Chapitre 12

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Élisa remercia son papi pour la réponse, et annonça son départ. Elle allait s'offrir une petite visite et faire le tour de la propriété.

Virginie et Anne-Claude sautèrent sur l'occasion pour s'en aller également et fuir la réunion familiale.

C'était parfait ! Elles pourraient se faire guider par l'une d'entre elles.

Les filles et le bébé revinrent sur leur pas et se retrouvèrent dans le hall d'entrée principal. Dès que la dernière personne s'échappa du couloir menant à la mini-usine, elles soupirèrent, comme si cette séance les avait noyés.

— Quelle horreur ! s'écria Anne-Claude. Péri, je t'adore, mais par ta faute on vient de se faire cygniser.

— Ça veut dire quoi « cygniser » ?

— C'est littéralement ce qui vient de se passer. On laisse Oncle Philippe parler pendant deux secondes et il commence sa rengaine sur la « gloire du Cygne » où je ne sais pas quoi. T'a même pas le droit de dire ce que tu penses. Tu ne peux même pas faire son speech à sa place ! Pourtant, on pourrait chacun le faire, vu le nombre de fois que ça nous est arrivé.

Anne-Claude se frotta les yeux.

— T'imagines pas le nombre de fois où il a expliqué point par point la symbolique de son foutu prototype cygnesque et de sa relation au couple sacré. Je pourrai en vomir.

Élisa trouvait l'histoire des oiseaux amoureux plutôt originale et mignonne, contrairement à ses pairs. C'était probablement parce qu'elle ne l'avait entendu qu'aujourd'hui. Si elle avait été amenée à vivre avec lui pendant un nombre prolongé d'années, entendre la même histoire jour après jour l'aurait sûrement dégoûtée elle aussi.

— Désolée les filles. Je garderai ça en tête pour les prochaines matinées. Pour vous changer les idées, est-ce qu'une balade dans la maison vous dirait ? On pourrait chercher Henri-Charles ensemble, en plus.

Virginie pointa Josué du doigt, qui mâchouillait son pouce.

— Désolée, mais le petit doit manger. Tout le monde devrait manger en fait. Faut que je fasse le petit déjeuner.

— Mais pourquoi c'est toi qui le fais ? Où sont les domestiques ?

Virginie leva un sourcil ; elle ne comprenait pas sa question. Tout était évident de son côté.

— Encore une super idée de Papi Philippe. Il ne veut pas « d'espions » pendant les réunions stratégiques d'Anatidae. Du coup c'est qui qui se tape tout le boulot ? C'est bibi.

Elle partit dans une autre direction en boudant, probablement celle de la cuisine.

Anne-Claude se gratta la nuque.

— Elle fait trop pitié, faudrait que je l'aide. Même si je ne sais rien faire à part concocter des omelettes cramées.

Ah, non. Elle n'était pas cramée du tout sa cuisine. Enfin, pas dans le présent dans lequel Élisa vivait au quotidien.

Anne-Claude marmonnait son excuse tout en bifurquant dans un autre chemin que celui pris par Virginie.

— La cuisine, c'est pas plutôt par-là ? lui demandai-je en pointant le couloir où la petite sœur de Pervenche s'en était allée.

Elle répondit avec un rire nerveux.

— Oui, oui... Je dois juste vérifier deux ou trois trucs. J'arrive !

Elle fila ensuite vers les étages supérieurs.

Élisa leva les yeux au ciel.

— Elles m'ont laissée toute seule. Je n'arrive pas à le croire. T'arrives à le croire ça, Li ?

Nos dernières heuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant