Chapitre 21

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Élisa se frappa le crâne pour chasser les pensées intrusives du télépathe. C'était un geste assez discret à faire devant mes autres, et en plus, de leur point de vue, on dirait qu'elle chassait une migraine, ce qui n'était pas si loin de la vérité, au final.

« Hé ! On ne me chasse pas comme ça ! »

Elle fit semblant de ne pas percevoir le son de sa voix et interpella les filles :

— Je dois chercher Henri-Charles. Il faut absolument qu'on parle de ce qu'on vient d'entendre.

Anne-Claude leva un pouce en l'air.

— Excellente idée. De tous les participants à cette réunion, c'est celui qui est le plus probable de te raconter le pourquoi du comment de cette histoire de fraude.

— J'en crois toujours pas mes oreilles, dit Virginie. On est une famille de délinquants. À quoi servaient tous les discours de Maman et de tonton sur la droiture d'esprit des Duveyrier, alors ? Pour faire joli ?

— C'est ce que je vais éclaircir avec lui. J'ai en fait une petite idée de là où il peut se trouver. Quelqu'un vient avec moi ?

Les deux femmes défilèrent leur regard. Comme la dernière fois, aucune d'entre elles n'était particulièrement enthousiaste pour l'accompagner dehors.

— Désolée, mais le ventre de bébé gargouille. Il doit prendre son petit déjeuner. Un peu comme tout le monde ici. Si tu me cherches, je serais occupée à tout réchauffer dans la cuisine.

— Tout réchauffer ? demanda-t-elle, avare de précision.

— Les chefs cuistots ont fait en sorte que nous avions de quoi goûter à leur bonne cuisine tout le long de notre séjour. Il ne reste plus qu'à réchauffer leurs plats. Et devine qui a été désigné pour le faire ? C'est bibi.

Élisa se tourna vers Anne-Claude qui se défilait aussi.

— Moi j'ai des trucs à faire aussi. Désolée ! Et puis, honnêtement, j'ai pas forcément envie de réentendre parler de cette affaire d'espionnage industriel. Ça serait mieux si je me lavais le cerveau, en fait.

Encore avec cette excuse vague. Élisa n'avait jamais pu percer le secret de cette mystérieuse occupation d'Anne-Claude qui coïncidait avec la mort de ses parents.

Elle se fit une autre note mentale : « Vérifier le dessous du lit d'Anne-Claude. Des indices importants y sont peut-être cachés. »

Elle devrait avoir une sacrée mémoire pour garder en tête toutes ces notes mentales. Il serait plus facile de déléguer l'effort de mémoire à une feuille de papier, et de laisser son esprit réaliser autant de manipulation mentale et intellectuelle qu'il désirait.

Pervenche tira le tiroir de sa coiffeuse et y récupéra de fines pages blanches ainsi qu'un stylo bleu qu'elle utilisait pour son journal intime. Parmi toutes les affaires précieuses qu'elle avait mises dans sa valise, elle avait réussi à oublier son journal intime !

Stupide Pervenche, pourquoi est-ce qu'elle était aussi tête en l'air ?

Heureusement qu'Henri-Charles avait toujours du papier sur lui...

— Hein ? dit Élisa, se retrouvant avec quelques feuilles de papier dans une main et de quoi écrire dans l'autre.

Elle avait su, d'une manière ou d'une autre, où trouver ce dont elle avait besoin. La Pervenche en elle avait repris le contrôle. Elle avait même eu accès à des souvenirs et des informations qu'elle n'aurait jamais pu avoir, même en bluffant.

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