chapitre six

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Le ciel est complètement noir lorsque j'arrive à mon hôtel.
L'humidité et la chaleur me pousse à aller à la douche et rester en pyjama.
Ma soirée je la finis dans mon lit, à dormir.
Mes affaires encore sur le lit, posées dans la fatigue. Je m'endors avec.

C'est avec une énorme fatigue que je fermes les yeux et passe une nuit réparatrice.
Mes jambes et mes bras semblent peser le double. Ma tête ne cesse de me faire mal.
Pourtant rien ne pouvait m'arrêter. Ni même des appels sur mon téléphone de m'endormir sans me réveiller une fois cette nuit.

Seul mon réveil réussit.
Une boule au ventre épuisante se crée lorsqu'il est temps de déjeuner.
Je le fais seul. Je choisis de me réveiller plus tôt, donc de descendre plus tôt pour ne croiser que des inconnus et pas mes collègues accompagnés de leurs sourires.
Dans ces moments là, je rêverais que ma meilleure amie soit à mes côtés. À essayer de remonter le moral avec son caractère bien différent du mien.
Elle est du genre à ne pas s'attarder sur les autres, sur les gens qui l'entourent.
Leurs regards. Leurs messes basses. Elle ne le voient pas. Elle ne les imagine même pas.
Je lui en veux presque aujourd'hui qu'elle ne soit pas là.

- À toute à l'heure! On est prêts pour la course.
Le duo de commentateurs et mon binôme se séparent.
Chacun part dans leurs directions.
Aujourd'hui il s'agit de la course. Enfin.
Tout autour du circuit est rempli. Les routes. Les rues.
Une ambiance commence à se créer. La fête et la joie commencent à se faire entendre.
Nous traversons le paddock et ils nous faut beaucoup d'attention pour y arriver. Il faut se faufiler entre les gens.
Chargés de nos micros et de notre caméra.
Aucun de nous ne se parlent vraiment. Je prends la parole seulement pour les tests micro, les tests caméra. Sinon l'ambiance me donne envie de fuir vers les spectateurs, qui eux ont l'air heureux et joyeux d'être ici.

- Tu m'entends?
Il se contente de me faire signe positif.
- Moi aussi?
L'homme à mes côtés fait de même.
- S'il vous plaît?
Quelque chose vient me toucher le bras. Une main qui se veut presque timide.
Seulement le visage que j'aperçois n'a rien de timide.
- Oui?
Mon visage lui sourit. Mon âme non.
- Vous devez officialiser et confirmer la publication de Charles Leclerc.
- Je le ferais.
Ses bras toujours croisés sur sa poitrine. C'est peut-être ainsi qu'elle opère.
Ses bras sur sa poitrine lui crée de la confiance et de la sévérité.
- Il le faut dans les prochaines heures.
Je la regarde puis regarde autour de moi. Mes collègues. Mon micro.
- Je le ferais..Mais pas maintenant. Je travaille.
Ses yeux se lèvent témoignant le peu de patience qu'elle a.
Puis sans un second regard, je lui tourne le dos pour faire mine de discuter avec les deux hommes qui me servent de collègues.

- C'est devant la monoplace du leader de cette course qu'on se retrouve! Max Verstapeen partira donc premier de ce Grand Prix. Le pilote se tient juste derrière nous et..visiblement il fait ses lacets.
Mes collègues pouffent de rire à cette image.
- C'est bien ça! Faut bien les attacher. Venez voir de plus près cette monoplace qui mène ce week-end.
Il se lance dans une explication de l'aileron avant et arrière puis je reprends le direct.
Toutes les monoplaces sont sur la grille de départ. Parsemée de mécaniciens, de journalistes et des plusieurs d'autres rôle de ce milieu.
- Merci pour toutes ces explications! C'est à zéro quatre secondes que se trouve l'homme élu sept fois champions du monde. Lewis Hamilton se tient tout près du leader, ce qui présage un départ plutôt important.
Micro en main qui sont presque moites.
- Oui et ça faisait longtemps qu'on avait pas eu une bataille entre les deux. Lewis l'a lui-même confié la voiture semble être à la hauteur.
On passe quelques minutes à discuter et informer les téléspectateurs fan de Mercedes.
Alors que je parle sans réellement m'arrêter. La situation me frappe.
Elle frappe dans la petite fille que j'étais.
Je me tiens là, à quelques mètres de la monoplace du numéro quarante-quatre.
Qui lui-même est tout près.
À cette réalisation je me sens sourire malgré moi.
Pour mes collègues je ne fais qu'être professionnelle. Pour moi je réalise la chance que j'ai.

- On est bon là?
Un signe positif et nous sommes repartis.
- Exactement. Ferrari et ses pilotes sont sur une bonne lancée, en se qualifiant cinquième et huitième. Ça reste malgré tout des performances qu'ils peuvent aller améliorer. En parlant d'améliorer, la monoplace de Charles Leclerc l'a été! Alors qu'est-ce qu'ils ont changé concrètement?
Sa réponse ne se fait pas attendre. 
- D'ailleurs il se tient derrière. Son casque sur la tête.
Je me mets à la regarder à mon tour.
En effet on ne voit plus que ses yeux.
Ses yeux qui n'ont plus jamais croisé les miens depuis cette nuit là. Dans sa voiture, ses lèvres sur ma joue.
Peut-être qu'il s'agissait simplement de l'hasard.
Qu'il n'a jamais eu l'occasion de me regarder de nouveau et de me parler comme il le faisait.
Ou bien il m'avait regardé et avait décidé de ne jamais croiser mon regard.

La deuxième hypothèse se confirme lorsque j'essaie d'exercer mon travail. Le voyant répondre à un autre média avant le tour de formation. Je m'approche de lui.
Je prononce quelques mots avant qu'il vienne me faire perdre tous mes moyens.
Il se retourne vers moi pour simplement refuser d'un signe de main.
Il vient de me remballer en direct.
- Très bien et bien tu auras essayé Maëlle!
J'essaie de pouffer de rire comme je peux.
- Exactement. Notez mon investissement dans ce direct.
C'est ensuite que le tour de formation débute quelques minutes plus tard.

Alors c'est notre moment pour respirer. Enfin.
On regarde la course de loin. On vit toutes les émotions avec les spectateurs.
Chaque dépassement, chaque arrêt semble être un instant dans le vide.

Mon vide. C'est lorsque la course est finie.
Que la pluie de champagne s'est arrêtée.
Que les trophées sont exposés.
C'est lorsque je cours aux toilettes avant d'être de nouveau face à une caméra.

C'est aussi à cet instant que je choisis d'allumer mon téléphone.
Le visage de cette femme. Le refus de Charles Leclerc.
Tout ça me pousse à découvrir sa version.
Ma version.

Seulement deux mots me témoignent qu'il ne s'agit pas de ma version. Ni de la sienne.

«Je prends la parole pour cesser toutes les rumeurs qui ont pu être entendues ces derniers jours. Pour le respect des personnes impliquées je me dois de répondre.
Je suis célibataire et je comptes le rester. Tout ça n'était qu'une erreur.»
Je ne lis plus.
Je n'en ai plus envie.

Abasourdie par la déception. Je me retrouve à planer hors de la réalité.
Il me faut quelques minutes pour réaliser qu'il est temps de sortir de ces toilettes.
Il me faut encore plus de temps pour réaliser que mes yeux se remplissent malgré moi.
Je n'ai qu'une seule envie. C'est de partir d'ici.

C'est avec de la honte. De la tristesse et l'immense envie de disparaître qui semble déborder mon corps tout entier.
Tant que je me souviens de rien. Pas d'une seule second du reste de ma journée de travail.
Je me souviens simplement me sentir idiote. Je m'en veux même d'avoir accepté de boire ce simple verre à ses côtés.
Lui et son pouvoir me font passer pour une femme qui cherchait simplement à profiter des hommes qu'ils sont.

Tout mon travail.
De femme seule.
Sûrement le double de mes collègues.
Tout ça est oublié.
À cause de lui et son pouvoir.
D'homme.
De pilote convoité.
Je lui en veux.

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