Chapitre 27

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— Etherhelm en vue.

— Bien reçu. Préparez l'atterrissage.

— À vos ordres ma colonel.

Juliet posa son regard sur Clementine et Eleanor qui étaient assises l'une à côté de l'autre près d'une des fenêtres.

— J'espère que vous êtes prêtes.

— Je suppose qu'on a pas trop le choix...

— Malheureusement oui.

Elle s'assit près d'elles. Elle sembla chercher ses mots pendant quelques secondes.

— Je sais que c'est compliqué pour vous, après ce que vous avez vu.

Elle hésita pendant quelques secondes avant de reprendre.

— J'ai conscience que ce n'est pas ennemis dont vous avez l'habitude de combattre. Maintenant, vous l'avez vu. Notre ennemi, c'est aussi et surtout le gouvernement. Je comprends que vous ayez peur. Je comprends vos réticences. Néanmoins, le combat n'est pas fini. Aujourd'hui, et ce jusqu'à la fin, c'est le véritable combat qui vient de débuter. J'ose espérer que vous trouverez dans vote cœur le courage et la force de continuer.
Juliet se leva et fixa un point lointain à travers la fenêtre. Ses yeux se perdirent dans le vague et elle inspira profondément pour se détendre.

— Nous arrivons bientôt. Vous serez avec la sergent Wilkincraft.

Clementine hocha la tête, plus par automatisme que par véritable acquiescement. Juliet eut un triste sourire et, sous le regard presque trop attentif d'Eleanor, alla se placer derrière les pilotes pour leur murmurer quelques mots. Ces derniers hochèrent la tête et entamèrent l'atterrissage.
Ce n'est seulement quand le zeppelin se posa que Juliet se tourna à nouveau vers Eleanor et Clementine.

— Bon courage à toutes les deux. Sergent Wilkincraft, je vous laisse partir avec elles. Vous savez où aller.

Amelia sourit et pressa l'épaule de Madeline avant de s'approcher de Juliet.

— J'espère que vous êtes prêtes.

— Je suppose que c'est une question rhétorique.

— Malheureusement, oui...

Amelia poussa un petit soupir.

— Allons-y. Plus vite ce sera fini, mieux ce sera.

— Sergent Wilkincraft. Soyez prudente.

— Je ferai de mon mieux, colonel.

Amelia fit le salut de la Vague Écarlate, et sortit du zeppelin, sous le soleil brûlant, suivie par Eleanor et Clementine. Elle jeta un rapide coup d'œil dans son dos.

— Dépêchons. Je sens qu'une tempête arrive.

— Comme si ce n'était pas assez...

Amelia ne sembla pas apprécier le commentaire, mais elle eut la décence de ne rien dire et de continuer à avancer sous le soleil de plomb.

Quand elles arrivèrent enfin à la ville, l'ambiance était bien différente que celle pesante qu'elles s'étaient infligées lors du trajet. Eleanor leva les yeux vers les hauteurs, le regard empli de nostalgie alors qu'elle fixait les fanions bariolés qui flottaient dans le vent. Les voix fortes des marchands et des passants résonnaient entre les bâtiments. Elle ferma les yeux et inspira profondément, s'imprégnant des odeurs environnantes. Épices, fruits et légumes frais, parfum floraux se mélangeaient entre eux, créant ce caractéristique fumet qu'Eleanor aimait tant. Une musique accompagnée d'un chant nasillard commença à se faire entendre au bout de la rue. Dans tous les regard, elle pouvait lire la joie et la bonne humeur. Les doux accents de la chanson se mélangeaient aux rires joyeux des enfants qui courraient entre les passants et étals pour écouter les récits des cartographes qui venaient d'arriver. Eleanor fixait la scène avec une étrange admiration, comme si le spectacle lui manquait. Elle essuya les larmes qui menaçaient de couler d'un mouvement brusque de la main.

Engrenages Sanglants I : Soldats De CuivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant