Assise sur le rebord de son lit, Juliet faisait tourner son collier autour de ses doigts. Le saphir accrochait la moindre petite lumière de la pièce, donnant naissance à des reflets irréels sur le visage de Juliet. Le pendentif lui rappelait une promesse, une amitié perdue. Elle avait l'impression que c'était la seule chose qui lui permettait de tenir, parfois. Cette promesse. Elle était incapable de l'oublier, ni elle, ni le poids de la culpabilité qui pesait sur ses épaules.
— Ce n'a jamais été de ta faute, Juliet.
— Je sais, mais...
— Ce n'est pas à toi de porter ce fardeau.
Scarlett s'assit au côté de son amie et posa son bras autour de ses épaules.
— J'ai une promesse à honorer, murmura Juliet. Je ne peux pas l'abandonner.
Scarlett la regarda avec une lueur indéfinissable dans ses yeux.
— Moi aussi, Juliet. Moi aussi...
Un éclair de souffrance traversa son expression, qu'elle effaça aussitôt pour ne laisser apparaître qu'un sourire rassurant.
— Il me semble que tu dois bientôt partir pour ta mission. Bon courage Juliet. Nous sommes derrière toi.
Elle fit le salut de la Vague Écarlate et quitta la pièce. Juliet soupira, fixant toujours le pendentif qu'elle tenait entre ses doigts tremblants.
— J'ai fait une promesse.
Elle se leva, une lueur déterminée dans ses yeux.
— Colonel Hammer ? Le zeppelin est prêt à partir. Les hommes n'attendent que vous.
— Parfait.
Le soldat lui adressa un léger sourire et repartit d'où il venait. Juliet soupira et se leva en remettant son pendentif. Elle enleva sa veste rouge de la patère et sortit de ses quartiers en l'enfilant.
Quand elle arriva devant le dirigeable, la scène pour le moins exotique qui se déroulait devant lui arracha un sourire. Depuis son arrivée, Eleanor n'avait cessé de chercher des noises à Madeline, qui naïve comme elle poyvait l'être, n'hésitait pas à entrer dans son jeu. Clemetine quant à elle, observait les deux femmes avec un regard amusé.
— Un peu ds'action ne fait pas de mal, on dirait...
— En effet, sergent.
— Madeline en a besoin, murmura Amelia. Elle est jeune. Trop jeune pour tout cela.
— Vous avez rejoint les rangs de l'armée à seize ans, si je ne m'abuse. Vous avez connu la guerre, contrairement à la caporale.
— Je sais. Mais pour Madeline, c'est différent. Elle est plus...
— Fragile.
— Oui, acquiesca Amelia, un éclair de souffrance dans ses yeux. C'est exactement ça.
⁂
Assise sur l'un des sièges bordant l'habitacle, Eleanor était plus fébrile qu'à l'accoutumée. Clementine lui lança un regard en coin.
— Détends-toi. Ça va aller.
— Je suis pas ici par plaisir, Clementine, grimaça la Chasseuse. Je ne vois pas pourquoi ça irait.
— Mais tu es là.
— Bien obligée...
La mécanicienne soupira.
— Tu ferais mieux de t'y faire, Eleanor. Tu es bien plus vertueuse que tu ne le penses. Si ta fierté était de ne pas l'être, dommage. Tu l'es.
— Merci pour le soutien, Clem, je suis tellement touchée.
— Mais enfin Elea, c'est ce que font des amies.
Clementine allait ajouter quelque chose, mais l'appel de Juliet coupa court à leur discussion. Toute leur attention était à présent focalisée sur la colonel, debout juste devant les pilotes. Ce n'est qu'à ce moment qu'Eleanor prit en compte du nombre réduit qu'ils étaient. Juliet, Amelia, Madeline, un homme qu'elle ne connaissait pas, Clementine et elle.
La colonel parut hésitante pendant quelques seondes, le poing fermé sur sa poitrine, semblant s'accrocher à ses vêtements. Cependant, quand elle commença à prendre la parole, le doute fondit comme neige au soleil.
— Je ne suis pas ici pour vous dire que vous allez tous survivre. Vous et moi le savez très bien. La bataille, la guerre que nous sommes sur le point de vivre sera rude, peut-être même plus difficile que toutes celles que vous avez affrontées. Je vais vous le dire en toute honnêteté. Ce n'est pas une promenade de santé. Ce n'est pas une mission à prendre à la légère, bien au contraire. C'est la vie de dizaines de milliers de citoyens qui se joue ici. C'est pour cela que je vous le demande. Je vous l'ordonne. Battez-vous. Battez-vous jusqu'à votre dernier souffle. Je ne vous garantit pas que vous irez au Valhalla, cependant je peux vous assurer que quel que soit votre sacrifice, il ne sera jamais vain. Nous sommes la première étincelle d'un immense brasier. Quand que nous nous battrons, cette flamme ne s'éteindra pas. Nous sommes peut-être la Vague Écarlate, mais le feu qui nous anime est bien plus puissant que n'importe quelle tempête. Unis nous gagnons, seuls nous chutons.
Le slogan de l'escouade fut reprit avec force par les soldats présents. Eleanor, quant à elle, fixait Juliet avec une admiration nouvelle.
Peut-être que les suivre était finalement une bonne idée.
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Engrenages Sanglants I : Soldats De Cuivre
Fiksi IlmiahChalkos, 1964. Depuis de nombreux siècles maintenant, les villes sillonnent les terres, montées sur leurs roues ou leurs ailes. L'ancien si puissant Royaume-Uni n'est plus que quatre contrées où proies et prédateurs se poursuivent. Devenue une dicta...