Chapitre 36

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Élisa courait dans les couloirs, bondissait sur les marches des escaliers, et montait : direction, la chambre d'Anne-Claude.

Elle courait, les yeux fixés vers le haut de l'escalier, et y vit une masse en costume.

Elle reconnut le corps instantanément.

— Pa... Papa ?

Papi Olivier ne bougeait pas. Son dos se trouvait face à elle. Son costume, d'un olive profond, se tachait ici et là d'une couleur plus sombre et plus rouge.

— Oh... Non !

Elle accéléra le pas aussi vite qu'elle pût, mais elle ne put infirmer sa première impression, qu'était la bonne. Papi Olivier venait de trépasser lui aussi. La zone autour de sa nuque et du col de sa chemise était notamment endommagée. Comme dans les précédentes incarnations, le meurtrier s'était amusé à briser les os de ses victimes. Élisa eut envie de pleurer de fatigue, mais elle se retint le mieux qu'elle pouvait : elle avait d'autres éléments à observer. Aussi horrible que fût la situation pour sa famille, elle ne pouvait plus se permettre de réagir comme eux : elle avait une mission, et se devait de l'accomplir, même si leurs corps s'empilaient devant elle.

— Papa... Non, ça ne sert à rien. Tu ne m'entendras pas. Tu es déjà parti. Au revoir, Papi Olivier. On ne se reverra pas une prochaine fois, malheureusement. Je ne resterais pas une minute de plus ici !

Élisa contourna son corps puis monta les marches dont elle eut besoin pour atteindre l'étage des chambres.

Sans difficulté, elle ouvrit celle d'Anne-Claude, et se jeta sous son lit. Elle tendit le bras puis y extirpa une sorte de boîte.

Une fois que la boîte fut sortie, elle put enfin voir de quoi il s'agissait : de feux d'artifice.

Alors tout ça avait véritablement un rapport avec des flammes... La mauvaise impression se confirmait peu à peu.

Que souhaitait-elle faire avec ces feux ? En les manipulant mal, quelqu'un pourrait déclencher un incendie.

Et si c'était ça, le but d'Anne-Claude depuis le début ?

Pendant qu'elle se posait ces questions, un « pop » explosa dans ses oreilles. Le son semblait parvenir de dehors. Elle tourna la tête, et vit des poussières de lumière descendre sur le jardin de l'île. Mais quelque chose avait changé. Elle ne se sentait plus comme avant.

Elle avait chaud.

Élisa lâcha la boîte en carton, et, mue par une intuition macabre, se jeta de nouveau dans les escaliers. Elle put confirmer son intuition en regardant la tête en bas : des flammes consommaient le sol.

Le tueur avait enclenché son dernier piège en marche ; il les brûlerait tous, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de témoins.

— Merde, merde ! Li t'a vu ça ? J'arrive pas à y croire.

Li ne lui répondait pas. Lui qui était si facilement entré dans sa tête, lui qui adorait s'infiltrer dans la conversation quand personne ne l'avait invité.

— Li ? Li ! Réponds-moi, s'il te plaît !

Il ne répondit toujours pas. Élisa commença à envisager le pire.

Elle se dirigea de nouveau vers le bas des escaliers, quand elle entraperçut quelque chose du coin de l'œil. Elle était arrivée au niveau du premier étage et ce qui avait attiré son regard se trouvait entre le couloir et le salon. Ce qui avait attiré son regard était le corps de Virginie, violemment meurtri.

Élisa déglutit, mais continua de descendre, le pas de plus en plus agité.

— Faîtes qu'il n'ait rien ! Faites qu'il n'ait rien !

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