Chapitre 24

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Clementine s'écarta des cercles.

— Cherchons s'il y a autre chose.

Eleanor hocha la tête et s'approcha d'un mur et y passa les doigts, dans l'espoir de trouver un bouton, une encoche.

Sa main rencontra bientôt une pierre plus mobile que les autres.

— Clementine.

Sous les doigts d'Eleanor s'était ouvert un passage sombre. Des ampoules encore allumées grésillement dans le couloir, qui semblait s'enfoncer encore plus profondément dans les cryptes de la cathédrale. Une odeur nauséabonde commença à se faire sentir, mêlant une émanation de mort et de putréfaction. Eleanor frémit. Quelque chose en elle lui criait de ne pas y aller.

— J'ai un mauvais pressentiment, murmura Clementine en se pinçant le nez, dans un écho des pensées d'Eleanor.

— Je t'avoue que je ne suis pas convaincue, là...

— Tant mieux parce que c'est réciproque.

Clementine eut un sourire et entra dans le couloir. Elle jeta un coup d'œil vers Eleanor qui était restée sur place.

— Tu viens ?

— Pourquoi tu y arrives ? Comment tu fais pour tenir malgré tous les obstacles ? C'est quoi ton secret ? Ta force ? Ton courage ?

La voix de la Chasseuse n'était plus qu'un faible filet.

— Non, je suis juste plus docile que toi, murmura Clementine.

Eleanor eut un triste sourire. Dans le couloir, l'ambiance se faisait de plus en plus pesante et l'air devenait lourd et presque irrespirable. Au fond se trouvait une porte unique en cuivre vieilli. Eleanor se stoppa net. L'odeur nauséabonde venait d'ici.

— Quand faut y aller...

Clementine poussa la porte en se pinçant le nez. Ni rien, ni personne ne les avaient préparées au spectacle macabre qui s'ouvrit à leurs yeux. Eleanor resta sur place, tétanisée.

— Oh mon dieu... C'est quoi ça... ?

Devant elles, plusieurs dizaines de corps étaient pendus, en proie à la putréfaction. Des hommes, des femmes, des enfants, dont les bras et les épaules étaient marqués de profondes blessures. Leurs yeux révulsés exprimaient une peur sans nom, figés à tout jamais dans cette expression d'effroi qui avait envahi leur cœur en voyant le couperet de la mort s'abattre sur eux.

Eleanor n'y réfléchit pas à deux fois. Elle tourna les talons et partit en courant, la gorge brisée à force de hurler. Clementine réussit à ce moment à sortir de sa torpeur et partit à la suite de la Chasseuse.

— Eleanor !

Elle était recroquevillée dans un coin de la cathédrale, tremblante. Quand elle sentit la main de Clementine sur son épaule, elle frémit.

— Ça va aller. Ça va aller...

Mais Eleanor n'arrivait pas à se défaire de cette vision qui s'était gravée au fer rouge dans son esprit. Quand elle fermait les yeux, elle voyait les cadavres pendre devant elle.

— Vous ne pouvez pas entrer ici, madame ! Cet endroit est interdit au public !

— Ça tombe bien, officier, je ne suis pas le public.

Eleanor releva doucement la tête en entendant la voix de Juliet. La colonel était aux coudes avec un officier de police qui semblait bien embarassé.

— Vous devez avoir une autorisation pour entrer, insista-t-il.

— Oh je vous prie. Je n'ai pas besoin de telles foutaises administratives. Je suis la colonel Juliet Hammer, de l'escoudade de la Vague Écarlate des Forces Spéciales. Je vous ordonne de me laisser passer, officier.

Il resta un instant devant la porte, mais finit par s'en écarter.

— Merci bien.

Juliet courut vers Eleanor et Clementine.

— Que s'est-il donc passé... ?

Seul le silence lui répondit. Elle soupira et posa une main sur l'épaule d'Eleanor.

— Vous me semblez bien... choquées. Rentrez au zeppelin. La sergent Wilkincraft vous accompagnera.

— Vous ferez mieux d'aller voir par vous-même ce qu'il y a là-dessous, colonel...

— J'y comptais bien. Rentrez. Vous serez mieux au chaud.

Engrenages Sanglants I : Soldats De CuivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant