Chapitre 18

887 60 10
                                    

Merlin, d’une seule de ses mains tendue, prépara un bain. Il se leva ensuite. Se déshabilla et alluma quelques bougies. Ses pieds nues aplatissant légèrement les herbes tendres de la prairie qui avait remplacé le parquet ciré. Arthur, toujours assis, le regardait docilement vagabonder et ainsi dévêtu, dans son plus simple appareil, entouré de cette nature factice, il le trouvait beau. D’une délicatesse digne d’une dame si l'on regardait ses gestes précis, ses doigts habilles et ses jambes merveilleusement longues qui remontaient, semblait il, à l’infini jusqu'à ses rondeurs parfaites. Se dégageait aussi de lui une force tû, dans son ventre plat où se contractaient ses abdominaux lorsque les flammes sortaient de son index gracile. Dans la légère bosse que formait son biceps lorsqu’il portait un chandelier d’argent. Et en son visage, en ses lèvres souriantes autant que son regard, se laissait voir l'envoûtante combinaison de cette maîtrise incroyable, de ce pouvoir sans limite et de la douceur et la bonté qui animait chacun de ses gestes. 

-Merlin il n’y a plus d’huile pour le bain. Dis Arthur pour esquiver le fait d’expliquer à Merlin pourquoi il le dévorait des yeux, alors qu’il avait semble t’il tellement perçu son regard sur lui et qu’il s’en était retourné en sa direction. 

-Ce n’est pas un problème. affirma t’il  un grand sourire aux lèvres. 

Il se rapprocha de la baignoire et joignit ses mains tendues devant lui. Soudain elles débordèrent doucement de petites fleurs blanches et de roses bien plus grosses. Dès qu’elles touchèrent l’eau bouillante, une douce odeur envahit la pièce. Arthur passa sa chemise par-dessus sa tête et se rapprocha de Merlin. 

-Qu’est ce ? 

-Des fleurs de jasmin et de magnolia. Dans mon village, on fait prendre un bain de ce genre aux futures mariées. J’ai toujours adoré cette odeur. Mais comme je suis un homme et que ces fleurs sont rares, je n’ai jamais pû … Confessa Merlin.

-Alors tu fais bien d’en profiter. Le rassura Arthur qui sentait que la voix de son serviteur tremblait. Ce garçon était bien trop sensible. Il l’avait suivi sur les champs de bataille et avait plusieurs fois vu la mort de près sans beaucoup sourciller et pourtant lors des chasses il fermait les yeux lorsqu’on saignait un lapin, il avait un attrait terrible pour la poésie, les fleurs et les parfums apparemment. Arthur se dit que décidément, il était bien complexe. 

Merlin aida dévotement son roi à finir de se dévêtir et ils entrèrent dans l’eau chaude. Mais le bain ne les engourdi pas comme ça avait pû être le cas la veille. Arthur regarda son corps. Ses mains, ses poignets, ses jambes, son sexe, tout ce qu’il pouvait voir de lui assis comme il l’était, tout ce que Merlin avait touché. Il regarda son serviteur, les bras étendu contre les rebords, la tête penchée en arrière profitant des vapeur à humer. Il détailla ses lèvres et sa gorge exposée. Son torse et son ventre dont le bas était immergé sous l’eau. Tant d'endroits qu’il avait touchés. Une barrière avait été franchi entre eux. Une barrière qui n’aurait jamais dû l’être au vu de la position hiérarchique dans laquelle ils évoluaient depuis toujours. Une barrière qu’il serait difficile de reconstruire une fois le temps venu. Une barrière qu’il sera impossible de prétendre ne pas avoir franchi un jour. Un mensonge cassé par l’acte. Bienveillant le temps de l’aveuglement. Inévitable une fois confronté. 

-Je sais que la nuit est déjà bien avancée mais comme nous avons dormi une bonne partie du jour, je ne me sens pas fatigué le moins du monde. 

-Peut être veux tu que je te donne quelques corvées à faire … Tu pourrai commencer par nettoyer mon armure, j’ai peur qu'à force de ne pas l'utiliser elle finisse par rouiller. 

Merlin fit briller ses yeux et à l’autre bout de la pièce, l’armure commença à se nettoyer d'elle-même. 

-N’avez vous rien de plus distrayant… 

'Alors tu te plaignais de ton travail alors que tu pouvais faire ça ? 

-Mais Gaius m’obligeait à ne pas utiliser la magie pour mon travail … Seulement pour vous sauver.. Jusque là j’ai fait toutes les corvées que vous m’avez ordonné. 

