Alors que nous étions à quelques mètres de mon hôtel, dans sa voiture. Il s'arrêta pour me regarder.
Simplement me regarder, il n'était pas saoul. Alors il me regardait vraiment.
Pas du genre il s'est perdu dans ses pensées et j'étais le paysage parfait pour s'y perdre.Il était tard et pourtant son visage après la course était toujours là, dans ma tête lorsque je fermais les yeux.
Plus j'y pensais plus je me souviens de la première fois que je l'ai vu.
De la première fois que je l'ai interviewé.
Il me semblait tellement triste que j'avais eu envie d'arrêter et de le laisser tranquille.
Seulement je le voyais aussi, souriant quelques heures plus tard. L'air de rien, en boîte de nuit.
C'était sûrement sa façon à lui de surmonter les difficultés.
Se voler la face.
Sourire un peu trop fort.
Faire l'insensible.
Se pousser à faire rire les autres.
Comme pour venger sa peine.
Tout me paraissait si clair tout d'un coup.
Je veux l'aider comme il m'a aidé à sourire.- Lando?
Ses sourcils se lèvent légèrement.
- Est-ce que ça va?
- Oui ça va.
Nos yeux se parlent et ce n'est pas ce qu'ils me disent.
Alors je reste silencieuse ne sachant comment l'aider.
- Vraiment. Je t'ai vu sourire au moins dix fois aujourd'hui alors oui ça va.
- Pourquoi tu fais toujours ça?
Un silence.
- Faire rire les autres alors que tu ne vas pas bien.
Il baisse les yeux.
J'ai envie de pleurer.
- Tu vis pas mal de choses en ce moment et tu fais
comme si tout allait bien. Je comprends pas..
- Tu veux que je te dises quoi? Que je me sens comme une merde pas à la hauteur.
Je sens les battements de mon cœur s'accélérer.
Je n'aurais pas dû.
- Je suis tellement angoissé parce que je peux rien n'y faire. On est obligé de subir, on est pas à la hauteur et il y a des millions de personnes qui aimerait me voir gagner.
J'avais raison.
Il venge sa peine depuis tout ce temps.
- Tu as le droit tu te sentir mal..C'est tout ce que je voulais dire. J'essaie de t'aider comme je peux.
Il me retrouvait et je pose ma main sur la sienne, discrètement.
- Désolé. Je préfère juste penser à autre chose, encore plus quand je suis avec toi.
Il attrapa ma main et enlaça nos doigts.
Je ne pouvais pas m'empêcher de penser aux battements de mon cœur, aux frissons que je ressentais et aux pensées qui traversaient mon esprit.
- Je te fais penser à autre chose?
Yeux dans les yeux.
Main dans la main.
Je rêvais de sa bouche contre la mienne.
Son corps contre le mien.
- Ouais.
Il ne répondait qu'un seul mot alors qu'il en existait des millers.
- Je suis contente de pouvoir t'aider. Tu peux aussi être sincère, tu n'es pas obligé de constamment me faire sourire.
Il hocha la tête comme pour me dire qu'il m'entend et j'espère qu'il m'écoutera.
Ses fins doigts s'entremêlent aux miens.
C'était addictif la tension qu'on créaient à chaque fois.
- J'ai envie de penser à autre chose là.
Son regard se pose sur mes lèvres.
C'est en moins d'une seconde que je me penche vers lui, vers ses lèvres pour enfin l'embrasser.
Dans un premier temps mon baiser était timide et rapide à l'allure d'une jeune collégienne.
Puis son goût me plût alors je l'embrassa de nouveau avec le remords de ne pas l'avoir fait plus tôt, avec toute l'affection que je lui portais et avec la compassion qui noyait mon cœur.
Nos mains finissent rapidement par se quitter pour trouver nos corps.
Son immense main se posa sur ma joue et la mienne se balada dans ses cheveux que j'aimais tant.C'est lui qui finit par se retirer un instant, nous laissant réaliser qu'on manquaient déjà de souffle.
Pourtant à bout de souffle il souriait jusqu'aux oreilles.
- Je vais penser qu'à ça! Tous les jours de ma vie.
Je pouffe de rire.
J'allais aussi penser qu'à ça. Pendant des mois puis sûrement des années.
- J'ai réussi?
- Quoi?
- À te faire penser à autre chose?
C'était à son tour de pouffer de rire.
- On parlait de quoi déjà?
- Je vois..
Je passe ma main dans ses cheveux, réparant mes erreurs. Le décoiffer.
Je sentais son regard sur moi et tous mes défauts.
Il me faisait sourire même lorsque je ne le voyais pas.
- Tu es vraiment belle.
Ses cheveux étaient mon échappatoire à ses yeux.
- Tu peux pas me complimenter comme ça.
- Pourquoi?
Parce que ça me fait sentir bien, désirée et presque aimée.
Parce que je vais y croire à son jeu.
Je ne vais que penser à lui, ressasser nos moments aussi peu qu'ils sont. Ils vont me hanter et autant de temps qu'ils voudront.
Parce qu'il est un homme.
Parce qu'un homme c'est intelligent, ils n'ont rien de différents. Ils se ressemblent tous dans leurs vices et dans leurs failles.
Peut-être que j'avais peur pour moi. Sûrement pas de lui mais pour moi.
Parce qu'une femme s'attache à l'espoir que l'univers lui donne. Je suis une femme.
Je ne pouvais pas lui dire qu'il était qu'un simple homme et que j'étais une femme.
Alors je me contente de prendre tout ça à la légère.
- On se reverra peut-être dans des mois alors arrête de me complimenter.
- Je suis pilote, j'ai accès à pleins de pass.
- Ahah..C'est pas ça Lando. Je dois travailler, trouver de nouveaux médias. Je suis censée être journaliste après tout.
Il finit par s'abattre vaincu après quelques tentatives mais je devais rentrer chez moi.
Je me devais de réaliser mon rêve à nouveau et m'y tenir cette fois.
- À bientôt j'espère.
Il me serre rapidement dans ses bras pour me saluer.
- Fais chier je vais penser qu'à ça.
Sur ces mots sa voiture démarra de nouveau, le bruit assourdissant du moteur et il disparaît.
Seule sur ce trottoir, je l'avais regardé partir. L'air dramatique.
Laissant sûrement l'amour partir comme dans les films romantiques.
Sur le chemin du retour, je ne pensais à lui et à sa prestance. Il était à la fois intimidant et réconfortant.
Ses bras criaient au câlin, ses muscles eux criaient toute autre chose.
Dans son sourire l'innocence se baignait accompagnée parfois de pouvoir.J'avais l'impression de me battre contre moi-même. Quelque part en moi se menait une guerre civile.
Je me sentais déchirée, perdue.
Parfois je désirais tellement vivre quelque chose avec lui. Peut-être quelque chose de rapide, quelques mois de bonheur ou pire quelques jours. Une partie de moi était prête à accepter ça. Puisse qu'il m'appréciait vraiment. Que pouvait-il faire du mal?De l'autre côté, on s'armaient. Remplis de munitions, ils attendaient le faux pas. L'erreur. La confusion et finalement la solitude.
Il pouvait faire tellement de choses mal. Comme me traiter d'erreur une fois qu'il a obtenu ce qu'il attendait.
Ce serait un pays détruit tout entier.
Impossible à sauver de nouveau.

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Trust me
Fanfic"Ces derniers jours ont été à usage unique. Peut-être que je l'étais aussi. Moi. À usage unique. Pour lui." Lorsqu'une journaliste rencontre le monde des pilotes et les failles qu'ils représentent. Entre joies et tristesses finira-t-elle par re...