Merlin avait pris grand soin de remplir le plateau d’Arthur de tous les mets qu’il aimait le plus. C’était la moindre des choses qu’il puisse faire étant donné qu’il était, encore une fois, terriblement peu en avance. D’un demi tour agile, il déroba un petit pain de plus dans le dos de l’affreuse cuisinière, qui ne se cachait pas de le déprécier grandement. Et c’est ravie de son petit tour de passe-passe, lui qui était capable de grande magie, qu’il prit la direction des appartements de son roi. C’est non sans angoisse de se faire sévèrement réprimander qu’il franchit la porte.
Durant toutes ses années de service, il avait fait face, il le croyait, à toutes les situations possibles en franchissant ces portes. Mais la simple vue d'un Arthur encore endormi le troubla. Pas que, à l’époque où il n’était encore que Prince, Arthur n’est pas, à quelques occasions rares, oublié de se lever. Mais là, les choses étaient différentes. D’abord sa position était bizarre. Il était sur les draps et non sous les épaisses couvertures qu’on ne souffraient pas en ce début de printemps sur les terres de Bretagne. Et puis son visage… Merlin ne lui aurait pas même avoué sous la torture mais il avait souvent saisi l’occasion de détailler ses traits endormi. Tellement empreints d’une sérénité et d’une douceur qui ne le caractérisait que rarement une fois éveillé. Et l’expression de son visage à cet instant reflétait la terreur comme il l’avait rarement vu. Prudemment, Merlin posa son plateau sur la grande table et s'approcha du lit.
-Messire ?
Bien que sa voix ne fut qu’un souffle, Arthur se réveilla dans un sursaut terrible. Affolé. Et tremblant. Après quelques secondes à regarder perplexe un Merlin qui l’était tout autant, il sembla se reprendre. Il passa une main sur son visage et secoua la tête comme un chien s’essuie de l’eau.
-Tu es en retard Merlin.
Grommela t’il de son ton condescendant habituel.
-Oui mais j’ai de quoi me faire pardonner. Il désigna la table. Tout ce que vous aimez et en quantité.
Arthur eut un petit sourire et se dirigea vers le festin qui l’attendait. Pendant ce fait, Merlin se hâta de fermer la fenêtre dont le courant d’air lui glaçait jusqu’aux os.
-Comment diable avez vous fait pour ne pas attraper la mort à dormir toute la nuit dans ce courant d’air et sans couverture ? Votre robustesse m’étonnera toujours sire, à croire que quelque chose à enfin sû égaler votre arrogance.
-Tu sais ce qui m’étonne moi Merlin ? C’est d'à quel point tu es inutile ! Même ramener un repas digne de ce nom tu en es incapable ?
-Je ne comprends pas …
-C’est immangeable !
-C’est pourtant tout ce que vous aimez .. La poule à mijoté toute la nuit et les œufs comme le bœuf sont frais… Je ne comprends pas.
-J’ai bien vu que tu ne comprenais pas grand chose à quoi que ce soit Merlin.
Il lui posa le plateau dans les mains. Apporte moi quelque chose d’autre. De comestible si possible. C’est dans tes cordes ? Et dépêche toi. Il faut que tu m'habilles pour l’entraînement.C’est les sourcils froncés que Merlin prit de nouveau le chemin des cuisines. Par curiosité, il goûta dans l’assiette d’Arthur. Tout était bon. En tout cas rien n’était passé.
Ce matin-là, Merlin fit beaucoup d'aller-retour entre la chambre d’Arthur et les cuisines. Quoi qu’il lui apporta, il finissait par renvoyer son plat après une seule bouchée. Et au vu de l’air de profond dégoût qu’il avait sur le visage, Merlin savait que le roi ne feignait pas. Pourtant il avait lui même goûté tous les plats, et ils étaient délicieux. Quelque chose lui échappait. à cours d’idée et ayant épuisé la quasi-totalité des ressources du garde manger, Merlin se saisit d’une coupe de fruit. Se disant que, peut-être, avec quelque chose de sucré, le résultat serait différent. Il savait qu’Arthur ne mangeait pas de douceur, mais il commençait à désespérer. Et il n’était pas le seul. Le regard d’Arthur était lui aussi préoccupé de ce qu’il se passait. En voyant Merlin passer la porte, il se précipita sur ce qu’il portait en main. Il se saisit d’une pomme et la mordit à pleine dents. Mais après quelques secondes à afficher la pire des grimaces, il se saisit de la corbeille et vida avec joie le contenu de sa bouche, étonné lui-même de n’avoir rendu tout ce que pouvait encore contenir son estomac.
-Pourquoi cette pomme est-elle aussi acre ? Il planta dans ceux de Merlin des yeux pleins d’incertitude. Le jeune sorcier se saisit de la pomme que tenait encore son maître et croqua à son tour dedans. Sans se cacher cette fois.
-Elle est acidulée et sucrée messire… Pas acre … Peut être devrions nous faire mander Gaïus…
-Crois tu que ce soit si grave ?
Merlin haussa les épaules. Démuni.
-D’accord … Fait le mander mais … Je ne me sens pas malade.
-Nous ne serions jamais assez prudent avec votre santé majesté. Je reviens vite.
Arthur regarda Merlin disparaître. Courant presque à la quête d’un médecin et c’est là qu’il se rendit compte de la gravité du mal qui l’habitait. Pourquoi, peu importe l’aliment qu’il mangeait, il avait ce goût horrible dans la bouche ? Et s’il ne retrouvait jamais plus les saveurs des choses. Et s’il était obligé de manger des aliments aussi infectes pour le reste de sa vie. Pourquoi sa tête tournait-elle ainsi.
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Le mystère s'épaissit...
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Une saison dans le Stupre[Merthur]
ФанфикLes plans de Morgane pour récupérer le trône de Camelot prennent une bien étrange tournure. Face au maléfice qui prend possession du corps d'Arthur, Merlin devra faire de choix difficiles; entre son profond lien d'amitié envers son souverain ou l'av...