux d'un client dérangé, dit-il avec un rire nerveux. Le pire, c'est que je ne le regrette même pas.

Il était vraiment devenu un accro malgré lui.

Alors qu'il imaginait les réactions de son commanditaire face aux journaux, son téléphone sonna. Avec une vitesse inouïe, il décrocha et porta le mobile à son oreille.

— Bonjour, vous êtes bien au contact de Benoît Lombard, agence de détectives. Comment je peux vous aider ?

— Vous avez lu les journaux, dernièrement ? L'affaire Duveyrier est devenue le sujet du moment.

Les poils de Benoît se hérissèrent. La voix de la personne au bout du fil... Serait-ce possible qu'elle appartienne à son client ?

Benoît tenta d'imaginer son apparence à partir de sa voix. Son interlocuteur avait une voix aiguë pour un homme, et une voix grave pour une femme.

Autrement dit, il n'était pas plus avancé.

— Tout s'est passé comme c'était censé se passer, dit la voix mystère.

Pas de doute, cette personne était bel et bien son client.

— Il y a juste un élément qui me dérange. C'est une jeune fille du nom d'Élisa Duveyrier.

— Une autre survivante de la famille ? Je n'ai jamais entendu parler d'elle.

— Je ne parviens pas à la localiser depuis quelques jours. Elle est probablement en train de me causer des problèmes, dit le client avant de jurer dans sa barbe. Ce fichu manuscrit et ses dix pages manquantes...

— Comment ça ? Quels problèmes ?

— Retrouvez-la sur le champ. Il faut impérativement l'arrêter.

— Mais... pourquoi ? Expliquez-moi votre cas, et je vous promets de me donner corps et âme à la résolution de votre problème.

La personne à l'autre bout du combiné prit une grande inspiration.

— Vous n'avez besoin de savoir qu'une seule chose pour le moment : Élisa Duveyrier est une femme dangereuse. Ses yeux peuvent voir ce que les policiers les plus malins ne peuvent pas voir. Il est impératif qu'elle ne me voie pas.

— Qu'elle ne vous voit pas faire quoi ?

Une longue pause espaça les prises de parole du client. Pendant ce temps, le passage d'une seconde à l'autre semblait ralenti d'au moins 50 %. Benoît ne voulait rien rater de l'éventuelle réponse à sa question. Il resta alors silencieux au point qu'il entendait son cœur cogner dans sa poitrine.

— Elle... ne doit pas me voir sur la scène de crime. Empêchez-la par la force s'il le faut.

La voix se tut, puis raccrocha, laissant Benoît sans voix, la mâchoire détendue.

Son commanditaire avait quelque chose à voir avec les meurtres ? Il passa d'un état bouche bée à un rire nerveux.

Cela risquait de devenir de plus en plus intéressant.

N'empêche, il venait peut-être de converser avec le tueur qui se faisait dessus à l'idée que cette super enquêtrice le traque.

Si ça se trouve, il lui avait demandé de la mettre hors d'état de nuire d'une manière pas très légale.

Benoît sourit et ouvrit un tiroir d'une main distraite. Il s'empara de l'objet se trouvant à l'intérieur : un poing américain.

Évidemment qu'il acceptait la mission ! C'était un addict.

Il porta l'arme à ses lèvres. Le métal froid lui chatouilla la colonne vertébrale. Le frisson de l'aventure le remplissait.

Il prit ensuite son manteau. Tant de questions, si peu de réponses. S'il voulait comprendre chaque recoin de cette sombre affaire, il n'avait d'autre choix que de retrouver cette fameuse Élisa.

Nos dernières heuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant