chapitre dix-neuf

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Une réunion de journalistes se crée en ce dimanche de course. Nous venons tous de différents endroits, nous avons tous de différentes histoires.
Ça me plaisait de rencontrer de nouvelles personnes, aussi différentes l'une de l'autre.

Il est encore tôt, les pilotes font petit à petit leurs entrées sous les cris des fans.
Le ciel est parsemé de nuages qui viennent rafraîchir le temps. Je portais le pull de Lando dans les mains.
Espérant pouvoir le lui rendre dans la journée.

Finalement c'est l'homme qui m'a ouvert la porte hier soir, que je croise en premier.
Le meilleur ami de Lando me reconnaît et me sourit.
- Salut.
- Ça va?
Je réponds rapidement que oui. Il me pose des questions concernant mon travail et je souris à l'idée qu'il s'intéresse.
- Je peux te passer ça..C'est à Lando.
Je lui tends le pull qui sentait encore le pilote.
- J'ai pas eu le temps de le voir.
- Ouais pas de soucis.
Il accepte et je file vite rejoindre mes collègues et nos caméras.

Le circuit entier est presque silencieux alors que les feux s'allument et que le départ est lancé.
C'est à l'entente des moteurs que le public revit de nouveau. Des cris de fans anglais se font entendre même dans le paddock.
Comme ce matin on se retrouve entre journalistes pour regarder cette course tant attendue.
Elle est tant attendue car dès le premier virage, nous coupons notre respiration espérant aucune mauvaise nouvelle.
Les voitures se frôlent, se touchent presque et surtout de doublent. En l'espace d'un seul virage le classement est vite chamboulé.
C'est ce qu'on aime dans ce sport. C'est l'adrénaline qu'on veut toujours plus.
Le courage des pilotes et surtout leurs intelligences pour trouver la bonne occasion.
Dans cet ensemble d'événements, l'homme à l'écurie orange se voit perdre sa troisième place.

Il ne réussit pas à la récupérer. Il passe sa course à essayer sans même relâcher.
J'admirais cette qualité chez lui, il ne baissait pas les bras. Dans les plus durs des moments.
Il le faisait et sacrifiait beaucoup.
Son état mental et sûrement énormément de choses encore.
Seulement aujourd'hui, il a réussi à être dans les points une nouvelle fois.
Il était sous les lumières des projecteurs de ce week-end en réalisant des résultats comme ceux-là.
J'étais fière de lui. Pas comme j'étais fière des autres pilotes.
Lorsque je regardais les pilotes comme Sebastian Vettel, j'étais fière et presque émerveillée.
Devant Lando j'étais fière de le connaître comme je le connais.
Je savais que ça le rendait heureux de réussir. Alors j'étais heureuse à mon tour.
J'étais déçue de pas pouvoir le montrer comme j'en ai envie. Ce dont j'avais envie c'était de dire à quel point j'étais fière.
L'envie de le voir, lui. Elle était si grande en moi mais j'avais déjà la tête sous l'eau.
Je ne pouvais pas revenir à la surface.
J'enchaînais des heures de direct sans broncher. Sans être celle que je voulais être. Celle qui a passé sa soirée aux côtés de ce pilote, celle qui portait son pull dans ses mains encore ce matin.

Ma réalité me rattrape vite lorsque je dois filer en interview. Comme hier on se retrouve dans le paddock, sous les nuages toujours présents.
Cette fois nous attendons les pilotes qui ont profité du champagne aujourd'hui.
Je le redoutais tant mais c'est bien Charles Leclerc qui tenait en main un de nos micros et qui attendait qu'on lui pose des questions.
Je ne sais pas pourquoi mais le voir ainsi, aussi réel depuis tout ce temps me surprend.
Pourtant je savais qu'il avait toujours été là, qu'il ne s'agissait que de hasard qu'on ne s'était toujours pas recroiser. Je savais aussi qu'il était resté le même, rien n'avait changé en lui.
Ses yeux étaient toujours les mêmes et ses fossettes l'étaient aussi.
Il me semblait le revoir quelques mois plus tôt.
- Charles! Quelle journée pour ton équipe et toi, ça doit faire du bien d'obtenir de si bons résultats?
Je n'avais toujours pas pris la parole et il ne m'avait toujours pas regardé.
- C'était génial, effectivement ça fait beaucoup de bien à l'équipe. On commence à trouver notre balance et c'est positif pour la suite.
C'est à mon tour. J'inspire et me lance.
- On a eu le droit à un dangereux battle entre ton coéquipier et toi. Est-ce que c'était le choix de l'équipe, aucun message n'a été passé?
De nouveau il s'est mit à me regarder, comme quelques mois plus tôt. Alors que je débutais.
Lorsqu'il me regarde enfin, je crois qu'il réalise qu'il s'agit de moi. Sûrement j'étais passée inaperçue à ses yeux.
J'ai l'impression que son regard s'adoucît légèrement.
Il était bien trop tard pour ça.
- Non, c'était dangereux de notre part c'est certain mais finalement c'est ça ce sport. C'est pour ça qu'on est là et tout s'est bien fini.
J'acquiesce chacun de ses mots avec professionnalisme.
- D'accord merci beaucoup Charles.
Très vite il disparaît à d'autres activités pendant que moi je reste là. Durant de longues heures.

C'est seulement lorsqu'il fait nuit que nous quittons le paddock.
Miley se tient à mes côtés, sur son visage je pouvais lire de la fatigue. Elle qui me paraissait si parfaite.
- Alors qu'est-ce que tu en penses de ton premier week-end avec nous?
Mon visage se retourne immédiatement vers elle. C'était évidemment que j'avais appréciais ce temps passé avec eux.
- C'était génial. Vous êtes la meilleure équipe avec laquelle j'ai travailé.
Elle passe son bras autour de mes bras pour presque m'enlacer.
- Bienvenue. On va plus se quitter maintenant.
Nous pouffons de rire toute en sortant du paddock, quittant ce circuit pour de bon.
- Je te ramène à ton hôtel?
Évidemment j'accepte, nous traversons le parking.
Je remarque que certains pilotes sont toujours pas partis.
La voiture dans laquelle nous montons est décorée à l'effigie de notre média.
En quittant le parking, j'aperçois Lando et ses quelques amis. Je le regarde en silence espérant qu'il sera près de moi ce soir.

Lors de notre trajet, nous abordons plusieurs sujets. Notre conversation n'a ni de début ni de fin.
On discute de nos vies personnelles, d'où on vient et j'apprends qu'elle est anglaise et qu'elle vit à quelques heures d'ici.
J'essayai d'être la plus vague possible quand il s'agissait de moi. Pas que j'en ai honte mais j'aimais prendre le temps de connaître les gens.
Elle était certainement quelqu'un de gentil et de drôle. Il me fallait encore un peu de temps.
- On se voit la semaine prochaine?
J'acquiesce et regarde sa voiture s'éloigner. Je souris aux réceptionnistes à l'entrée de mon hôtel.
Tout m'était presque familier, l'entrée et les couloirs. Je m'y sentais bien mais je devais le quitter demain.
Je m'effondre sur le lit sans même réfléchir.

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