-Comme si j’allais te croire… Tu aurais été fou de ne pas utiliser ces dons. 

Merlin eut du baume au cœur en entendant le mot “ dons” pour désigner sa magie. “Dons”, c’était une appellation positive, la première de sa part sur ses pouvoirs. 

-J’avoue que je trouvais ça fou aussi et puis je vous ai vu vous entraîner si dur pour votre rôle à venir, chaque jour. Et … Je voulais moi aussi excellé. Vous montrer que je n’étais pas juste un incapable. Et je n’avais pas envie que vous pensiez que j’étais un tricheur. Je ne voulais le devoir qu'à ma détermination pas grâce à quelque chose qui est en moi sans que je ne l’ai choisi. C’est vous qui m’avez dit la première fois qu’on mesurait la véritable valeur d’un homme à ces choix. Alors j’ai fais le choix de n'utiliser la magie que pour vous. Pour faire perdurer votre vie et la stabilité du royaume. 

Arthur fût touché. Considérablement. 

-Pourtant, depuis que je suis au courant, tu t'en sers beaucoup devant moi. 

-Pour vous montrer qu’elle peut être utile et que la plupart du temps, elle est bien inoffensive. 

-Je ne suis pas assuré de cela. J’ai bien trop subi à cause d’elle. Je ne serai pas prêt à l’épouser comme cela, sans la moindre réticence. 

-Voyez alors cela comme ce que vous connaissez le plus. Une épée est faite pour tuer. Elle crée des veuves et des orphelins en masse sur les champs de bataille. Mais elle permet à celui qui la manie de rentrer dans sa patrie et d’embrasser sa femme et ses enfants avec la certitude que grâce à cette épée et celles que porte ses compagnons, il n’arrivera rien aux personnes à qui il tiens le plus. La magie n’est pas différente d’une épée. Vous me direz que pour ceux qui ne peuvent la pratiquer c’est une chose déloyale, mais il n’est pas donné à tout le monde d’apprendre à tenir une arme. 

C-omment peux tu si souvent te comporter comme un enfant et avoir des paroles de sage à d’autre moments… 

-C’est parce que je suis particulièrement sage que l’enfant en moi vit toujours, jamais je n’ai dû l'étouffer comme tous les gens qui habitent ce chateau. 

-Ça me paraît bien présomptueux comme raisonnement… Mais tu sais quoi Merlin ? Enfant ou sage, vérifions cela tout de suite. Si la magie est comme une épée. Affrontons nous. 

-Vous voulez que nous combattions ? 

-Un simple entraînement… Nous retiendrons nos coups. 

-Je ne pense pas que ce soit une bonne idée… 

-As-tu peur que ton “épée” ne sois pas aussi tranchante que la mienne. Arthur avait un regard plein de défis, porter par l’ennui de son isolement et le sentiments de honte qui avait pris place en lui depuis que Merlin l’avait possédé comme une femme. Merlin voulut lui dire que c’est lui qui avait fait forger son épée et qu’elle aussi était empreinte de magie. Mais il se tut. Il ne voulut pas priver le roi de ce grand moment de joie qui l’avait saisi lorsqu’il avait retiré excalibure du rocher. Quand il s’était, pour la première fois, senti légitime en tant que roi de Camelot. 

-D’accord. Alors battons nous. Répondit Merlin, son humeur soudainement tourné vers l'espièglerie. 

Arthur changea d’esprit lorsqu’il vit la détermination enflammer l'œil de Merlin. Il ne parlait pas sérieusement en réalité. Il le taquinait juste, comme il l’avait toujours fait jusqu’alors. 

-Et tu sûr de toi ? Je ne voudrais pas te blesser.. C’est que tu n’es pas très vif !

Pour appuyer son propos, d’un revers de la main il envoya une giclé d’eau au visage de Merlin. Mais elle ne l'atteint jamais. Malgré la surprise du geste, Merlin avait eu le temps d’arrêter l’eau dans sa course. Les bulles flottaient. Immobile. Merlin eut un sourire satisfait et d’un regard illuminé l’eau retomba dans la baignoire sans l’eclabousser en rien. 

-Alors depuis toutes ces années, tu me laisses te frapper ? 

-La plupart du temps oui ! Sourit gaiement Merlin. Heureux qu’on reconnaisse enfin un peu de sa valeur.  

Arthur se leva précipitamment. Son corps ruisselant, il ordonna à Merlin de le préparer pour le combat. 

___________________________

Avouez Merlin est cute...?

Une saison dans le Stupre[Merthur]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant