Chapitre 39

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La ville était exactement comme Eleanor l'avait imaginée. Lugubre. Sombre. Effrayante. Les rues étaient trop calmes, et il y régnait un silence pesant. La semi-obscurité de la nuit prête à tomber offrait aux ruines des aspects tordus et macabres. L'atmosphère semblait emprise d'une menace qui dormait dans l'obscurité et le chant des grincements des bâtiments faisait trembler leurs cœurs déjà emplis d'appréhension. Chaque pas qui résonnait entre les maisons les rapprochaient encore plus de la Faucheuse qui avait l'air de les attendre où qu'ils aillent. Le vent qui sifflait ne les aidait pas à se défaire de ce sentiment si meurtrier dans ces moments d'une telle importance ; elles avaient l'impression qu'elles allaient y rester. Elles avaient le sentiment que Noxmore, qui n'avait jamais aussi bien porté son nom, allait devenir leur tombeau. Le cliquetis des horloges, si nombreuses dans la ville, faisait naître un sentiment d'urgence dans leurs cœurs. La fin était proche, qu'elle soit la leur ou celle des terroristes.

— Nous sommes arrivées...

La voix d'Amelia n'était qu'un murmure, comme si elle essayait de se cacher de quelconque menace rôdant autour d'elle.

— La cathédrale...

Eleanor leva les yeux vers la sombre bâtisse qui s'ouvrait à elles. Contrairement à toutes celles qu'elles avaient rencontrées, celle-ci semblait intacte. Elle donnait l'impression d'avoir traversé les siècles, et ce malgré les intempéries. La pierre sombre avec laquelle elle avait été construite et sa forme menaçante lui offraient un air lugubre et presque mortel, comme si elle appartenait déjà à l'autre monde.

— C'est l'endroit rêvé pour un terroriste, marmonna Clementine pour tenter de détendre l'atmosphère.

— Ce... n'est pas le moment, Hazard...

— Vous êtes effrayée, sergent ?

La mécanicienne s'attira seulement un regard noir d'Amelia. Derrière l'irritation, elle le vit. Le reflet de sa propre peur. Le reflet de ses propres inquiétudes.

— Allons-y...

— ... avant de perdre espoir... chuchota Clementine.

Amelia fit mine de ne pas l'entendre, mais son frisson fut sans équivoque.

— Je suis pas trop convaincue, là...

Eleanor parla pour la première fois depuis qu'elles étaient arrivées. Elle avait beau fait de son mieux pour masquer le tremblement de sa voix, pour l'oreille sensible d'Amelia, c'était la même chose. Si la sergent ne prononça pas un mot, ce fut son visage qui parla pour elle. Elle tenta de peindre une expression rassurante.

— Ça va aller, finit-elle par souffler. Tout se passera très bien. Nous... nous allons réussir. Il n'y a pas d'autres alternatives.

— Rassurant...

Amelia posa un regard noir sur la mécanicienne et allait s'approcher des portes de la cathédrale, quand des bruits de pas se firent entendre derrière elles. Figée pendant quelques secondes, elle n'osa pas bouger quand elle entendit une exclamation dans son dos.

— Amelia ! Tu es vivante !

La caporale alla se jeter au cou de son aînée.

— Madeline.. ? Mais vous n'étiez pas à...

— Si, la coupa Juliet d'un ton froid. Cependant, ici est l'endroit où tout se finira. Que ce soit en bien ou en mal...

— Je...

Perturbée, Amelia ne savait quoi penser, entre l'excessive affection de sa cadette qui restait toujours collée à elle et le ton et le regard glacial de Juliet.

Engrenages Sanglants I : Soldats De CuivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant