Chapitre 25

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Merlin entra chez Gaius comme si ce n'était pas aussi chez lui. Il avait passé tellement de temps dans les appartements du roi ces dernières semaines que lorsqu'on lui disait le mot " rentrer" ce n'est plus à sa chambre chez Gaius qu'il songeait en premier. Mais bel et bien au faste et au luxe de la chambre princière. Mais s' il y réfléchissait correctement, ce n'était pas réellement ça. Non en fait il n'avait pas l'impression d'être chez lui dans ce décor pourpre nuancé d'ébène et d'autres bois rares dont était fait le mobilier. Ni dans les fils d'or dont étaient cousu chaques draps, baldaquins et napperons. Encore moins dans cet espace immense. Enfaite il se sentait chez lui dans la fossette que dessinait le coin de la bouche d'Arthur lorsque celui souriait de façon ironique à ses sarcasmes, ou dans le pincement de ses lèvres lorsqu'il le voyait faire une bourde impromptues dans un endroit public et que, seul lui l'avait remarqué. Il se sentait chez lui encore dans ses yeux bleu rieurs et pourtant constamment inquiet. Dans son simple touché. Qu'il soit doux et voluptueux ou plus virile, lors de ces petites tapes discrètes derrière la tête où sur le bras pour le punir d'une bêtise qu'il aurait faites ou plus souvent, pour avoir dit une chose peu flatteuse sur son roi qu'il aurait mieux fait de taire. Depuis son arrivée ici, Arthur était une constante rassurante. Oh bien sûr les débuts avait été hasardeux, mais sa présence, bien qu'il puisse se montrer capricieux et injuste par moment, sa présence ne le quittait pas. Jamais, tous les jours durant tellement d'années. C'était Arthur son chez lui à présent. Pas Isidore, pas sa chambre chez Gaius. Là où il irait seulement. Et Merlin se demandait, le cœur amère. S'il retrouverai un endroit qu'il pourrait appeler " maison" une fois qu'Arthur se serait débarrassé de lui, dans moins de deux semaines... Un endroit oui. Parce qu'il avait l'intime conviction que jamais plus il ne se sentirait autant lui-même avec personne d'autre.

-Que fais- tu ici ? À cette heure ? S'enquit Gaius.

Merlin detailla l'endroit presque avec nostalgie. De celle qui nous prend à l'heure du départ et qui rend toute la monotonie d'un lieu, plus que merveilleux à voir. Les hauteurs de la pièce où se trouvaient les bibliothèques. Des endroits où ils avaient passé tant d'heures à chercher le bon grimoire qui le sortirait du dernier enchantement qui menaçait le royaume. Et c'est aussi là qu'il passerait sans doute une partie de sa journée, pour les mêmes funestes raisons. Son regard descendit sur les étagères encombrées de bocaux de plantes en tous genres. Il ne s'attarda pas trop sur le verarium à sangsues qu'il ne regretterai pas de ne plus avoir à nettoyer en revanche. Puis, les tables les lits jusqu'à la cheminée où brûlait un feu sans fin qu'il avait lui-même fait apparaître. Au-dessus, le chaudron de la potion qui devait guerrir Arthur bouillonnant doucement. Une cuillère ensorcelé le remuait à intervalle régulier, sans qu'on ait besoin de toujours s'en soucier. Avec Arthur cloitré dans sa chambre et Uther, mort depuis longtemps, quelques petits gestes magiques revenaient poindre le bout de leurs nez, ici et là, en toute discrétion. Merlin se rappela enfin que Gaius lui avait posé une question juste avant qu'il ne rentre en contemplation.

-Je ... Nous avons un problème...

-Je me doute bien, à part ta petite visite journalière le matin de bonne heure, il est rare que tu ne sorte des appartements du roi. Et même si j'ai sû, jusque-là, tenir ma langue sur la nature de tout ce qu'il se passe dans cette chambre, dit toi bien que l'on commence à jaser ...

-Quoi ?! S'étrangla Merlin. C...comment ça ?

-Et bien j'ai entendu messire Perceval et messire Gauvain parler et ce dernier a dit, et je le cite " Merlin ne sort plus de cette maudite chambre ! Je me demande bien ce qu'il se passe là dedans. Je suis persuadé qu'il s'en passe beaucoup plus qu'il ne serait décent d'en dire".

Merlin blanchit un peu ... Il n'aurait jamais cru Gauvain capable de jalousie. Car c'était bien ce que c'était. De la jalousie bien mal dissimulée sous un peu de haine. Mais ce qui le rassurait un peu, c'est que Gwain avait pour habitude de voir de l'amour charnel dans toutes relations, ne pouvant lui-même pas en imaginer une sans cela. Alors, à force, personne ne croyait plus vraiment à ses suspicions.

-Mais bon, suffit de commérages! Dis moi plutôt ce qui t'emmène et en quoi je peux t'aider.

Merlin lui offrit des yeux étonnamment tremblants.

-Gaius ... Sa voix n'était qu'un souffle. - J'ai besoin d'un miracle.

Le médecin d'expérience le détailla comme il savait si bien le faire; les mains croisées dans le dos, son regard vous scrutant de bas en haut. Et après qu'il se soit arrêter quelques instants sur le visage de Merlin et y lisant jusqu'au tréfond de son âme, comme seul lui en avait le secret, c'est sans jugements aucun qu'il ferma les paupières et qu'un petit sourire naquit sur ses lèvres.

-Pour tous les miracles et les bénédictions, je pense qu'il serait plus sage que tu t'adresses à Emrys. C'est toi qui est spécialiste pour cela Merlin.

-Oui. Peut être. Mais rarement sans vous.

Un sourire discret encore sur le visage du précepteur.

-Dans ce cas ... Explique moi et mettons nous au travail.

Merlin hocha fébrilement la tête. Il n'avait que peu connu son père. Mais il se dit à cet instant qu'une figure paternelle ne devrait être rien d'autre qu'un homme comme Gaius. Quelqu'un qui croit en vous plus qu'en lui-même, qui jamais ne vous juge et qui toujours vous aide. Et il avait besoin de son aide. Il fallait qu'il trouve un moyen. Un moyen de construire le royaume dont il rêvait sans cesse tout en protégeant celui qu'il aimait. Celui sans qui, ce royaume aurait péri dans les flammes depuis de bien nombreuses années.

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Hey ! désolé.e j'ai quelques jours de retards dans ma publications... J'ai pas mal de contretemps ces derniers temps mais j'éspère pouvoir être plus présent.e très bientôt. En tout cas merci de suivre cette histoire !

Une saison dans le Stupre[Merthur]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant