chapitre un

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Une caméra en main. Un micro dans l'autre.
L'air sereine pourtant je me sens fondre de l'intérieur.
Mes nouveaux collègues de travail se tiennent près de moi. Tous habitués à ce mode de vie. À ce stress.

Le micro que je tiens en main me ramène à la réalité. Celle d'avoir réussi à me faire un nom dans le seul milieu que j'aime.
La formula 1.
Aujourd'hui je débute dans le journalisme. Le vrai journalisme.
J'ai commencé par parler de ma passion sur mes réseaux sociaux et doucement je me suis crée une audience.
Cette audience m'a aidé à signer un contract sérieux.
Avec un des plus grands médias de ce sport.

Le soleil a chauffé l'entièreté de ce circuit.
Je me sens instable. Stressée condamnée à attendre.
Pour ce premier jour, je me retrouve derrière la caméra.

- Ils vont arriver. Ne lis pas trop tes questions..Essaie d'avoir l'air d'improviser.
J'approuve ses propos d'une mouvement de tête.

Deux pilotes arrivent telle une vague de stress.
L'un d'eux se dirige vers le groupe de journaliste anglais.
Finalement Esteban Ocon s'approche de nous, un sourire aux lèvres.
- Bonjour.
- Bonjour. Esteban vous finissez huitième à cette qualification comment envisagez vous la course de demain?
Mes mains sont moites. Je me sens dégouliner de stress. De pression beaucoup trop grande.
- Très bien..P8 fait un peu de bien à l'équipe. On va essayer de pousser et de viser un peu plus haut.
Ce pilote connu pour son sourire m'aide à légèrement relâcher mes nerfs.
Le fait de parler en français à ses côtés joue aussi.
- On vous le souhaite en tout cas! Beaucoup pensent qu'il s'agit de votre meilleure performance en ce début de saison. Vous êtes d'accord?
L'homme réfléchit un instant puis repose ses yeux sur les miens.
- Oui complètement. On a eu beaucoup de mal avec la voiture ces dernières semaines..Mais je sens un changement.
Un silence.
- D'accord merci Esteban. Bonne chance pour demain.
Il quitte enfin mes yeux pour me remercier à son tour.

Lorsqu'il quitte nos micros. Je peux enfin respirer.
Je suis soulagée d'avoir pu commencer avec lui.
Il ne m'était pas vraiment inconnu. Esteban est tombé sur mon contenu et m'a félicité.
Seulement tout ça reste encore tout nouveau pour moi.

Les interviews comme celle-ci. Celles qui attrapent les pilotes dans leurs moments de joie. De colère. De déception ou même de tristesse. Elles sont compliquées malgré tout.
Il faut trouver les mots justes et ne pas être trop exigeante.

- C'était très bien. Tu en fais encore une pour aujourd'hui.
- D'accord.

Cette fois c'est Charles Leclerc qui fait son entrée et fonce presque vers nous.
- Bonjour Charles.
- Bonjour.
Le monégasque mâche un chewing-gum.
Ses yeux se posent sur moi et sur ma personne toute entière.
- Vous commencez deuxième demain. Sur ce célèbre circuit qui vous a quelques années avant gagné. Comment vous envisagez la course? Êtes-vous confiant pour demain?
Alors qu'il est en face de moi et qu'il semble me répondre quelque chose. Je ne peux pas m'empêcher de le regarder.
Jamais je ne l'avais vu d'aussi près.
Jamais je n'avais remarqué la couleur de ses yeux.
Je réalise qu'il ne parle plus que lorsqu'il me quitte des yeux. Comme pour chercher de l'aide pour me réveiller.
Je n'ai pas écouté un seul mot qu'il a prononcé.
- On vous souhaite que ça!
Je me répète honteusement.
- Hier vous vous plaignez des freins. Est-ce qu'on peut dire que tout ça est réglé?
Tout à coup il se met à sourire. Sans cesser de me regarder.
Un instant la pensée que c'est de moi qu'il sourit me traverse.
Peut-être qu'il a vu à quel point je n'étais pas professionnelle.
À quel point j'étais perdue.
- Complètement. Je n'ai pas eu autant de mal qu'hier. J'ai eu un très bon ressenti avec la voiture.
D'un mouvement de tête j'acquiesce à ses propos.
L'homme a l'air satisfait de sa qualification. Son soulagement se lit sur son visage encore légèrement transpirant.
- C'est positif pour la course de demain! On rêve de la victoire.
Il pouffe de rire.
- Merci. J'en rêve aussi..
Malgré la joie qui devrait accompagner ses mots. N'importe qui aurait pu voir de la déception. Du pessimisme.
- Merci d'avoir pris du temps pour nous. Bonne chance pour demain.
Il se redresse un peu.
- Merci à toi.
Un clin d'œil pour clôturer ses mots.

Une fois qu'il se met à répondre aux questions des autres médias présents. Je me retourne vers mon collègue. L'homme derrière la caméra.
La bouche grande ouverte tant son clin d'œil était inattendu.
- Qu'est-ce qu'il vient de se passer?
Il me sourit. L'air de rien.
- Il t'a bien aimé. C'est rare qu'il tutoie.
La blonde à mes côtés. Elle ne sourit pas. Elle se contente de hausser les épaules. Ne voulant rien dire.
- J'étais complètement perdue..
- Bonjour.
Une voix me sort de ma petite joie et c'est ma collègue qui se charge de faire l'interview.

Alors qu'il fait nuit et que l'air commence à se refroidir. Mon collègue et moi décidons qu'il est enfin temps de rentrer et de retrouver nos chambres d'hôtel.
Un taxi nous y conduit.

Je dois avouer que j'apprécie l'homme à mes côtés. Rien qu'au premier coup d'œil j'ai su qu'il s'agissait d'un homme qui aimait rire et qui aimait parler.
Il est légèrement plus âgé que moi. Il a l'âge d'avoir un début de vie de famille.
- On sort ce soir?
Je le regarde. L'air d'essayer de comprendre son sérieux.
Puis je finis par sourire.
- Sérieux? Tu connais les alentours?
- Tu plaisantes? Je connais la ville toute entière. Ça fait plus de trois ans que je viens ici. Je sais exactement où les champions du monde vont passer leurs soirées.
Je pouffe de rire.
- Je te fais confiance.

Sans aucune surprise. Je finis très vite en une tenue de soirée. Qui reste malgré tout à mon goût.
Un simple chemisier avec un jean et une bonne demie-heure de maquillage.
Mon collègue me fait découvrir un restaurant où l'ont fait que des bonnes choses. Qui appartiennent aux pays et à la culture.
Je passe une merveilleuse soirée puis une excellente nuit.

Ce Grand Prix arrive à sa fin et bientôt je changerai de programme. Pour ce week-end j'ai été amenée à interviewer.
L'équipe a d'autres projets. Je vais réaliser des interviews en tête à tête avec certains pilotes choisis par les patrons. Ou bien je vais devoir me promener dans le paddock et être prête à passer à l'entente.

Pour l'instant nous avons quittés nos caméras. Le temps de la course. Cela me laisse le temps de reprendre mon souffle avant d'être à nouveau envahie par le stress.
Je dois avouer qu'assister à une course reste malgré tout très impressionnant.
Le bruit des voitures vient presque vous faire mal aux oreilles.
Surtout la vitesse à laquelle ils passent. On ne réalise pas le temps réel.
C'est presque éphémère dans le temps. Il suffit de cligner des yeux pour ne pas le voir.

La course. Le podium. Les câlins. Les douches aux champagnes. Tout ça s'est fini.
Il fait nuit et humide.
Pourtant nous sommes toujours là. Équipé de lumière.
- On fait comme hier. Tu en fait deux et je fais le reste.
Je vois dans son regard et je l'entends dans sa voix qu'il ne s'agit pas d'une question. Qu'elle aimerait que ça se passe ainsi.
Alors rapidement elle s'occupe du fameux pilote australien. Connu pour son humour.
Je reste en retrait. On pourrait même penser que je ne suis pas journaliste.
Mes bras touchent presque ceux de mon collègue derrière la caméra.
- À toi!
J'ai peu de temps pour me réveiller qu'un nouveau pilote arrive.
Il me regarde l'air de ne pas comprendre. Moi non plus à vrai dire.

- Bonjour Lando..On imagine votre déception à l'issue de cette course. P3 à P10 comment expliquez-vous ça?
L'homme en face de moi. Dont les yeux sont posés sur moi transpirent la déception. Presque de la tristesse. Timide et honteuse de se montrer. Pourtant je peux le voir au fond de son regard.
- Je sais pas..Ça ne s'explique pas. On est dans les points au moins..Voilà.
Je le sens qu'il n'a pas envie de parler ou qu'il ne sait lui-même pas quoi nous dire.
Alors je ne sais pas non plus. Au fond de moi j'aimerais m'arrêter et le laisser respirer mais je serais jugé pas professionnelle.
- Exactement, bravo à toi pour les points. Est-ce que l'équipe arrive à se projeter dans les prochaines course? Y aura-t-il de nouvelles modifications sur la voiture?
Ses yeux me semblent grands ouverts tant leur couleur est claire.
Une mèche de cheveux lui tombe sur le front encore humide.
Il me répond quelque chose qui sonne faux.
- D'accord! Merci beaucoup Lando.
Il me sourit et nous quitte.
Presque automatiquement je me replace près du cameraman et reste silencieuse.

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