C'en était trop.
Sa mère était la plus suspecte de tous.
Dans toutes les incarnations qu'elle avait vécues, elle n'a jamais vu sa mère mourir. Elle l'avait bien vu tomber, une fois, mais ça n'était pas assez convaincant. Elle n'avait jamais pu confirmer son statut de cadavre, donc ça ne comptait pas.
Sa mère avait le mobile : elle souhaitait à tout prix fuir l'oppression de la famille et de ses obligations de future successeuse.
Elle voulait vivre une vie simple, pleine d'amour avec un homme dont elle prêtait les plus belles intentions. Avec lui, elle avait fait un enfant qu'elle voulait garder bien qu'il n'ait pas été attendu. Elle ne lui avait pas encore dit, mais espérait qu'il accepte la situation. D'un autre côté, elle devait absolument faire en sorte que son père et le reste de sa famille l'acceptent pour qu'elle puisse faire grandir son bébé dans les bonnes conditions.
Avait-elle prévu de les faire chanter ? Les sales secrets des riches industriels pouvaient faire suffisamment pression.
Enfin, sa mère avait le moyen de commettre ces crimes.
Tout d'abord, elle possédait plusieurs clés lui servant à naviguer dans le domaine. Après tout, elle était la fille aînée du président. Elle avait un accès privilégié à des lieux que d'autres membres de la famille ne pouvaient pas imaginer.
Quand Élisa avait voulu vérifier l'état des câbles à la seconde édition, elle n'avait pas pu ouvrir le local et s'était confrontée à une porte fermée. Les seules personnes pouvant saboter les fils étaient donc celles étant en possession de la clé. Philippe les avait. Et à moins que l'on vienne les lui voler, il n'y avait qu'Anne-Claude qui pouvait y accéder.
Elle pouvait donc couper les câbles d'un coup de ciseaux, plongeant sa famille dans un trou de ver isolé du monde. Ainsi, personne ne pourrait les sauver le temps qu'elle finisse son affaire.
Elle avait la clé pour rentrer dans le bureau de son père, et elle possédait peut-être le code qui permettait d'accéder au pistolet, qui avait disparu de son emplacement.
Elle avait le mobile et le moyen : la suspecte idéale.
Élisa ne pouvait plus le dénier. À part sa mère, elle ne voyait vraiment pas qui pouvait être le coupable de ce massacre familial.
C'était avec désespération et tristesse qu'elle se leva du lit, et se retira de la présence radieuse de sa jeune mère. Malheureusement, elle ne pouvait plus se sentir en position de sourire. Elle suspectait, bien qu'elle ne pût pas le sentir, une aura malicieuse tourner autour d'elle.
Élisa s'excusa de son départ, puis, dès que la porte se referma, fonça le plus vite possible vers Li.
Comme s'il entendait ses pensées (enfin, pas vraiment « comme si »), il débarqua du salon.
Il vit son air désespéré.
— Je suis désolé.
— Ne t'excuse pas. De toute façon, tu es content, n'est-ce pas ? Tu vas pouvoir torturer ton cher assassin.
— Pas tant que je n'ai pas de preuves formelles.
— Pas de preuves ? Mais qu'est-ce que tu veux de plus ? Je veux plus de tout ça. Je veux juste que cette souffrance cesse.
Li la considéra avec pitié et s'approcha d'elle, sa main près de son crâne. Il s'apprêtait probablement à lui caresser la tête. Mais il ne le fit pas.
— Est-ce que je peux te caresser la tête ? J'ai l'impression que tu en as grandement besoin.
Élisa resta silencieuse un moment en considérant sa proposition. Elle trouvait en fait bizarre qu'il demande avant, pour une fois.
VOUS LISEZ
Nos dernières heures
Mystery / ThrillerSuite à l'accusation de sa mère pour le meurtre sanglant et impuni de toute sa famille, une empathe de 15 ans enquête en incarnant l'une des victimes. Elle obtient ainsi son témoignage perdu et ressent tout des dernières heures de son existence : se...