Élisa, dans le rôle de Pervenche Duveyrier, et Li, dans le rôle de Henri-Charles Montval, avaient enfin réussi à se jouer des règles sociales des patriarches ; ils pourraient accéder à toutes les informations dont ils avaient besoin.
La seule chose à faire, c'était de ne pas se faire remarquer par un membre de la famille et de se fondre dans la masse. Enfin, de fondre parmi les membres très limitées de la réunion. Ils n'auraient pas la chance de disparaître dans le mutisme. Ils devraient parler et se faire passer pour les personnes qu'ils n'étaient pas sur une réunion dont ils n'avaient aucune information. Dans ces cas-là, il valait mieux donner le ton et dire des choses que l'on n'aurait pas pu savoir seul sur l'affaire, afin de ne pas éveiller les soupçons.
Seulement, Élisa ne pouvait pas le faire. Elle n'était pas censée savoir ce qu'il se passait. L'avocat, par contre, devait avoir une longueur d'avance.
— Nous sommes ici pour discuter de l'affaire Verr'Indus, commença Li. Vous nous avez contacté mon père et moi pour vous représenter contre l'entreprise. Avant toute chose, j'aimerais connaître votre stratégie et position concernant l'affaire. Il est important que l'on s'en sorte.
Li, grand acteur qu'il était, glissa ses doigts entre les siens et les porta à ses lèvres.
— La sécurité de ma tendre fiancée est en jeu.
« Souris un peu plus et regarde-moi dans les yeux. Tu es censée être follement amoureuse de moi, là. »
Élisa s'efforça donc, contrairement à son début de matinée, à le regarder droit dans les yeux alors qu'il était tout près, et à lui donner des gestes tendres. Elle s'efforça de ne pas tendre ses muscles, et de paraître la plus détendue possible.
C'était un peu impossible avec cet homme qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à celui qu'elle trouvait beau gosse.
Ah.
Elle avait encore pensé comme si elle se trouvait toute seule dans sa tête, alors qu'il était là, impassible.
Enfin, pas vraiment, il venait de lâcher un petit sourire gêné.
Olivier, en les voyant rougir au contact de l'un avec l'autre, éclata de rire.
— Ah, la jeunesse ! Vous êtes toujours aussi mignons, vous deux.
Bon. Si ça fonctionnait, ce n'était pas si mal. Élisa devait avouer que sa réussite ne concernait pas seulement ses sublimes qualités d'actrice, qu'elle avait appris pendant ses plongeons dans Harriet Pommier. Elle avait également été prise dans un engrenage émotionnel, personnel, et elle n'avait aucune idée de comment s'en sortir.
« J'aime bien le visage que tu fais quand tu es pris dans un "engrenage émotionnel personnel". Je prends ça comme un "je t'aime, Li ! T'es trop beau !" »
Élisa dégagea sa main de l'emprise de Li et lui pinça la cuisse en dessous de la table.
Papi Phillipe conservait ce sourire radieux en les considérant, puis une pensée lui ruina son humeur, car il devint mélancolique.
— Ah, c'est beau. J'aurais tellement voulu qu'Anne-Claude comprenne la nécessité d'aimer avec raison. Elle me file entre les doigts, et je le sens bien. Les préceptes du Cygne lui passent par la tête.
Le pauvre. Il allait perdre sa vie le premier, avec Murielle. D'ailleurs, celle-ci prit son mari dans ses bras, et il accepta volontiers ce contact physique.
— Je suis sûre que vous pourriez avoir des relations saines, bientôt. Elle est simplement dans l'âge où elle a besoin de s'affirmer.
— J'aimerais que ce soit simplement ça, chérie. Je ne peux pas la perdre pendant une période aussi charnière de sa vie.
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Nos dernières heures
Mystery / ThrillerSuite à l'accusation de sa mère pour le meurtre sanglant et impuni de toute sa famille, une empathe de 15 ans enquête en incarnant l'une des victimes. Elle obtient ainsi son témoignage perdu et ressent tout des dernières heures de son existence : se...